Au pré, les animaux ont également besoin d'eau. Si plusieurs systèmes existent, le respect de principes essentiels permet de garantir un bon accès de l’abreuvoir à l'ensemble du troupeau.
Avant la mise à l'herbe, il faut veiller à de multiples facteurs. Parmi eux : la question de l'abreuvement. Les animaux doivent avoir un accès constant et abondant à l'eau sur chacune des parcelles. En effet, une vache peut consommer jusqu'à 150 litres par jour en cas de pic de chaleur, avec des moyennes de 55 litres journaliers pour une vache laitière. Moins importants, les besoins en eau des ovins imposent tout de même un accès permanent : avec une moyenne de 7 litres par jour pour une brebis laitière et 5 litres par jour pour une chèvre laitière (1). Or, des difficultés d'accès à l'eau risquent de diminuer fortement la productivité du cheptel, mais également de réduire leur alimentation entraînant un amaigrissement.
Une eau de qualité, en quantité suffisante et en accès libre
Quelques principes de base permettent de s'assurer d'une bonne gestion en la matière. Les bovins et ovins ayant un comportement grégaire, ils auront tendance à aller boire en groupe. Il faudra faire en sorte qu'un nombre suffisant d'animaux ait un accès simultané à l'eau. « Il faudra par exemple veiller à ne pas positionner les abreuvoirs le long des clôtures ou des haies, conseille Pascale Faure, conseillère spécialisée fourrages à la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme. Certes, cela facilite le travail de l'éleveur mais empêche l'accès sur tout un côté de l'abreuvoir. » Le positionnement du point d'eau est primordial et peut déterminer les contours des différents paddocks. « Dans l'idéal, il faut privilégier le pâturage avec un point d'eau au centre. C'est en effet un point d'attraction pour les animaux. S'il n'est pas central, les zones les plus éloignées risquent d'être moins pâturées », explique Jérôme Gachet, de Haute Loire Conseil Élevage. Et Pascale Faure de préciser : « On conseille qu'il n'y ait pas plus de 200 mètres à parcourir pour avoir accès à l'eau. Au-delà, les animaux n'iront pas boire ou pas assez ». Par ailleurs, les éleveurs devront s'assurer que le débit et la contenance sont suffisants pour le troupeau. Enfin, il n'est pas inutile de rappeler que les animaux doivent avoir accès à de l'eau propre. Les éleveurs devront ainsi s'assurer que l'eau n'est pas souillée, enlever les végétaux qui pourraient s'y trouver, surveiller le développement d'algues... Lors de la mise en place d'une nouvelle ressource en eau, il est utile de faire effectuer des analyses par un laboratoire. Si aucune norme précise n'existe, les GDS (groupements de défense sanitaire) éditent des recommandations précisant des critères chimiques et bactériologiques.
À chaque exploitation sa solution
Si la mise en place d'un accès à l'eau au pré nécessite de respecter quelques principes fondamentaux, chaque exploitation fera des choix dépendant de la situation de la parcelle concernée, de sa morphologie, mais également des ressources en eau disponibles : cours d'eau, source, mare ou étang, eau de pluie ou du réseau. En général, chaque ressource permet plusieurs systèmes de distribution. L'usage d'un cours d'eau oblige à des aménagements pour préserver ce dernier. En la matière, Pascale Faure conseille de se tourner vers « les syndicats mixtes qui accompagnent les éleveurs afin de trouver des méthodes et aménagements qui respectent les cours d'eau ». Des aménagements permettent en effet d'envisager l'installation d'abreuvoirs mais également de pompes à museau. Dans tous les cas, les animaux ne devront pas piétiner sur les berges. Lorsque l'on possède une source, qui a l'avantage de permettre l'accès à une eau de très bonne qualité, il est possible d'aménager un puits ou un forage ou alors de privilégier l'alimentation gravitaire. Celle-ci pourra également être choisie dans le cas d'une alimentation via une mare ou un étang, tout comme le système des pompes à museau. Pour l'eau provenant d'une origine stagnante, il faudra être particulièrement vigilant quant à sa qualité. L'usage de l'eau de pluie nécessitera quant à lui un stockage en cuve enterrée ou en citerne extérieure. L'accès à l'eau du réseau est possible via un réseau de tuyaux, mais cette ressource représente un coût élevé.
Leïla Piazza
1- Source : La Buvette, Abreuvement des bovins au pâturage, 2020