Crise agricole
« Le mouvement ne s’arrête pas, il se transforme »

Après quinze jours d’une mobilisation des agriculteurs « historique » partout en France, le réseau FNSEA a appelé à suspendre les blocages. « La mobilisation ne s’arrête pas, mais se transforme », a affirmé Arnaud Rousseau, président de la FNSEA en conférence de presse. 

« Le mouvement ne s’arrête pas, il se transforme »
Arnaud Rousseau sur le blocage de la MC à Lyon. Crédit photo Apasec - photo d'illustration

Après avoir observé une minute de silence, en hommage à Alexandra et Camille, l’agricultrice et sa fille qui ont trouvé la mort en Ariège sur un point de mobilisation, jeudi 1er février, les présidents de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs, Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot, ont appelé à « suspendre les blocages » sans pour autant arrêter la mobilisation. « Le mouvement engagé ne s’arrête pas, ont affirmé les deux présidents. Il se transforme. Il sera toujours actif tant que la reconnaissance de la souveraineté alimentaire de notre pays ne sera pas gravée dans la loi. C’est essentiel. Il nous faut des actes, des choses concrètes. Ce discours [de Gabriel Attal, Premier ministre, prononcé quelques instants plus tôt] montre la direction », a assuré le représentant de la FNSEA. En effet, quelques minutes plus tôt, le Premier ministre a fixé un cap pour l’agriculture française. Il a notamment annoncé l’inscription dans la loi l’objectif de souveraineté sur la base d’indicateurs clairs et définis avec les agriculteurs. « Nous consacrerons dans le Code rural l’agriculture comme un intérêt fondamental de la nation », a-t-il ajouté. Pour autant, les deux syndicats l’affirment, le Salon de l’agriculture qui ouvrira ses portes le 24 février prochain demeure la prochaine échéance pour les dossiers à court terme et le mois de juin pour celles de plus long terme.

Sourde Europe

Si les mesures annoncées par le gouvernement français (lire par ailleurs) semblent fixer un cap aux yeux des syndicats majoritaires qui annonce que dès lundi le travail se poursuivra avec les préfectures et les ministères, l’attente est grande concernant l’Europe. « Entre la France et Bruxelles, nous avons deux situations opposées. D’un côté, une écoute du Premier ministre français pour comprendre ce que sont nos enjeux et finalement annoncer des mesures d’urgences et réaffirmer que souveraineté alimentaire sera un enjeu porté avec l’ensemble de son gouvernement. De l’autre, la surdité de l’Europe », a argué Arnaud Rousseau. Une surdité d’autant plus incompréhensible pour les syndicats majoritaires que le « combat mené est intimement lié à ce qui se passe en Europe. L’Europe est notre avenir, l’espace de paix vivre depuis plus de quatre-vingts ans. Pour autant, cette Europe technocratique, nous ne la comprenons pas ». Les syndicats pointent alors du doigt le dossier ukrainien avec notamment les importations de volailles et également la directive IED. « L’agriculture est le premier budget européen. Nous avons besoin de porter une ambition collective. Les élections européennes seront une échéance capitale. »

Marie-Cécile Seigle-Buyat

Une mobilisation « Historique »

En début de conférence de presse, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a rappelé que cette mobilisation était « historique à plusieurs égards. […] Ces quinze derniers jours sont symbolique des vingt dernières années agricoles pendant lesquelles nous ne savons plus ce que l’on nous demande ». Il a également souligné l’importante mobilisation des jeunes depuis le mois d’octobre et le retournement des panneaux des communes.