L’IBR bientôt éradiquée

ÉLEVAGE / Lors de son assemblée générale, le GDS39 a fait le point sur la gestion sanitaire menée par l’association d’éleveurs, en lien avec l’administration. Après 30 ans de lutte, le département espère en finir avec l’IBR.

L’IBR bientôt éradiquée

« L’IBR devrait enfin être éradiquée dans le Jura. Nous touchons du doigt ce but avec, à ce jour, 99 % de cheptels qualifiés indemne IBR », annonce Rémy Guillot, président du GDS39. Au niveau français, l’objectif affiché est un État français indemne d’IBR dans un délai de 6 ans.

Les dernières évolutions réglementaires (Loi européenne de santé animale et reconnaissance du Programme de lutte français) devraient donner les moyens d’atteindre ce but. Les analyses individuelles sur sang sont désormais imposées aux élevages non indemnes ou en cours de qualification.

Pour les élevages indemnes d’IBR, des allègements dans la lutte sont prévus.

Franck Morel, directeur du GDS39, appelle à rester vigilant : « L’IBR est une maladie qui s’achète ; un élevage qui viendrait à s’infecter aurait un long chemin à parcourir pour recouvrir le statut troupeau indemne d’IBR. »

Incompréhension

Concernant la mise en place de la Loi européenne de santé animale (LSA), le président Rémy Guillot redit son incompréhension devant le retard pris par l’arrêté ministériel français paru seulement le 5 novembre 2021, « alors que la LSA était connue depuis avril et que tout était prêt depuis le début de l’été, grâce à un travail mené tambour battant par notre fédération nationale, en lien avec tous les acteurs de terrain… ». Et pour couronner le tout, les GDS et les éleveurs sont pénalisés par les dysfonctionnements de l’outil informatique de l’état, SIGAL, incapable d’appliquer les algorithmes liés aux allégements, et même pire, indisponible pendant 10 jours en pleine campagne de prophylaxie.  « La qualité de nos outils informatiques est primordiale pour la gestion du sanitaire et mener à bien nos actions. »

BVD : allègements et économies

Au niveau BVD, 98 % des bovins jurassiens sont aujourd’hui qualifiés NON IPI (Non infecté permanent immunotolérant) , contre 93 % il y a un an. En 2020-2021, le nombre d’animaux positifs à la naissance est passé sous la barre des 2 pour 1 000. « Après 5 années de campagne, les très bons résultats obtenus permettent d’envisager, sur une partie du département, l’arrêt du dépistage par prélèvement du cartilage à la naissance et de s’orienter vers une surveillance sérologique, avec des économies à la clé ». En effet, dans les zones où le virus ne circule plus et où les facteurs de réintroduction de la maladie sont maîtrisés, un simple suivi du lait de tank permettra de surveiller le cheptel. Dans ce contexte, le GDS 39 accueillera un stagiaire en Master2 épidémiologie au cours du premier semestre 2022.

À côté de ces bonnes nouvelles, le président Guillot soulève quelques difficultés récurrentes avec l’administration centrale.

« Encore une fois carton rouge envers la DGAL qui n’a pas souhaité finaliser l’arrêté ministériel lié aux mouvements ! Bien dommageable quand on assainit une zone sans pouvoir contrôler réglementairement les mouvements nationaux… »

Mais il ne manque pas de saluer la bonne collaboration avec l’administration locale : « Merci à la DDETSPP du Jura de nous soutenir sur ce sujet et de mettre en demeure les éleveurs récalcitrants au dépistage. »

La besnoitose : un plan d’assainissement incitatif

La besnoitiose, ou maladie de la peau d’éléphant, fait son apparition dans le Jura. Elle est fatale pour l’animal au stade 3. La maladie se propage essentiellement en période estivale. Le réchauffement climatique et la transmission de cette maladie par des insectes piqueurs (taons), ont incité le GDS39 à mettre en place un plan d’assainissement volontaire pour conserver le cheptel jurassien indemne. Le GDS encourage donc les éleveurs à tester les bovins à l’introduction et prend en charge 50 % du coût de l’analyse, 50 % de l’analyse en cas de plan d’assainissement et 100 euros par bovin positif réformé selon un calendrier établi par l’éleveur lui-même. Dans la phase de veille sanitaire, il est également prévu un sondage sérologique sur tous les laits de tank à l’automne.

Remarque : l’utilisation d’une seule aiguille pour piquer plusieurs bovins est également un vecteur de la maladie.

