Acte 1 de la mobilisation
« Maintenant on attend des réponses concrètes ! »

Des convois de tracteurs se sont élancés vendredi 26 janvier de tout le Jura pour des opérations escargot sur les principaux axes routiers. Direction Lons-le-Saunier pour manifester devant la préfecture. « Nous sommes 268 tracteurs, » s’est réjoui Christophe Buchet, président de la FDSEA. « De mémoire de Jurassiens, on n’a jamais vu ça ! C’est la preuve du mécontentement de la profession ».

« Maintenant on attend des réponses concrètes ! »

La motivation ne manquait pas ce vendredi 26 janvier. Les agriculteurs du Jura, à l’appel de la FDSEA et des JA 39, avaient fixé sept points de rendez-vous pour converger en opérations escargot vers Lons-le-Saunier. Leur but : manifester devant la préfecture pendant qu’une délégation y était reçue pour présenter leurs doléances.

« Notre métier passion devient notre poison », « Notre fin sera votre faim », « N’importons pas ce que l’on interdit ! », « Petit on en rêve, grand on en crève » … Sur les banderoles déployées sur les tracteurs, les slogans affichés traduisent la colère et les craintes de la profession. Les agriculteurs avaient pourtant prévenu de leur malaise depuis des mois, à travers l’opération « on marche sur la tête » qui avait vu les panneaux d’entrée et de sortie des communes jurassiennes retournés. Pour le rappeler, consigne était donnée de démonter ces panneaux pour les afficher toujours à l’envers pendant cette manifestation, avant d’évidement les remettre à leur place en fin de journée.

Les tracteurs partis à 9h30 de Choisey ont d’abord emprunté l’A39. Rejoints au niveau du péage de Bersaillin par les agriculteurs de Mouchard et des environs de Poligny, ils ont progressé ensemble, dans un impressionnant convoi ralentissant la circulation jusqu’à l’aire du Jura et la sortie Arlay où la file d’engins a encore été renforcée par ceux venant de Bletterans. C’est donc un défilé interminable de tracteurs portant haut leurs revendications sur des banderoles qui s’est engouffré sur la double-voie de la RN83 en direction du rond-point de l’Etoile, lieu de ralliement avec ceux partis d’Orgelet, de Champagnole et de Crançot.

Des normes toujours plus contraignantes

Première étape pour la pause-déjeuner, le rond-point de la caserne de pompiers à Montmorot.  « Nous sommes 268 tracteurs, » s’est réjoui Christophe Buchet, président de la FDSEA, reconnaissant être surpris par l’ampleur de la mobilisation. « De mémoire de Jurassiens, on n’a jamais vu ça ! C’est la preuve du mécontentement et des attentes de la profession ». Il a ensuite listé les revendications nationales et locales : le GNR, les 4% de jachère, l’accès à l’eau, les zones humides, la prédation, les prix de vente des produits agricoles, l’emploi, la complexification des normes environnementales… La liste de ce qui ne va pas est longue. « Maintenant on attend des réponses concrètes des pouvoirs publics ! Cela peut prendre du temps, » a-t-il ensuite prévenu. « Il faut qu’on soit en capacité de poursuivre la mobilisation. Vous pouvez compter sur nous ! »

Philippe Cornu, président des Jeunes Agriculteurs du Jura, a lui insisté sur l’installation des jeunes : « Comment donner envie de faire ce métier alors que la démographie agricole est en chute libre ? Les normes sont toujours plus contraignantes, les revenus ne sont pas à la hauteur du temps de travail imposé. Les lois faites pour rémunérer les agriculteurs, comme Egalim, ne sont pas appliquée ! »

La préfecture encerclée

Un peu avant 15 heures, les tracteurs se sont remis en route pour entrer dans Lons-le-Saunier sous les regards curieux et les applaudissements réguliers de la population. Ils ont occupé bruyamment à grand concert de klaxons et d’effaroucheur toutes les rues autour de la préfecture, encerclant le bâtiment pendant qu’une délégation était reçue. « Des annonces seront faites mais elles ne seront peut-être pas à la hauteur de nos espérances », a annoncé Christophe Buchet à l’issue de cette réunion. « Nous devrons continuer notre mobilisation. Aujourd’hui nous avons ciblé les pouvoirs publics, nous devons aussi mettre la pression sur les GMS et les entreprises de transformation qui esquivent les obligations de la loi Egalim. Les prix en grande surface ont considérablement augmenté mais cela n’a pas été répercuté dans nos fermes, au contraire ! ».

A partir de 17h, les manifestants ont progressivement quitté les lieux pour retourner dans leurs exploitations reprendre le travail. Tous étaient déterminés à poursuivre la mobilisation jusqu’à ce que leurs revendications soient prises en compte.

S.C.

Retrouvez de nombreuses photos et vidéos de la manifestation