Tournée régionale de l'AGPB
L'AGPB s'affirme porteuse de solutions constructives

La tournée régionale annuelle de l'AGPB s'est arrêtée à Longvic (21). L'occasion de faire le point quelques mois seulement après un congrès d'alerte organisé à Dijon. Les avancées tardent à venir pour les céréaliers de France.
L'AGPB s'affirme porteuse de solutions constructives

Il y a quelques mois seulement, l'AGPB manifestait symboliquement son attachement au dossier des zones intermédiaires en organisant son congrès à Dijon. Que quelques mois plus tard, l'association des producteurs de blé remet le couvert et fait de nouveau étape en Côte d'Or, à Longvic, dans les locaux de Dijon Céréales. Ces réunions décentralisées permettent d'élargir le débat, d'écouter, d'échanger, de faire le point dans des périodes aussi déterminantes que celle du vote de la loi Egalim et la construction de la future Pac. Ce qui se voulait "un congrès d'alerte" comme l'a rappelé Philippe Pinta, président de l'AGPB ce 31 mai dernier, a malheureusement vu les craintes se confirmer.

 

Le moral en berne des céréaliers


La langue de bois n'était pas de mise ce jeudi et les représentants de l'AGPB ont été amenés point par point à lever les doutes en précisant les différents engagements pris et en rappelant les termes de leur "contrat de solutions". En quelques mois la situation des grandes cultures ne s'est certes pas améliorée et les participants n'ont pas manqué de relever qu'un "certain fatalisme gagne les campagnes", comme en témoigne la difficulté croissante à mobiliser les énergies.
Philippe Pinta a insisté sur le fait que la préoccupation majeure reste bien le revenu des céréaliers, sachant que dans les zones intermédiaires c'est la survie même des exploitations qui est en jeu. Le slogan "Produire plus, produire mieux", est plus que jamais d'actualité, alors que de nouvelles difficultés se profilent sur le plan logistique pour le stockage de la prochaine moisson. L'AGPB relève d'ailleurs deux grands absents dans les débats autour du projet de loi Egalim : les mots " compétitivité et revenu". Deux "oublis" qui révèlent certaines incohérences dans la politique gouvernementale par rapport aux engagements pris.
Un petit tour de l'état de la conjoncture internationale ne pousse pas non plus à l'optimisme. L'irruption des blés de la Mer Noire a totalement déstabilisé les marchés internationaux. Ces pays sont de redoutables challengers à l'export depuis qu'ils ont su investir dans la logistique et augmenter leurs capacités de stockage. La France se trouve désormais concurrencée sur ses marchés de proximité, des marchés export dont elle ne saurait se passer pour écouler toute sa production. L'impératif de relever le défi de la compétitivité n'est donc pas une option mais une obligation. Difficile de parler de compétitivité alors, comme le précise Eric Thirouin, secrétaire général de l'AGPB, que les grandes cultures voient leur situation se dégrader depuis cinq ans et que des dispositions nationales et des décisions européennes (phytos, redevances pollution, baisse des soutiens...) risquent de lester encore un peu plus la barque des charges.

 

Aides : les céréaliers particulièrement pénalisés en France


S'appuyant sur son contrat de solutions, bâti pour engager "une véritable transition économique, environnementale et sociétale", l'AGPB a saisi cette tribune de Longvic pour décliner ses objectifs prioritaires : retrouver 15 €/t de compétitivité au travers du plan de transformation de la filière céréalière ; instaurer une épargne de précaution simple, efficace et lisible ; appliquer au plus vite le seuil de déclenchement de 20% concernant l'assurance climatique ; ne plus opérer aucun transfert entre le 1er et le second pilier de la Pac, ramener à 5% le montant de la prime redistributive en France ; instaurer un mécanisme d'aide plancher à l'hectare fixé au niveau de la moyenne européenne des aides des céréaliers, soit 250 €/ha.
Cette réunion a aussi été l'occasion de lancer une nouvelle alerte, car sur le plan des aides, la France "décroche en Europe" en "pénalisant les plus faibles et les zones les plus difficiles". La situation pourrait empirer dans la perspective de la prochaine Pac avec la crainte d'une baisse de 19% du budget agricole en euros courants. "La nécessité de s'organiser" et de jouer collectif s'impose donc plus que jamais pour les responsables de l'AGPB car "il est important de défendre une position commune sur la PAC afin de peser sur le plan professionnel auprès des institutions et des associations européennes". Pour l'AGPB, la stratégie de défense est claire, mais les étapes et les actions dépendent de l'engagement de tous les acteurs au débat, FNSEA comprise. Comme le relève Fabrice Faivre, président de la FDSEA 21, "les belles paroles ne suffisent plus" il va falloir de vrais engagements et un soutien manifeste plus explicite.


AMK