IBR, BVD… Sur ces maladies dites « historiques », le Jura avance vite. Et c'est une chance car, avec les bouleversements liés au changement climatique, d'autres maladies émergentes guettent les éleveurs. L'assemblée générale du GDS 39 a fait le point sur l'état sanitaire des troupeaux et salué le soutien de l'administration et du département.
Les Jurassiens ont fait les efforts nécessaires en matière d’IBR. « Nous sommes le 6ème département Français à ne plus avoir d’animaux positifs. Le Jura a atteint l’objectif fixé par la loi de santé animale, d’être indemne en 2027 », se réjouit Rémy Guillot, président du GDS 39, lors de l’assemblée générale qui s’est tenue le 8 décembre à Hauteroche.
Pour maintenir ce statut, le GDS 39 a décidé de ne plus accorder de dérogation lors de l’introduction de bovins hors départements de Franche Comté.
Les contraintes vont être accentuées avec la DGAL et des aides financières seront accordées par l’État pour permettre aux éleveurs « d’en finir avec cet herpès ! »
Un arrêté ministériel est en cours de finalisation afin de durcir les règles pour les élevages non indemnes, avec, comme seule issue pour les bovins positifs, l’abattage.
La France compte encore 70 000 bovins infectés. 133 troupeaux ont été infectés sur la campagne 2022/2023, dont 33 infectés à plus de 30 %. Preuve que la maladie peut circuler, notamment suite à un achat. Le GDS 39 invite à la prudence pour les élevages limitrophes avec des départements voisins, ou encore le pâturage à distance. « Nous allons essayer de travailler cette question du pâturage à distance avec l’administration pour garantir la sécurité des élevages jurassiens », précise Rémy Guillot.
Pour l’IBR, la résurgence se fait surtout au sein des cheptels détenant encore des bovins positifs. « Le temps de leur élimination, la vaccination est un excellent moyen pour éviter l’incidence », rappelle Franck Morel, directeur du GDS 39.
BVD : un arrêté départemental
En matière de BVD, sur les derniers mois, seulement 2 IPI sont nés dans notre département. « C’est un bel effort collectif qui paye, et nous pouvons envisager sereinement des économies d’analyses ; en basculant progressivement dans un premier temps, les élevages laitiers en surveillance sur le lait de tank », explique le président du GDS. Le protocole sera élargi pour la prochaine campagne à 100 élevages éligibles « négatifs forts », puis 200 à 250 élevages d’ici 2025. « Nous avançons avec prudence ». Se pose aussi le problème de la valence BVD suite à la vaccination. « Nous conseillons de raisonner la vaccination avec votre vétérinaire », indique le directeur du GDS 39.
Point positif : le préfet du Jura vient de prendre un arrêté concernant la surveillance et les mouvements liés à la BVD. Son application est effective depuis le 1er décembre.
« Nous sommes un des rares départements français à l’avoir fait. Un bel exemple de travail commun entre GDS et administration », souligne Rémy Guillot.
Cette mesure n’entraîne pas de contraintes pour les cheptels de statut favorables qui représentent 99,5 % des élevages dans le Jura.
FCO : vacciner cet hiver ?
« Sur ces maladies dites « historiques » (IBR, BVD), nous devons avancer vite, car avec les bouleversements liés au changement climatique, les maladies émergentes nous guettent », alerte Rémy Guillot.
Les culicoïdes sont de retour, emportant avec eux les maladies vectorielles.
Tout d’abord la FCO avec un nouveau variant du sérotype 8 (appelé France 2023), provoquant beaucoup plus de morbidité et même de la mortalité chez les bovins adultes, bien plus conséquente qu’en 2017.
Au vu de l’expansion de la maladie, il est probable que le Jura soit touché prochainement.
« Je vous encourage à réfléchir avec votre vétérinaire à envisager une protection vaccinale ». Et pour appuyer ses propos, le président du GDS confirme qu’un laboratoire est en mesure de garantir une production suffisante de vaccins.
MHE, un risque écarté… pour l’instant
Mais c’est encore un autre virus à transmission vectoriel qui préoccupe la ferme France : la MHE (maladie hémorragique épizootique) qui touche tous les ruminants.
Les symptômes sont similaires à la FCO, et là encore, les départements des Pyrénées, touchés les premiers font remonter des cas de morbidité importante avec de la mortalité même chez des bovins adultes.
Par contre, aucun vaccin n’existe pour lutter contre ce virus.
Et comme cette maladie est classée D-E dans la liste de l’OIE, elle impose tout une réglementation et entraîne avec elle une restriction aux mouvements et des blocages commerciaux aux échanges.
Le Jura n’a été impacté cet automne que quelques jours, suite à la découverte en Suisse de 2 cas, heureusement vite infirmés.
Besnoitoise : contrôle à l’achat
Une autre maladie transmise par des vecteurs : la besnoitoise.
Là encore, pas de vaccin à disposition des éleveurs, mais une connaissance un peu meilleure de cette maladie.
Le conseil d’administration du GDS 39 a décidé une prise en charge financière de 50 % du coût analytique lors des introductions d’un bovin et, pour les achats de bovins en provenance d’un département hors de BFC, le contrôle à l’achat est obligatoire
Pour les élevages ayant découvert un animal fortement positif au sein de leur cheptel, un programme d’assainissement leur est proposé, avec une aide à l’élimination.
Il s’agit de limiter le plus possible l’arrivée de cette maladie dans le département, qui pour l’instant reste assez épargné.
Soutien du département
Pour conclure, Rémy Guillot a remercié le conseil départemental, MM. Pernot et David, « qui ont bien compris l’intérêt du sanitaire et ont su répondre favorablement à notre demande suite au désengagement financier de la région en 2022 », le laboratoire départemental, le conseil régional qui a pris un engagement sur 2023 pour la BVD - nous avons bon espoir -, les vétérinaires du Jura et du GTV, les GDS voisins et le personnel du GDS39.
IR