MAIRES DU JURA
Le droit au service public universel

Conscients qu'ils doivent participer à l'effort national de réduction de la dette, les maires du Jura demandent cependant que l'effort demandé soit plus équitable et mieux réparti.
Le droit au service public universel

Autre temps et autre style à l'association des maires du Jura où le style séducteur et poétique de Sylvie Vermeillet a cédé la place au verbe plus rigoriste du Rousseland Bernard Mamet. Mais si le style change, l'esprit demeure... La « défense opiniâtre et incessante du territoire jurassien, des ses spécificités et de sa ruralité... » aussi !... Le nouveau président l'a bien rappelé dans son propos d'accueil devant une salle réunissant une belle majorité des maires jurassiens venus assister à cette assemblée qui se déroulait en présence de leur président et de leur président d'honneur national : François Baroin et Jacques Pélissard.

Un rappel fondamental également, celui du rôle du maire : « Le maire dispose aujourd'hui plus que jamais de la confiance politique de la grande majorité de ses concitoyens. Il est celui qui tisse au quotidien le lien social. C'est pourquoi il faut maintenir cette institution de proximité, surtout en ruralité, qu'est la commune... »
Mes ces communes et ces communautés de communes sont confrontées à des difficultés, notamment financières, croissantes et à des situations de tensions qui ont motivé la journée de mobilisation du 19 septembre dernier. Bernard Mamet s'en explique : « Avec la réduction des dotations et les transferts de charges plus ou moins bien compensés, nous subissons en quelque sorte une double peine. Si nous reconnaissons bien, comme gestionnaires publics, que nous avons à prendre notre part dans le redressement des finances du pays, nous demandons que l'effort exigé soit mieux réparti, plus équitable et porteur de stabilité sur le long terme... »

 

Le respect de l'expression démocratique


L'un des chantiers majeurs des derniers mois a été celui du schéma de coopération intercommunale. Un travail qui a nécessité de nombreuses réunions,débats et amendements recrus par le préfet. « Peut-être ce schéma laisse-t-il un goût amer ? s'interroge Bernard Mamet. Comme rapporteur de la CDCI je veux dire que nous avons essayé de respecter pour le mieux l'expression démocratique des territoires, ensuivant des règles de conduite étude choix validées par tous, que les groupes de travail se sont parfois imposées pour trancher. La nouvelle aire géographique de l'échelon régional et le redéploiement des compétences découlant de la loi Notre ouvrent des questionnements sur le rôle du bloc communal à l'avenir... 
Le dialogue s'est ouvert avec le conseil départemental, sur des propositions de partenariat et d'accompagnement entre le département et les communes. Avec la nouvelle Région, on aborde des thèmes tels que l'élaboration des schémas régionaux, les contractualisations, les transferts de compétences... avec des situations hétérogènes d'un département à l'autre... »
Dans un contexte où les régions changent de taille, où les communautés de communes évoluent, la commune reste, de par sa proximité avec les citoyens, le cadre le plus apprécié, qui permet de garder du lien avec la vie économique et sociale, et qui permet de préserver un sentiment d'appartenance à la Nation...


Michel Ravet

 

Ils ont dit...

« Nous demandons à l'Etat qu'il réponde présent lorsque l'essentiel est en jeu. L'Etat a des responsabilités. Aujourd'hui il ne les assume pas. Mais il est encore temps de le faire... » Face à une situation budgétaire intenable et un effet de ciseau insupportable, François Baroin, le président de l'association des maires de France, n'entend pas baisser les bras. Il évoque le découpage territorial « qui nous a beaucoup tourmentés » et l'organisation des lois autour de métropoles avec une forte puissance de projection mais peu de moyens... La loi Notre : Les gens se sentent abandonnés... Nous avons le droit au service public universel... ». Des intercommunalités format XXL : « Oui, mais sur la base du volontariat, car un rien peut faire éclater le fait intercommunal... ». Il souligne aussi l'effondrement de l'investissement public (moins 13% en 2014), un effondrement qui va avoir un impact sur la croissance et sur l'emploi en 2016 (de 60 à 80 000 emplois en moins dans le bâtiment). Pas avare de chiffres, il revient aussi sur les 100 euros par élève annoncés pour le coût de l'aménagement des rythmes scolaires : « On est aujourd'hui à 222 euros par élève ! ». Quant aux normes, sujet de bien des questions de maires, François Baroin estime que « nous sommes dans des situations pas tenables... Mais nous tenons ! »
Jacques Quastana, le préfet du Jura, revient sur la construction de la carte de l'intercommunalité dans le Jura qui va permettre de réduire d'un tiers le nombre d'intercommunalités. 32 syndicats intercommunaux sot dissous. Dans le Jura, la loi sur les communes nouvelles connaît un certain succès : 11 nouvelles ont été crées ce qui porte l'effectifndépartemental à 252 communes. 90% des Jurassiens vivent encore dans des communes de moins de 1 000 habitants et 250 communes ont moins de 200 habitants, soit une commune sur deux...
Sur le sujet de la réforme, le préfet rappelle aussi que « l'Etat se l'applique à lui-même... ». Les structures préfectorales ot été réorganisées à l'échelle des arrondissements et « aucune suppression n'est envisagée à ce jour. ». L'orientation est plus de rendre l'Etat « plus local, plus efficace dans l'accompagnement des élus locaux... » Dans un souci de rationalisation, les départs en retraite ne sont pas remplacés dans la fonction publique, les effectifs de la préfecture du Jura ont diminué de 25% entre 2008 et 2015, « sans que cela entame les performances de l'administration ! ». Et de rappeler également que les dotations qui accompagnent l'investissement des collectivités n'ont pas baissé... « Mais je reconnais qu'il y a aussi un reste à financer. 2016 s'inscrira dans cette continuité ! »
Clément Pernot, le président du conseil départemental, a dressé une sorte de bilan de sa première année d'exercice à la tête du Département. « Des liens de proximité se sont tissés avec vous. Nous avons souscrit un emprunt de 15 millions d'euros pour solder les dettes précédentes et, ainsi, exercer une nouvelle relation sur des bases saines et sérieuses. Le Département restera une force vive, à vos côtés, en matière d'aménagement du territoire. Et pour répondre au mieux aux aspirations de nos concitoyens, nous devons entretenir notre culture du partenariat, de la proximité et de l'efficacité... »