Syndicalisme
L’installation et le loup au cœur des préoccupations des JA 39

Adhérent aux JA du Jura depuis 2012, Philippe Cornu en a été élu président au mois de mars dernier. Il revient sur son parcours et sur les dossiers prioritaires pour le syndicat : l’installation, la présence du loup, les sujets environnementaux et les rapports parfois compliqués avec l’administration.

L’installation et le loup au cœur des préoccupations des JA 39

Au mois de mars, Philippe Cornu, éleveur en lait à comté, âgé de 30 ans, au Gaec les Dances à Plénise, sur le deuxième plateau, a été élu président des JA du Jura. Originaire d’Aiglepierre, installé hors cadre familial, il a un parcours atypique. Après un bac S à Salins-les-Bains, il débute une prépa comme le lui conseillaient ses professeurs, mais se réoriente vers un BTS production animale à Dannemarie : « J’ai toujours été intéressé par l’agriculture que j’ai découvert à la ferme chez mon oncle et ma tante, » raconte-t-il.

Philippe débute sa vie professionnelle comme salarié agricole à Villeneuve d’Aval avant d’accepter un poste de formateur en zootechnique au CFA de Châteaufarine, tout en conservant un mi-temps dans une exploitation à Chilly-sur-Salins. L’enseignement lui plaît et pour continuer dans cette voie, il passe une licence professionnelle en production animale en apprentissage. En 2018, il devient responsable de l’exploitation du lycée agricole de Montmorot, le temps d’une année scolaire. C’est à cette période qu’il rencontre ceux qui deviendront ses futurs associés.

JA depuis 10 ans

Il rejoint d’abord le Gaec de Plénise comme salarié avant de remplacer une associée qui quittait le Gaec. « Il y a toujours une part de risque lors d’une installation, cette période m’a permis de découvrir l’exploitation, d’apprendre à travailler avec les autres associés tout en faisant les démarches administratives. J’ai eu la chance de trouver une structure qui me convient, autant sur le plan relationnel que technique et économique ». Le Gaec des Dances produit 650 000 litres de lait par an qu’il livre aux coopératives du Mont-Rivel et des Plateaux de Nozeroy.

Il adhère aux JA du Jura en 2012 sur le canton de Salins au cours de son BTS. Assez vite, il s’investit à l’échelon départemental, avant même d’être installé :  administrateur de 2014 à 2016 puis au bureau en tant que trésorier de 2016 à 2022 avant d’en devenir président. Parallèlement à cet engagement syndical, Philippe est membre des conseils d’administration du lycée agricole de Montmorot et de la coopérative des Plateaux de Nozeroy et participe au collège producteur du CIGC. « Il existe en agriculture un panel d’organismes assez large, nous siégeons tous dans plusieurs, » explique-t-il. « C’est important car ça permet d’y porter la voie des JA. Mais cette organisation a été mise en place lorsqu’il y avait deux fois plus d’agriculteurs. Il va peut-être falloir repenser ce modèle car c’est parfois difficile de trouver des volontaires pour siéger dans tous ces organismes. »

Transfert de la DJA à la région

Parmi les dossiers auxquels les JA du Jura sont particulièrement attentifs, l’installation bien sûr et le transfert de la compétence DJA de la DDT au conseil régional à partir de 2023. « C’est un gros dossier car dans le Jura le montant de la DJA risque de baisser de 25 à 30 %, notamment suite à la suppression de la 4eme modulation, » estime le président des JA 39. « Et pour le moment, nous ne savons ni comment cela va être instruit ni par qui car la région doit créer ce service de toutes pièces. Faudra-t-il présenter les dossiers à Dijon ou y aura-t-il des antennes départementales ? »

Le loup est aussi au premier plan des préoccupations des JA après les récentes attaques de bétail dans le département. « Il faut réfléchir aux actions et aux moyens de protection à mettre en place, » poursuit-il. « Sur notre exploitation par exemple, nous avons un troupeau de laitières et 5 ou 6 lots de génisses. Les bêtes sont dispatchées selon le parcellaire : il est impossible de les rentrer tous les soirs et difficile de mettre un chien sur chaque lot. Le loup est un animal très discret, on sait qu’il est là quand il attaque. On voit qu’ils ont moins peur des humains, se rapprochent de plus en plus des exploitations et attaquent y compris en journée ».

Concernant les sujets environnementaux, Philippe Cornu regrette que la discussion ne soit pas toujours facile entre les agriculteurs et les représentants de l’administration. Il en appelle au bon sens de chacun « car la législation n’est pas toujours très claire » et cite l’exemple des dates butoirs pour l’entretien des haies afin de protéger les oiseaux : « Ces dates sont les mêmes de Chaussin aux Bouchoux alors que ce ne sont ni les mêmes espèces ni les mêmes conditions climatiques. Au 15 mars, la neige fond encore sur certains secteurs du département et les agriculteurs n’ont déjà plus le droit de les entretenir. Il ne faut pas qu'on nous tape dessus dès le 16 mars tout comme il ne faut pas que les agriculteurs entretiennent les haies à la mi-mai. Nous avons toujours la crainte d’être pris en photo et accusé à tort alors que ça fait partie de notre métier ». Une crainte renforcée par l’agribashing ambiant contre lequel les JA souhaitent lutter en travaillant la communication autour de leurs pratiques auprès du grand public, en particulier sur les réseaux sociaux.

S.C.

Syndical et convivial

Fermes ouvertes, concours de labours, fête de l’agriculture, marchés de producteurs… L’été est riche d’événements organisés par les JA des différents cantons du département.

La traditionnelle fête de l'agriculture aura lieu le 20 août prochain à Ounans. Après plusieurs années de restriction à cause de la crise du COVID, elle devrait reprendre son format habituel avec restauration le midi, concours l'après-midi, repas, animations et musique le soir.

Nouveauté cette année, les JA du Jura participeront aux côtés du Conseil départemental et de l'office du tourisme à la foire de Libramont en Belgique, la plus grosse foire agricole d'Europe.