Sécheresse : comment se déroule un contrôle

Depuis cette semaine, l’ensemble du Jura est en crise pour les eaux de surface. Afin de vérifier le respect des restrictions préfectorales, la DDT et l’OFB contrôlent. Comment procèdent-ils ? Quelles pièces justificatives sont demandées ? Exemple au golf de Rochat aux Rousses, contrôlé vendredi 29 juillet.

Sécheresse : comment se déroule un contrôle
: Régis Bailly-Salins, intendant du golf de Rochat, a fait visiter les installations aux agents de la police de l’environnement

Dans le Jura, comme ailleurs, le mois de juillet a été très sec et l’état de la ressource en eau s’est dégradé, avec un assèchement des sols et une baisse des débits des cours d’eau et des niveaux des nappes. Les étiages sont très sévères avec un grand nombre de ruisseaux en assec, des mortalités piscicoles et des températures de l’eau élevées. En application de l’arrêté cadre sécheresse, le préfet vient de prendre un nouvel arrêté de restriction temporaire des usages de l’eau, qui renforce les mesures prises jusqu’à présent. Les eaux superficielles sont passées en crise et les souterraines en état d’alerte. 

 « En moyenne, le Jura est en crise tous les 10 ans mais ces épisodes ont tendance à se rapprocher, » rappelle Pierre Minot, directeur adjoint du service environnement de la DDT. « La consommation doit être limitée pour faire tenir les stocks jusqu’à la fin de la crise. Les usages doivent être recentrés sur l’indispensable : alimentation en eau potable et abreuvement des animaux ». Pour s’assurer que l’arrêté sécheresse était bien respecté, mais aussi pour informer, la DDT et l’OFB effectuent des contrôles réguliers, par zones géographiques ou à la suite de signalements. Les contrevenants s’exposent à des peines allant du simple rappel à la loi à une contravention de 5ème classe : jusqu’à 1500 € pour les personnes physiques et 7000 € pour les personnes morales. Tous les usagers de l’eau sont susceptibles de recevoir une visite des inspecteurs de l’environnement : particuliers, entreprises, collectivités locales, exploitants agricoles, etc.

Un manque d’eau flagrant

Vendredi 29 juillet, DDT et OFB ont diligenté de tels contrôles dans le Haut-Jura. Première structure visitée : le golf de Rochat aux Rousses. Dès leur arrivée, les inspecteurs de l’environnement remarquent qu’à part les greens, les pelouses sont jaunies, trahissant le manque d’eau. Après cette première constatation visuelle, les agents de la DDT et de l’OFB ont expliqué le but de leur visite à Nicolas Bonnefoy-Claudet, le directeur des lieux, « pas surpris d’être contrôlé ». Le nouvel arrêté n’étant pas encore signé par le préfet vendredi matin, les restrictions d’alerte renforcée s’appliquaient : les greens et les départs peuvent être arrosés de 20h à 9h et la consommation d’eau doit être réduite d’au moins 60%. Depuis le département est passé en crise, seuls les greens peuvent être arrosés et la consommation doit diminuer de 70%. « Nous étions au courant de l’arrêté et avons adapté en fonction l’arrosage », explique Nicolas Bonnefoy-Claudet. Malgré la sécheresse, il reste optimiste : « Juin et juillet sont les mois les plus compliqués. En août, les jours raccourcissent, ce qui apporte de la fraîcheur la nuit et de la rosée le matin ».

Arroseurs, programmation automatique, relevé de compteur, etc.

Les agents ont ensuite fait le tour du golf avec Régis Bailly-Salins, l’intendant du terrain, afin de vérifier l’emplacement des arroseurs automatiques. « Nous n’arrosons plus ni les fairways ni les départs, » résume ce dernier. « Les greens représentent 1 ha sur les 60 ha du terrain et chacun est équipé de 4 arroseurs qui tournent à tour de rôle une demi-heure par nuit. L’angle est réglé pour ne pas déborder. » Les massifs fleuris sont arrosés avec l’eau de pluie récupérée dans des citernes, ce qui reste autorisé. Pour contrôler ses dires, les inspecteurs ont ensuite vérifié les programmateurs automatiques et le registre de prélèvements hebdomadaires, obligatoire pour les golfs. Ils ont aussi relevé le compteur d’eau, car le terrain s’alimente sur le réseau, et demandé les index des années précédentes.

Seuls les greens sont encore verts

« Ça fait mal au cœur de voir des départs ‘paillasson’ mais il vaut mieux ça que ne plus avoir d’eau au robinet, » poursuit Régis Bailly-Salins. « Nous avions déjà envisagé faire une retenue d’eau, nous allons peut-être devoir y revenir ». Une solution qui ne convainc guère l’OFB : « Pour atténuer les crises, il faudrait avoir cette philosophie d’économie d’eau en permanence et pas uniquement l’été. L’agence de l’eau appelle à la sobriété, le stockage ne va pas dans ce sens, » rappellent les agents. « L’eau stockée se réchauffe, ce qui peut perturber le milieu quand on la relâche ».

A l’issue du contrôle qui a duré une heure trente, aucune irrégularité n’a été relevée, sous réserve de la vérification à postériori des éléments. Les agents de l’OFB et de la DDT se sont ensuite rendus dans un centre équestre puis sur des collectivités locales pour réitérer l’opération.

S.C.

Les restrictions en cours

Les eaux superficielles sont désormais en crise et les souterraines en état d’alerte. Sur les communes couvertes par le double zonage, en secteur forêt de Chaux (et alluvion Doubs et Loue) et en Bresse, les restrictions en cours dépendent de l’origine de l’eau utilisée : cours d’eau, plans d’eau et sources sont concernés par la crise tandis que les usages à partir des eaux souterraines (forage, puits, ...) et de l’eau potable, sont en état d’alerte. Pour toutes les autres communes, tous les usages de l’eau, quelle qu’en soit l’origine, sont concernés par la crise.

Il est demandé à chacun d’économiser sa consommation d’eau (arrosage, bains, lavages divers…). Le nettoyage des surfaces imperméabilisées (façades, toitures, trottoirs, etc.), le lavage des véhicules à titre privé à domicile, l’alimentation des fontaines en circuit ouvert, le remplissage ou la vidange des plans d’eau, des piscines privées et des bains à remous de plus de 1 m³ sont interdits.

 Alerte :

• L’arrosage des jardins potagers, des pelouses et massifs fleuris, des arbres et arbustes plantés depuis moins de 1 an et des terrains de sport est interdit entre 11 h et 18 h. L’arrosage des autres espaces verts communaux sont quant à eux interdits.

• L’irrigation par aspersion des cultures est interdite de 11h à 18h, sauf pour le maïs et le soja semences, le maraîchage, les légumes de plein champ et sauf lorsqu’un système d’irrigation localisée est utilisé (goutte-à-goutte, micro-aspersion, ...)

• Le lavage des véhicules reste autorisé dans les stations de lavage professionnelles 

Crise : 

• Tout prélèvement réalisé dans une fontaine en circuit ouvert, dans un cours d’eau, une source ou un plan d’eau est interdit

• L’arrosage des jardins potagers est interdit de 9 h à 20 h. L’arrosage des pelouses et massifs fleuris, des arbres et arbustes, des terrains de sport et des autres espaces verts est interdit.

• L’irrigation des cultures est interdite sauf dérogation.

• Le lavage des véhicules dans les stations de lavage professionnelles est interdit.