Comment réussir l’insertion dans les secteurs d’activité en tension ? Pour tenter de répondre à cette question compliquée, Soelis a invité le conseil départemental, Pôle Emploi et Indibat (un groupement d’employeurs du BTP) à participer à une table ronde.
« Dans le Jura, le taux de chômage est très faible et entre 40 à 50 % des demandeurs d'emploi sont déjà en activité, soit en contrats courts soit en intérim, » résume Stéphane Nageotte, chargé de mission partenariat à la direction territoriale Pôle Emploi Jura et Haute-Saône. « On peut considérer que dans le département tous les secteurs sont en tension ». Les trois corps de métiers les plus demandés lors d’une première inscription à Pôle Emploi sont la petite enfance, le secrétariat et le magasinage. De plus, 30% des chômeurs ont plus de 50 ans. Leur carrière est déjà faite et ils ne pensent pas forcément à changer de métier.
Montrer la réalité
Une partie de la solution réside donc dans la mutation professionnelle qu’il faut accompagner. L’agence nationale travaille en lien étroit avec des entreprises et leur propose de mettre les demandeurs d’emploi en poste pour leur permettre de découvrir une nouvelle profession. Souvent, l’image qu’ils ont des métiers ne correspond pas à la réalité. Ils imaginent encore que le bâtiment ou l’agriculture sont très difficiles, il faut donc leur montrer la réalité. « Mais on ne va pas trouver la perle rare du jour au lendemain, » poursuit Stéphane Nageotte. « Lorsqu’une entreprise recherche des maçons qualifiés, nous l’encouragerons à prendre des personnes ne correspondant pas et de les amener à la qualification ».
Si le nombre de demandeurs d’emploi est insuffisant, les 3430 bénéficiaires jurassiens du RSA peuvent-ils être un vivier de recrutement possible ? « Chacun a un référent social et un référent professionnel, » explique Patricia Jeunet, chef de mission insertion professionnelle en charge des dossiers RSA au conseil départemental du Jura, « mais un certain nombre ne peuvent reprendre une activité immédiatement. Il faut au préalable identifier les freins (qualification, mobilité, logement, problèmes familiaux ou de santé, etc.) puis mettre en place un parcours adapté ». Pour les aider à remettre un pied à l’étrier, des contrats aidés et des aides aux déplacements existent.
Par rapport au RMI qui le précédait, Le RSA a supprimé de nombreux blocages périphériques : quelqu'un qui fait les vendanges 8 jours ne voit plus son revenu diminuer car il est possible de cumuler le RSA et une activité. Et si le RSA baisse, cette perte est compensée par la prime d'activité.
« Le monde agricole doit donner envie »
Une autre difficulté pointée par Patricia Jeunet est la quête de sens : « Beaucoup veulent s'installer en indépendant et se retrouvent au RSA. Ils sont nombreux à souhaiter un retour à la nature, mais ils pensent espace vert et pas agriculture. Au monde agricole de leur donner envie ». Pour les orienter vers des secteurs d'activité particuliers, il faut qu’ils connaissent les métiers et les aides possibles, comme le transport pour les chantiers vendange ou maïs, mais aussi que les référents soient au courant. D’où l’importance des rencontres organisées par Soelis sur des exploitations et des centres de formation.
Troisième intervenant, Raphaël Melet, directeur d’agence Indibat, un groupement d’employeurs pour le BTP qui se compose de trois structures : une entreprise de travail temporaire classique, une autre dédiée à l'insertion et, comme Soelis, un GEIQ pour la formation. Souvent des clauses d'insertion figurent dans les contrats publics et les appels d'offres. Elle représente le tiers des activités d'Indibat.
Formation interne à l’entreprise
« Avant de former quelqu'un dans le GEIQ pour le former, nous le testons en intérim pour qu'il prouve qu'il est intéressé par nos métiers, » explique-t-il. Le groupement d’employeurs propose souvent des contrats de professionnalisation de 12 mois avec des formations internes à l'entreprise, sous la responsabilité d'un tuteur.
Public particulier nécessitant un accompagnement : les réfugiés. « Lorsqu’ils arrivent en France, ils ne parlent pas français, » poursuit Raphaël Melet. « Il est impossible de les mettre directement en emploi, car pour travailler ensemble, il faut se comprendre ». La première chose à faire est donc de les orienter vers des cours de français pour qu’ils acquièrent les rudiments de la langue.
S.C.