Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura
Un binôme Bourguignon – Jurassien engagé pour la coopération viticole

François Legros, président de la Fédération des Caves Coopératives de Bourgogne-Jura depuis 2019, a souhaité passer la main après 4 années d’investissement en faveur de la représentation, la défense, la promotion du modèle coopératif et le renforcement de la communication interne et externe dédiée.  Un conseil électif s’est donc réunit le vendredi 1er décembre. Les représentants des caves coopératives ont souhaité jouer la carte du collectif en mettant en place une co-présidence. C’est donc un binôme homme/femme qui prend la tête de la FCCBJ. Deux jeunes vignerons coopérateurs, la Saône-et-Loirienne Bénédicte Bonnet et le Jurassien Benoit Sermier ont été élus.

Un binôme Bourguignon – Jurassien engagé pour la coopération viticole
Benoit Sermier : « la coopérative est à nous »

Benoit Sermier : « la coopérative est à nous »

Benoit Sermier et son frère Mathieu exploitent 25 ha en AOC Arbois et Côte du Jura sur le domaine familial à Cramans. Convaincu depuis toujours par le modèle coopératif, Benoit n’hésite pas à s’investir pour sa défense et sa promotion. Vice-président rattaché au commerce de la fruitière vinicole d’Arbois et ancien président des ambassadeurs du Vin Jaune lors de la Percée 2022, il vient à 32 ans d’accepter la coprésidence de la FCCBJ.

Benoit Sermier a repris l'exploitation de ses parents qui étaient déjà coopérateurs. Il ne s’est jamais posé la question de changer. « On est très bien ici ! », s’exclame-t-il avant de détailler : « Les coopérateurs ont l'avantage d'avoir une stabilité financière avec des paiements réguliers, la somme de travail est allégée puisque nous n’avons ni la partie cave, ni la vente. Ce n’est pas non plus du négoce ou un simple apport de raisin, la coopérative est à nous, chacun peut apporter sa touche et s’investir dans la commercialisation et la vinification ! Une solidarité et un travail en commun qui sont des points positifs pour les jeunes installés qui bénéficient ainsi du soutien et de l’expérience d’autres vignerons ».

Le coprésident jurassien souhaite favoriser l’échange et la concertation avec Bénédicte Bonnet, son homologue bourguignonne, pour définir ensemble les thèmes sur lesquels travailler cette année, sur le pôle communication ainsi que sur les volets social et juridique. La réglementation sur l'étiquetage des bouteilles, qui devait arriver en décembre mais a été reportée, figurera parmi les dossiers qu’ils suivront avec attention. « Nous essayons de négocier certaines choses, d’exposer le point de vue des caves coopératives pour qu’il soit pris en compte, » explique Benoit Sermier. « Il y a toujours des détails à retravailler comme les dates de mise en service de ce nouvel étiquetage, la façon dont ce doit être communiqué au client. Mais à la fin, ce sera le législateur et le ministère qui décideront ».

Se répartir les tâches et les sièges

Les deux coprésidents vont aussi se partager les tâches et notamment les sièges dévolus au président de la FCCBJ dans les différentes instances viticoles régionales et nationales. « La FCCBJ a par exemple trois représentants aux vignerons coopérateurs de France auxquels nous adhérons depuis cette année. Bénédicte et moi, ainsi qu’un troisième administrateur, siégeront tous les deux mois à Paris pour aborder les sujets liés à la coopération mais aussi débattre de problèmes plus graves que subit la filière viticole française : les prochains plans d’arrachage des vignes, la baisse de la consommation de vin rouge, même si le Jura et la Bourgogne sont peu ou pas touchés par ces difficultés qui concernent surtout le sud ».

Benoit Sermier souhaite inscrire sa coprésidence dans la continuité de celle de son prédécesseur François Legros, à un détail près : « François se débrouillait très bien, la seule différence, c’est que Bénédicte a la quarantaine et moi 32 ans. On aura certainement des sujets qui touchent peut-être un petit peu plus les jeunes et leur installation ». Le vigneron jurassien souhaite notamment poursuivre les formations sur ce sujet et les interventions dans les écoles viticoles comme Montmorot ou Beaune afin de promouvoir le système coopératif. Chaque Coop, ainsi que la FCCBJ, a un groupe jeune qui partagent informations et expériences… Ils organisent aussi des voyages à des salons et des visites de caves coops à l'autre bout de la France.

