LA PRESSE AU FUTUR
L’avenir de la presse est-il numérique ?

Face au développement d'Internet et des technologies de l'information et de la communication, la presse traditionnelle tente de s'adapter en incluant le numérique dans sa logique de diffusion. Mais des innovations techniques permettent également de faire évoluer le journal papier pour lui donner plus de souplesse et permettre la personnalisation des contenus.
L’avenir de la presse est-il numérique ?

Paris, XIVe arrondissement. Sur le bord de la Seine, dans un petit espace d'exposition se tient pour la 10e édition un Salon dédié aux innovations dans le monde de la presse. Intitulé
« La presse au futur » , il cherche à rassembler les principales sociétés proposant de nouveaux concepts à une presse qui se cherche encore face à l'expansion de l'information sur les supports
numériques. Dans les allées, des éditeurs, des directeurs d'organes de presse, des responsables techniques et des journalistes découvrent les services et produits proposés par une soixantaine
d'exposants. C'est le lieu idéal pour s'interroger sur ce que peut devenir la presse dans son ensemble dans les années à venir. Quelle place pour la presse papier face à l'explosion de la mobilité
numérique ? Quelle stratégie adopter pour maintenir son équilibre économique, s'adapter au numérique et être lu ?


Le papier n'est pas mort !


Premier constant ! Si le numérique a entraîné de nombreux bouleversements dans le monde de l'imprimerie et des journaux papier, force est de constater que le support du papier séduit encore
de nombreux lecteurs et assure le développement de nombreux organes de presse. En témoignent les Trophées de l'innovation presse décernés le 23 novembre lors du Salon dont plusieurs ont
été décernés à des éditeurs papier tels le trophée de l'entrepreneur presse de la décennie pour Franck Annese. Cet entrepreneur atypique a lancé plusieurs titres papier très variés ces dernières
années au style original qui se résume par trois H : humour, histoire, humain.
Il a créé la maison d'édition So Press qui édite le magazine de foot So Foot (2003) ; un magazine dédié au cyclisme Pédale ! (2010) ; un magazine sur le cinéma So Film (2010) ; le bimensuel Society (2015). Par ailleurs, parmi les exposants de la Presse au futur, une dizaine d'imprimeurs rivalisent d'idées pour maximiser l'attractivité du journal ou magazine imprimé. Ainsi, Digitaprint
propose l'impression numérique ou impression à données variables. Grâce à une imprimante nouvelle génération, la rotative numérique Kodak Prosper 6000C, il est possible d'imprimer dans
un même tirage des exemplaires d'un journal qui peuvent être tous différents les uns des autres. « Avec cette solution, il est possible d'adapter le contenu de son journal à l'intérêt de chaque lecteur,souligne Jean-Pierre Vittu de Kerraoul, président du groupe de presse Sogemedia initiateur de Digitaprint installée à Avesnes-sur-Helpe dans le Nord. L'abonné peut ainsi choisir les rubriques qui l'intéressent pour obtenir un journal conforme à ses centres d'intérêt, le modifier facilement en ligne ou via une application.»


Le multicanal numérique devient la norme


Le succès de certains journaux papier souligne l'attachement de certains lecteurs au papier. Ainsi, suite à une refonte de sa maquette, l'Équipe a vu ses ventes augmenter de 3,5 % sur les neuf premiers mois de l'année 2016. En revanche, les responsables de presse sont unanimes pour dire que la stratégie numérique, sur tous les supports (site internet, applications mobiles, etc.) est
incontournable pour répondre aux nouveaux usages des médias, mieux diffuser ses contenus, toucher de nouveaux lecteurs, créer de la notoriété, consolider l'image de marque ou encore séduire de nouveaux annonceurs.

Au cours d'une conférence donnée sur le thème : y at- il l'émergence d'un nouveau modèle économique grâce au digital ? Olivier Gerolami, le P-D.G du Groupe Sud-Ouest a détaillé la stratégie de son groupe de presse : « Il n'y a pas de modèle économique miracle sur le numérique. Cependant, le numérique offre plusieurs avantages : il permet d'être hyper réactif, d'apporter des enrichissements (infographie, vidéos, images, etc) par rapport à un article écrit, on est au balbutiement de la personnalisation des contenus en ciblant les intérêts de nos abonnés.»
Si les acteurs historiques de la presse cherchent encore leur équilibre économique sur le numérique, les pure player, ceux qui n'existent que sur le net, sont la preuve qu'il existe aussi de la place

pour des médias entièrement numériques comme LesJours ou Mediapart. Cependant, sans le support d'une maison mère, la pérennité économique de ces acteurs n'est pas certaine.


Nombreuses innovations


Parmi les exposants du Salon proposant des services innovants pour la presse, beaucoup concernent le numérique. Ainsi, la start-up Pandasuite propose un outil en ligne pour créer une application mobile sans avoir besoin de connaissance en codage informatique, un peu comme un éditeur de texte. Un peu plus loin, deux jeunes associés au sein de la start-up Artus ont développé une solution permettant de transformer des documents texte et photos en une application mobile en quelques clics.
À quelques stands de là, deux exposants, Viewpay et Swisspay proposent des solutions pour accéder à des articles de presse en ligne payant, gratuitement, en acceptant de visualiser un spot vidéo publicitaire. « Notre solution permet de transformer des visiteurs en lecteurs, sans qu'ils aient à s'inscrire sur un formulaire et à payer », indique le Marc Lamarche le fondateur de Swisspay. Toutes ses innovations vont petit à petit se diffuser sur les sites et applications des organes de presse. ■


Camille Peyrache