INTERBIO
Céder en bio, c’est possible

Pour compléter les travaux de son ass"emblée générale, Interbio s’est penché sur la transmission et l’installation. Après une présentation des outils existant, un cédant et Terre de liens ont témoigné.
Céder en bio, c’est possible

En agriculture conventionnelle ou en agriculture biologique, le temps finit toujours par rattraper son homme. De fait se pose dans tous les cas la question de la transmission de son outil économique aux jeunes générations. «Et nous pensons que l'agriculture biologique est un moteur innovant sur ce point», avance Philippe Loridat. Le président d'Interbio le résume en ces termes : «féminisation, hors cadre familial, diversification, circuits courts...»
Dans un premier temps, Delphine Fouchard, chef du service Installation, transmission... de la chambre régionale d'agriculture de Franche-Comté est venue rappeler les moyens existants et les nouveaux dispositifs : Point accueil installation, plan de professionnalisation personnalisé, plan d'entreprise, Proforea... «Nous avons simplement insisté sur des mesures européennes spécifiques qui accordent des aides complémentaires.» Elles concernent l'agroécologie qui se voit doter d'une nouvelle disposition de modulation pour l'installation en cas de conversion mais aussi du maintien de l'exploitation en agriculture biologique.
La transmission d'une exploitation en agriculture biologique conditionne d'autres réflexions et questionnements : mon repreneur va-t-il poursuivre dans la voie sur laquelle s'est engagée l'exploitation ? Cherchera-t-il à revenir en conventionnel ?


Volonté partagée


Michel Cartier vient de céder sa ferme à Orchamps-Vennes. L'exploitation est labellisée en bio en 2008. Témoin lors de cette séance, il précise quelques réticences et desiderata. «Je voulais que mon repreneur partage avec moi des choses en commun, annonce le cédant. C'est pourquoi nous avons parlé de projets de vie, d'éthique et de valeurs. De quoi dépasser largement le cadre d'une reprise où l'aspect économique est la seule question qui vaille d'être traitée. Même si nous avons calculé le juste prix.»
Pour rétribuer le cédant. «Tout en permettant au jeune de dégager un revenu.» Pour parfaire, les conditions de transmission, Michel Cartier fait cadeau des parts sociales et a proposé un bail de 18 ans sur les terrains qu'il a en propriété. «Nous avons tout fait pour qu'il puisse s'en sortir.»
Pour tout jeune repreneur, la question foncière a une réelle importance. Et la simple question est de savoir si les baux tiendront dans la durée. Là peut intervenir Terre de liens. «Notre mouvement de citoyens se propose de changer notre rapport à la Terre en la considérant comme un bien commun», précise Jude Spaety, salarié de Terre de liens Bourgogne-Franche-Comté. En utilisant les mécanismes de l'épargne solidaire et du don, Terre de Liens cherche à sanctuariser des terres agricoles pour les mettre en location à des fermiers au travers d'un BRE (bail rural environnemental). Les projets agricoles retenus sont biologiques, paysans et respectueux de l'environnement pour maintenir de la biodiversité dans le milieu agricole.