Stéphanie et Nathalie Vuitton

Les anges bergères de la Petite montagne

En provençal, brebis se dit « Beli ». C’est en lançant des « Beli-Beli » que les bergers invitent leur troupeau à les suivre. Pas surprenant que Stéphanie et Nathalie Vuitton aient choisi de baptiser leur Gaec entre frangines « La Belinette », tant leur petit coin de campagne, à Valzin-en-Petite-Montagne fleure bon la garrigue. Ici, un paysage à dominante minérale, au relief aimablement heurté, où le chant des grillons remplace avantageusement celui des cigales.

Un cadre parfaitement assorti à ces deux jeunes brunettes, fraiches comme la rosée du matin, qui ont choisi de s’installer « en mouton » il y a 10 ans déjà.

« Nous avons repris la ferme familiale après notre père et notre grand-père. » 90 hectares. 75 en herbe. Et quelques lopins cultivés pour alimenter l’exploitation céréales à paille et en luzerne. Tandis que la cadette, Stéphanie, 30 ans, a chopé le virus de l’élevage au berceau, son ainée, Nathalie, 34 ans, s’est d’abord formée à l’horticulture avant de revenir sur ses terres d’enfance.

Elles y conduisent un cheptel de 470 brebis à têtes blanches de race Ile de France. Des animaux élevés naturellement. L’été dans les champs, l’hiver en bergerie, nourris avec le foin et les céréales maison.

Des recettes originales

Une partie de la production est commercialisée via un grossiste. L’autre, environ trois agneaux par semaine, est valorisée grâce aux circuits courts : vente à la ferme, chez le boucher-charcutier-traiteur du village, Damien Roncalli et dans des magasins de proximité.

Les collaborations avec leur ami boucher permettent d’élaborer des recettes originales, pour sortir de l’éternel gigot-flageolet. Merguez, terrines, brochettes… « Et Damien propose aussi des recettes à base d’agneau, comme la moussaka, le couscous, des lasagnes d’agneau, du hachis parmentier… C’est une façon de faire découvrir aux gens tout ce qu’on peut faire avec cette viande », se félicitent les sœurs Vuitton, dans un sourire radieux. Pas de quoi faire fortune. L’essentiel est ailleurs : trouver du sens à leur vie. « On aime beaucoup ce que l’on fait et notre région. Que ce soit le lien avec les animaux ou avec les clients, les foins… On essaye de travailler de la façon la plus naturelle possible. Par exemple, nous n’utilisons aucun pesticide et privilégions toujours les produits naturels pour soigner les animaux ».

En espérant que la présence du loup, toujours plus proche, ne vienne pas gâcher leur rêve. « On voit bien qu’il se rapproche. On a vu une meute à Aromas, pas loin. C’est inquiétant. Mais nous avons la chance de pouvoir rentrer nos moutons tous les soirs en bergerie. Tous nos collègues n’ont pas cette possibilité. »

Souhaitons que les « Beli-Beli » qui égayent leur hameau perché résonnent encore longtemps dans la vallée de Valzin-en-Petite-Montagne.

Etienne GROSJEAN

(source : © Magazine Saveurs gourmandes du Jura - 2022 - Photo : ©Genée Jérôme)