Santé du troupeau
Speed consulting en médecine vétérinaire

Mammite fulgurante ? Panaris ? Diarrhées des veaux ? Les participants à la journée nationale « santé du troupeau et médecines alternatives » ont pu confronter leurs points de vues et leurs expériences via un jeu croisé de questions-réponses entre éleveurs.
Speed consulting en médecine vétérinaire

«L'organisation de cette journée fait suite aux travaux de notre assemblée générale de 2014, durant laquelle nous avions abordé en détail le thème de l'antibio-résistance : c'est un thème que nous avons souhaité encore approfondir, à l'ère des résistances multiples (aux désherbants, aux fongicides, aux vermifuges...), et le cadre du groupe permet de trouver des solutions, de mutualiser nos expériences...», introduit Gilles Duquet, président de la FRGeda, donnant le coup d'envoi de la journée nationale « santé du troupeau et médecines alternatives », le 17 novembre dernier à Poligny dans le Jura. « Nous travaillons justement depuis plusieurs mois sur la mise en réseau de toutes les expériences alternatives en matière de soins vétérinaires, et cela se concrétise par la création d'un réseau virtuel de mise en commun, avec une liste de diffusion », complète Yasmina Lemoine, animatrice à la FNGeda. Une quarantaine d'éleveurs et d'éleveuses, certains venus de l'Ain, de la Nièvre, et même d'Ille et Vilaine participaient à cette journée coorganisée par le réseau Trame et la FRGeda de Franche-Comté.


Une expertise partagée


C'est à travers un atelier de «speed consulting», auquel se sont facilement prêtés les éleveurs, que s'est articulée la première demi-journée de travail. Avec un principe simple : chacun soumettait à une question préalablement préparée à cinq collègues qui assumaient le rôle d'experts, avant que les rôles ne s'inversent, et que les « experts » de la première manche ne consultent à leur tour leurs collègues. C'est ainsi que de nombreux problèmes communs aux éleveurs présents ont pu être abordés, de manière transversale et originale. Ainsi Didier, venu du Jura, s'interrogeant sur les possibilités de soigner un panaris, se voit indiquer le remède homéopathique « myristica sebifera », en 5CH, selon la posologie 3-2-1, c'est-à-dire trois fois le premier jour de traitement, deux fois le second, et une fois le dernier. Mais très rapidement, son interlocuteur commence à le questionner sur l'alimentation du troupeau, et l'éventuel excès d'énergie de la ration distribuée... «Ton regain est peut-être trop riche en énergie soluble !», une piste que corrobore la survenue assez fréquente de métrites dans le troupeau. «Tes métrites aussi, c'est un problème d'excès d'énergie !» Mais déjà un deuxième éleveur se présente. «Quelles sont les pathologies qu'on ne peut pas soigner avec l'homéopathie ?» questionne celui-ci. «A mon avis, aucune, à condition que l'animal n'ait pas dépassé le point de non-retour, et bien sûr de trouver le bon remède homéopathique, d'après les différents symptômes. Pour ça, j'utilise un logiciel, mais plus difficile reste d'être vraiment objectif sur les symptômes observés. J'ai vu une vache que je pensais sur le point de mourir retapée en quelques heures avec calcarea carbonica... deux jours plus tard elle retournait en salle de traite !»

 

Mode d'administration


Les échanges portent aussi beaucoup sur les aspects pratiques, comme les modalités d'administration des remèdes homéopathiques ou des huiles essentielles. Les plus aguerris conseillent les néophytes. « Je confectionne mes remèdes homéopathiques en réalisant des solutions alcoolisées avec les granulés que j'achète en pharmacie. Une fois diluées au tiers avec de l'eau, je les stocke à l'abri de la lumière – j'en ai une quarantaine – et je puise dedans selon les besoins. J'ai un petit flacon avec un embout qui me permet de vaporiser cette solution diluée encore une fois sur le mufle de la vache à soigner. » Françoise, venue également de l'Ain, dilue pour sa part les huiles essentielles dans de l'huile d'olive, qu'elle administre par voie orale aux bêtes qui en ont besoin. «Mais en général je commence toujours par leur faire boire une infusion d'artichaut et de romarin, plantes que j'achète séchées en gros au Comptoir des plantes, pour protéger leur foie !» 
Arrive Jean-Pierre, confronté cet automne à des diarrhées fulgurantes sur ses veaux de 8 jours. «J'ai essayé arsenicum album, sans succès, ainsi que carbo vegetalis...» expose-t-il. Après quelques minutes d'échanges, son interlocuteur lui suggère de modifier sa conduite de troupeau pour que les vélages aient lieu dans un autre endroit. «A mon avis, c'est surtout un problème d'ambiance, il faut chercher dans cette direction...»