S.C.

Dans le doublé de la FCCBJ, on demande la coprésidente

Dans le doublé de la FCCBJ, on demande la coprésidente

Plus qu’un parcours atypique, c’est un véritable voyage initiatique qu’a réalisé Bénédicte Bonnet avant d’arriver à la coprésidence de la Fédération des caves coopératives Bourgogne-Jura (FCCBJ). Portrait d’une viticultrice dynamique et résolument optimiste.

Aujourd’hui âgée de 44 ans, Bénédicte Bonnet a étudié les Arts appliqués ou encore l’art médiéval avant de devenir architecte d’intérieur. Un métier qui la rapproche peu à peu de son Clunisois natal et du domaine familial et c’est en 2014, contre toute attente, qu’elle décide de reprendre l’exploitation de son père et de son grand-père. Les appellations qu’elle produit sont principalement en bourgogne côte chalonnaise rouge et blanc, mais aussi en aligoté, en appellation montagny premier cru et du crémant de Bourgogne sur les terres qu’elle tient de ses aînés. Des aînés qui avaient, eux aussi, le sens du collectif et plus particulièrement de la coopération. C’est donc tout naturellement qu’elle désire s’investir dans le conseil d’administration de la cave de Buxy et à la FCCBJ, elle qui fait partie du groupe jeunes vignerons coopérateurs de la fédération. « Je tiens à savoir ce qui se passe, pourquoi et comment, mais aussi participer à la prise de décision ». Et alors que François Legros, président sortant de la Fédération, avait annoncé son départ, c’est elle qui se retrouve sous le feu des projecteurs lors du conseil électif qui s’est réuni vendredi 1er décembre à la cave des vignerons de Buxy. « Je ne voulais pas assumer cette charge seule. Il me paraît difficile de porter la charge de travail qu’assumait François Legros tout en continuant à m’occuper de mon exploitation », explique Bénédicte Bonnet. « Les représentants des caves coopératives, membres du conseil, ont souhaité jouer la carte du collectif en mettant en place une coprésidence, et en répartissant les rôles de chacun », précise la FCCBJ dans un communiqué de presse. « Deux jeunes vignerons coopérateurs qui souhaitent fédérer et poursuivre les travaux engagés autour de la défense du modèle coopératif et de sa promotion. Ils souhaitent également faire entendre la voix de la région dans les différentes instances régionales et nationales ».

Humble, Bénédicte Bonnet sait qu’elle n’est installée « que » depuis dix ans et se considère comme jeune pour occuper ce poste. Ce qui ne l’empêche pas d’aller trouver le soutien d’un co-président plus jeune encore (lire notre article sur Benoît Sermier), mais surtout un Jurassien pour que chaque territoire se sente représenté. Ce duo fait du sens pour la viticultrice, à plus d’une raison. D’abord parce que le sens du collectif ne doit pas seulement se jouer dans la coopération, mais aussi au sein des institutions. « Faire confiance, déléguer, partager les tâches, les missions, ce sont des valeurs essentielles à mes yeux. Des valeurs qui m’ont essentiellement été transmises par mes parents. Mon père avait tout particulièrement à cœur de faire confiance aux jeunes. Il a laissé sa place au conseil d’administration à 55 ans ». Le dynamisme de la jeunesse, allié à la sagesse des aînés, est l’un des moteurs de Bénédicte Bonnet. Se partager les tâches dans un monde où tout va très vite, dans lesquels les besoins, les sollicitations se multiplient, lui semble évident. Et pour cela, elle compte mettre à profit son mandat. Un mandat placé sous le signe du dialogue, des échanges, et surtout qui permettent de porter la voix des jeunes pour qu’ils puissent, par la suite pouvoir s’exprimer et surtout être entendus. « Les jeunes, c’est l’avenir » martèle-t-elle. Optimiste, mais réaliste, en ce qui concerne la production viticole, elle ne voit pas, dans les récoltes 2022 et 2023, de bonnes années, mais des années « normales ». Ce qui lui semble convenable puisqu’« on ne peut pas faire plus de toute façon. Nos cuves sont pleines, les VCI sont faits. Il faut à présent vendre et surtout pouvoir se rémunérer correctement ».

Ariane Tilve