Vache souffrant de la besnoitiose

Un soutien des collectivités

Le conseil d’administration a décidé que le tarif d’adhésion au GDS n’augmenterait pas, pour la 4ème année consécutive. Notamment grâce au soutien des collectivités territoriales. La région maintient un niveau important d’aide notamment sur les aspects préventifs. Le département du Jura, en plus de son soutien pas le biais du Laboratoire d’analyse de Poligny, vient d’allouer une aide au GDS39 pour son action contre la maltraitance animale. Cette cellule de prévention mise en place depuis 2 ans permet de détecter de manière précoce les éleveurs en difficulté et de les aider à évoluer vers une vie situation favorable. Parmi les signalements, certaines situations très dégradées ont nécessité « des mesures radicales, allant jusqu’à une incitation forte et un accompagnement vers l’arrêt de l’activité ».

Brucellose, un dossier inquiétant !

« La résurgence de cette zoonose,- ou devrais-je dire la non-éradication passée de cette maladie contagieuse -, fait qu’elle reste présente dans la faune sauvage », regrette le président du GDS39.

En cause : les bouquetins du massif du Bargy porteurs de cette bactérie qui contaminent les vaches laitières lorsqu’elles montent à l’alpage.

« Lors de la dernière crise, autant les scientifiques que la profession tout entière avait demandé qu’on élimine massivement les bouquetins afin d’endiguer ce réservoir, mais devant la levée de boucliers des environnementalistes, l’État avait, à l’époque, fait marche arrière ! »

Pour les GDS, le constat est amer : l’administration centrale leur semble coupée des préoccupations du terrain et des attentes de la profession sur bon nombre de dossiers…

« Et pourtant c’est bien unis que nous arriverons à en finir avec ces maladies, à l’exemple de cet herpès (l’IBR) contre lequel nous luttons depuis bientôt 30 ans ! », s’exclame Rémy Guillot.

IR

La campagne 2020-2021 en chiffres

- Résultats d’exploitation du GDS39 : - 17 767 euros ; résultat net : + 8 045 euros.

- Identification bovine : 64 900 naissances dans le Jura ; 258 900 naissances en Franche-Comté.

- Actions du GDS BFC reconnu comme OVS (Organisme à vocation sanitaire), dans le Jura : 603 documents d’accompagnement de prophylaxie édités, 1 297 dossiers (97,1 %) ont été inspectés conformes ; 2 dossiers ont présenté une anomalie sanitaire ; 34 dossiers ont présenté une anomalie dîte administrative, l’absence de régularisation conduit à la suspension de qualification des cheptels (retrait des cartes vertes) par la DDETSPP.

- Le GDS a traité 3 900 dossiers de contrôle à l’introduction, près d’un tiers a fait l’objet d’un suivi spécifique (enquête, courriers aux éleveurs…) ; 24 dossiers ont été considérés comme non conformes, dont la moitié transmis à la DDETSPP pour le motif « absence de contrôle à l’introduction ».

- Sur l’exercice, le GDS a édité pour le compte de l’État : 78 786 Asdas vertes (dont 17 399 suite à la validation d’opération d’introduction) et 10 075 Asdas jaunes (ateliers dérogatoires)

Salmonellose et listériose

667 avortements ont été déclarés et 632 analyses salmonelles/listeria réalisées : 33 résultats positifs en salmonelles (5,2 %) et 30 résultats positifs en listeria (4,7 %). Les incidents sur lait de tank sont restés limités. Pour prévenir ces problèmes : déclaration des avortements et vigilance des éleveurs sont de mises, selon les principes de Biosécurité.

Mortalités

Données de l’observatoire des mortalités des animaux de rente (OMAR), dans le Jura en 2020-2021 : 8,1 % de mortalité sur les veaux de moins de 8 jours contre 7 % au national ; 13 057 morts de bovins notifiées dans le département dont 60 % de veaux de moins de 21 jours, 23 % de jeunes animaux, 18 % d’animaux de plus de 2 ans. Le Jura se situe à la 17e position sur 88 départements d’indice de mortalité le plus faible. Le dispositif OMAR, coanimé par le GDS 39 et le Groupement technique vétérinaire de Bourgogne Franche-Comté, a géré une vingtaine d’alertes renforcées au cours de la campagne (taux de mortalité ponctuel important), qui n’ont pas amené à des actions collectives.