Santé - alimentation
Bien démarrer la lactation

La préparation du début de lactation par un programme alimentaire adapté permet de prévenir les troubles de santé et les complications au vêlage.
Bien démarrer la lactation

La période du tarissement permet, sur le plan physiologique, le renouvellement des cellules des tissus mammaires, ce qui permet d'optimiser la production laitière lors de la lactation suivante. La durée du tarissement « standard » d'une vache reste de huit semaines, bien que des expériences de périodes de tarissement raccourcies aient été réalisées au cours de la dernière décennie. « Au cours du tarissement, la mamelle est au repos, rappelle Anne Blondel, ingénieur Conseil Elevage : elle reconstitue les cellules de son tissu sécrétoire. Pour une bonne régénération, il faut prévoir une durée minimale de cinq semaines, voire six semaines. Les vaches taries doivent être logées en conditions saines pour éviter toute infection de la mamelle. Un obturateur peut être une aide, mais il n'est pas indispensable et son utilisation n'exclut pas les mesures d'hygiène. »


Alimenter, ni trop, ni trop peu


Second axe de la préparation du vêlage, l'alimentation. Les génisses et les vaches ne doivent être ni sous-alimentées ni suralimentées pendant la dernière partie de leur gestation, parce le risque de vêlage difficile et de problèmes de santé en début de lactation augmente considérablement chez les vaches qui arrivent trop grasses ou trop maigres au vêlage. « Une bonne préparation du rumen à l'ingestion et à la digestion permet d'éviter l'acidose et l'acétonémie, poursuit la spécialiste : en fin de gestation, le volume du rumen diminue en raison de la place occupée par le veau. L'objectif est de limiter cette diminution à 20% maximum, en apportant des fourrages encombrants : foin ou paille appétents. Si la qualité des fourrages n'est pas optimale, il vaut mieux dans ce cas en distribuer de plus petites quantités plus souvent. »
Les papilles du rumen doivent également être préparées : il faut prévoir au minimum six semaines de stimulation pour un développement optimum. « Pour cela, on conserve une part d'amidon dans la ration, par l'apport d'un kilo de céréales environ (aplaties ou en farine) pendant trois à quatre semaines avant le vêlage. » Enfin, il faut préparer dans le rumen la flore qui sera adaptée à la digestion des aliments distribués au début de la lactation. Une flore a besoin de trois semaines pour se mettre en place : il faut donc commencer à donner une partie de la ration des laitières trois semaines avant le vêlage (environ 15 kilos bruts d'ensilage par exemple, ou pâturage selon les cas).
Dans le cas de lots, une ration commune pour tout le groupe en période de pré-vêlage pourra être distribuée. Deux semaines avant la date de vêlage prévue, la quantité de céréales peut aller jusqu'à un maximum de 1 % du poids vif de la vache ou de la génisse. Cette technique permet de stimuler l'appétit au vêlage et au début de la lactation. Attention toutefois à la qualité minérale du mélange de concentrés : trop riche en calcium, il favorisera la fièvre de lait. L'orge, l'avoine ou de maïs, ainsi que les mélanges minéraux spécifiques aux vaches taries, sont les matières premières à privilégier pour cette ration pré-vêlage. On peut y adjoindre de petites quantités (0,5 à 1 kg) de complément protéique juste avant le vêlage. Certains fourrages destinés aux vaches en lactation peuvent être également consommés par les vaches taries pendant la période de pré-vêlage.


Privilégier les fibres


D'une manière générale, il faut donc privilégier les aliments fibreux, tels que le foin, qui permettent de conserver le rumen en bon état de fonctionnement. Dans les troupeaux qui reçoivent une ration complète, on peut distribuer 8 à 9 kg de cette ration additionnée de foin sec pendant les trois semaines qui précèdent le vêlage. Il n'est pas nécessaire d'y ajouter des céréales si cette ration en contient déjà. Plus généralement, le passage à la ration pour vache en lactation doit être graduel pour maintenir une bonne alimentation et la santé des vaches.
Dernier volet de la stratégie de prévention : la complémentation minérale ! « Les besoins en calcium sont très élevés au vêlage par rapport au tarissement. La mobilisation des réserves osseuses est sous contrôle hormonal, mais il faut plusieurs jours pour qu'il soit opérationnel. La teneur en calcium de la ration totale doit donc être contrôlée. Par ailleurs, le magnésium facilite le vêlage et la délivrance. Pour éviter notamment les fièvres de lait, il faut donc adapter la nature du complément minéral et vitaminique (CMV) en fonction de la richesse en minéraux des aliments distribués pendant le tarissement. A titre d'exemple, une ration de vache tarie constituée de 15 kg d'ensilage de maïs, 6 kg de foin minimum, 500 g de céréales et 1,2 kg de tourteau 50/50, sera complémentée avec 100 g de CMV 8-18-5, 30 g de sel et 100 g de chlorure de magnésium. »
Pendant les premiers jours qui suivent le vêlage, il ne faut pas immédiatement augmenter la part de concentré au-delà de la quantité offerte en pré-vêlage. Mieux vaut offrir un fourrage de qualité, avec autant de foin sec que possible. L'important est de s'assurer que la vache s'alimente à volonté et que son rumen reste plein pour prévenir la déformation d'estomac et la fièvre vitulaire. Au début de la lactation, les besoins en protéines sont élevés, atteignant 19 % de la MS de la ration. Au pic de la production laitière, le besoin de protéines est de 18 %.


Augmenter progressivement les concentrés


L'objectif est d'amener les vaches au maximum d'aliment riche en protéines dans les deux premières semaines de lactation. Pour cela, il faut augmenter progressivement la quantité de concentré de production, de manière à éviter de déséquilibrer brutalement le fonctionnement du rumen. La plupart des vaches tolèrent une augmentation de 1 kg tous les deux jours pendant la première semaine, puis 0,5 kg tous les deux jours de la deuxième semaine et ensuite 0,3 kg tous les deux jours de la troisième semaine.
Côté hygiène, le box de vêlage constitue la solution la plus adaptée. Cette partie doit être maintenue en parfait état de propreté, bien ventilée et soigneusement nettoyée après chaque vêlage. Il s'agit d'éviter la contamination du veau (nombril et tube digestif) et de la mère (vagin, utérus) par les bactéries pathogènes d'environnement. Si ce box est contigu à l'étable, cela permet à la vache de rester en contact par l'odorat, la vue et l'ouïe avec le reste du troupeau, et ainsi de limiter son stress.


Alexandre Coronel