Association laitière Jura Bresse
Une année « éprouvante »

Le 15 mars, l'association laitière Jura Bresse tenait son assemblée générale. L'occasion de revenir sur l'actualité chargée de l'organisation de producteurs...
Une année « éprouvante »

La dernière assemblée générale de l'Association laitière Jura Bresse s'est tenue le 15 mars à Pierre de Bresse. A cette occasion, une centaine de producteurs avait fait le déplacement. Le rendez-vous avait un caractère technique, et portait sur le thème de la présence de résidus de traitements allopathiques dans le lait et sur les moyens de les limiter, avec l'intervention de Romain Persicot du GDS du Jura.

Après les élections qui permettaient le renouvellement du bureau et l'entrée de plusieurs administrateurs stagiaires, lesquels « découvriront le mode de fonctionnement de notre bureau », c'est tout naturellement l'actualité économique du secteur laitier qui prenait le pas, notamment au travers de l'intervention d'Emmanuel Courvoisier, président de l'association, en conclusion des travaux de la mâtinée. Le contexte de crise était en effet perceptible.


Plus d'équité !


Suite « à une année 2016 éprouvante », les producteurs s'apprêtent à entamer « une seconde année sans filet de sécurité » du fait de la suppression des quotas laitiers, éléments majeurs de régulation des marchés depuis 1984. Dans ce contexte, observait Emmanuel Courvoisier, pas étonnant que les producteurs laitiers n'aient pas le moral. Et si des éléments de possibles améliorations des marchés, notamment celui du beurre, sont perceptibles, force est de constater que les dernières négociations commerciales avec les centrales d'achat des GMS ne sont pas de nature à redonner le moral dans les exploitations.
Et le président de l'association de plaider en faveur de davantage d'équité au sein de la filière qu'« il faut que la valeur ajoutée soit partagée par tous les acteurs du secteur : du producteur au distributeur, en passant par le transformateur ». Car les producteurs peuvent-ils, pour ceux qui dégagent un résultat, « se satisfaire d'un revenu de 1,5 Smic, alors que certains exploitants assument des responsables équivalentes à celles de certains cadres ! ».
Enfin, abordant les attaques incessantes dont l'élevage est la cible depuis plusieurs mois, « préparons-nous à être davantage surveillés et davantage observés par les extrémistes anti-élevage », mettait en garde Emmanuel Courvoisier, déplorant « le fort pouvoir médiatique » qui leur est conféré et l'inobjectivité des attaques qui ne visent qu'une seule et unique chose: la fin de l'élevage, la fin de tout élevage.


Séverine Rémaque

 

La question des antiobios

Romain Persicot du GDS 39 traitait de la présence de résidus de traitements allopathiques dans le lait et des moyens à mettre en place pour les limiter. Pour ce dernier, « chaque intervention médicamenteuse, doit être évaluée quant à son intérêt économique, sa justification technique, son impact environnemental, mais aussi le risque médiatique potentiel ». Depuis les années 2000, on évoque les antibiorésistances, lesquelles imposent une baisse progressive de l'utilisation des antibiotiques et la recherche de méthodes alternatives, parmi lesquelles la prophylaxie.
En préalable, il convient de rappeler que l'AMM (Autorisation de mise sur le marché), définit les conditions d'utilisation du médicament (dose d'administration, condition, délai d'attente...). Et si les conditions d'utilisation sont bien respectées, les résidus présents dans le lait sont alors inférieurs aux seuils réglementaires.
Et en cas de présence de résidus dans le lait, les conséquences sont multiples:
- émergence d'antibiorésistance : difficultés par la suite de combattre les bactéries ;
- contamination environnementale ;
- dégradation de la faune : destruction des bactéries dans le milieu naturel (ex : les bouses ne se décomposent plus) ;
- détérioration technique du lait avec des conséquences lors de la transformation.
Reste que la présence de résidus dans le lait peut être due à plusieurs facteurs :
- surdosage : le délai d'attente inscrit dans l'AMM n'est alors plus valable ;
- erreur d'identification des animaux ;
- bidon de dérivation trop petit ;
- mauvais rinçage de la griffe.
Pour limiter les risques d'infection, il est recommandé de nettoyer le matériel de traite pour limiter la contamination entre vaches, de tenir une bonne hygiène et une bonne ambiance au sein du bâtiment : attention à l'humidité et à la chaleur excessive ; nécessité d'une bonne ventilation, désinfection des nurseries au moins une fois par an ; entretien et nettoyage les pieds des animaux ; mise en place de pédiluves ; bonne connaissance des cycles des parasites pour limiter les risques, d'autant que certains parasites commencent à présenter des résistances aux traitements.
Dans le cadre de la lutte contre les parasites, Romain Persicot recommandait de favoriser la mise en place de l'immunité des animaux, par une mise aux champs ciblée des veaux et des génisses, mais aussi de limiter les contacts des animaux avec d'autres troupeaux et de prêter une attention toute particulière lors des introduction d'animaux.
Pour lutter contre la présence de résidus dans le lait, insistait le technicien, il faut « raisonner le traitement, oublier le "Je vais lui faire ça, ça marche bien d'habitude" et les traitements systématiques ». enfin, et en cas de traitement, il convient de bien isoler les circuits du lait des vaches traitées, de bien nettoyer et rincer les griffes suite à la traite d'une vache traitée, enfin, dans la mesure du possible, traire les vaches traitées en dernier...