La parole à...
Patrick Chopard, observateur du vivant

Celui qui est connu régionalement par les agriculteurs pour sa participation à la rédaction du BSV et du Flash cultures, et de ses quelques lignes d’introduction dans un style très personnel, partira en retraite d’ici 18 mois. Après 35 années « au service des agriculteurs »…

Patrick Chopard, observateur du vivant
Patrick Chopard (à d.) avec l’un des anciens présidents du GVA du Val de Seille, Sébastien Picaud

Quelques traits de poésie, parfois un petit coup de sang, mais toujours avec bienveillance et si proche du vécu des agriculteurs. 

En plaine, Patrick est une figure du monde agricole, apprécié par tous les organismes et les coopératives avec lesquelles il est en contact du fait de ton travail de conseiller agronomie à la chambre d’agriculture du Jura. Il a aussi formé les nouveaux techniciens.

Il était invité par le GVA du Val de Seille à donner sa vision de l’évolution de l’agriculture et du métier de conseiller.

Morceaux choisis…

« Mon ressenti sur l’évolution de l’agriculture ? Tu parles on n’est en plein changement climatique, alors le ressenti, c’est plus le même. En février 2012, on gelait sur place pour faire les RSH (reliquats sortie hiver), pas une seule partie du corps excepté les yeux n’était pas recouverte et plutôt deux fois qu’une. Il fallait déjà faire un pré trou à la masse pour pouvoir descendre la tarière. Maintenant faut une glacière en permanence pour maintenir la terre au frais après le prélèvement… »

« Le métier de conseiller ? Il me semble que plus personne ou très peu veulent le faire aujourd’hui, c’est un métier en voie de disparition. Mais je ne voudrais pas que l’on mette la charrue avant les bœufs. D’abord les paysans, c’est d’eux que je veux vous parler. »

Et d’évoquer des noms, des souvenirs, tous chargés d’émotions, avant de revenir au métier de conseiller.

« Il y avait des échanges entre GVA, conseillers. Je suis venu pour quelques réunions, formations, tours de plaine, les RSH, assemblées générales et même conseils d’administration. Que du bonheur lorsque les agris partaient satisfaits, contents. Dans ces moments, je n’aurais échangé ma place de conseiller pour rien au monde. »

« J’ai toujours été un conseiller à disposition de tous les agriculteurs et agricultrices quels qu’ils soient. Petit, gros, FD, coordination rurale, confédération paysanne, bio, écolo, non-labour, ACS, adhérent GVA ou pas, … »

« Chaque agri est un exemple, et donc il y a autant d’exemples que d’agris car aucun n’est pareil. Parfois un ingénieur a pu vous dire à vous l’exemple que finalement vous êtres un cas type, histoire de vous classer de vous ranger et exceptionnellement ou parfois de devenir une référence. Moi franchement, « type » ça me va bien, mais si vous ajoutez derrière « bien » c’est parfait. Des types bien… »

« Quand on met en avant des façons de faire, il ne faut pas avoir peur de les présenter pour avis à des gens qui ne sont pas « de la partie ». Leur regard est autant et parfois plus intéressant que ceux qui sont de la partie, parfois tellement dedans qu’ils en deviennent aveugles. Je me suis appliqué cette règle pour mes flash cultures qui ont pour la plupart été relus par Étienne et Nathalie avant parution. Et si ce n’était pas clair pour eux j’avais du souci à me faire, mais c’était pour la bonne cause. »

« J’ai su ce que je voulais dès le départ c’est-à-dire dès la fin de mes études : développement, chambre agriculture, groupe de développement avec pour simple et seule ambition, rendre service aux agriculteurs. A une condition, ne jamais être payé, ne jamais facturer, ou à la rigueur qu’il y’ait en contrepartie une adhésion au GVA s’il y en avait un dans le coin. »

Aujourd’hui, on parle aussi de prestations de services. « Les chambres d’agriculture ont complètement changé… »

Et même si le nombre de fermes qui « existeront encore ou plus dans la campagne demain », ça lui donne « le tournis, le vertige », Patrick finit sur une note d’optimisme.

« Je n’ai aucun doute qu’il y aura d’autres chemins possibles pour que des groupes existent. Et si vous avez vraiment un souci d’existence, n’oubliez pas que la femme est et sera toujours l’avenir de l’homme. Rendez obligatoire la parité et tout sera solutionné. Vu le retard, vous aurez des présidentes pour les 50 prochaines années, soit de quoi vous rassurer pour votre GVA ! »

IR