Filière bois et forêt

Franchement beaux avec un "comté" bourguignon

En Côte Chalonnaise, le village de Rully, dont le patrimoine architectural est particulièrement riche avec deux magnifiques châteaux, a retrouvé de son lustre avec la rénovation de la salle des fêtes au centre du bourg. Cette ancienne halle aux grains a eu plusieurs vies depuis 1910. Devenue salle de spectacle et cinéma, elle est désormais la salle des associations, avec une scène plus polyvalente, des rangements invisibles, un bar… Madame la maire, Sylvie Laurence Trapon ne regrette pas le choix des « matériaux biosourcés », lui permettant de concilier économie d’énergies, utilisation de ressources locales, touche de modernité… donnant une nouvelle jeunesse à ce lieu de vie communal. « Oui, c’est un surinvestissement, mais nous avons aussi eu plus de subventions (60.000 €) pour un usage plus économique au final », pour ses administrés sur le long terme. Les architectes Perche-Rougeault se sont amusés à « travailler sur le contraste de l’enveloppe grise avec le bois ». Les menuiseries en mélèze et le bardage en douglas se mariant avec la lumière apportée par le porche d’entrée. L’isolation étant le fait de laine de bois. Les 350 m2 de parquet de la salle étant en chêne. Une parfaite illustration « des savoir-faire et innovations » que souhaitait justement mettre en avant Fibois BFC avec son concours. Faute de projets, ce concours se tient tous les deux ans en Bourgogne-Franche-Comté, expliquait Christian Dubois, délégué général Fibois BFC. 39 porteurs de projets ont candidaté en 2023.

11 lauréats récompensés

Après délibération du jury, onze réalisations remarquables ont été́ récompensées, dans huit catégories différentes (voir encadré). Plusieurs membres du jury étaient présents ainsi que certains lauréats. Fibois BFC leur présentait alors les vidéos promotionnelles accompagnant ce prix et mettant en valeur les ouvrages ainsi que les « philosophies » derrière ces projets. Comme pour le siège de la Caisse d’Épargne, 10.000 m2 en matériaux biosourcés mariant béton, bois, métal avec une « double peau » en verre. Derrière ce R + 8 à Valmy près de Dijon, le charpentier Simonin a utilisé un système de levage sans grue. Le bâtiment tout en bois a une tenue au feu d’1h30.

À Pontarlier, les nouveaux bureaux de Teckicéa sont faits de bois local permettant aussi de « structurer scieurs et industriels ». « Nous voulions aussi démontrer qu’il est tout à fait possible d’utiliser des bois scolytés du Haut-Doubs. Cela n’altère en rien ses propriétés mécaniques s’il est utilisé relativement tôt ». En réalité, tous les projets étaient originaux comme la réfection de la couverture du Donjon du Château de Belvoir dans le Doubs, en bardeaux fendus chanfreinés en châtaignier de bois de pays (Tavaillon de l’Allier). Avec aussi du peuplier, car ce bois « peut plier », plaisantaient sérieusement les charpentiers de Nouveau & Myotte. On notera enfin la cuverie Dujac à Morey-Saint-Denis (Côte d’Or) qui voulait un écrin à la hauteur de ses vins. La charpente en bateau renversé assis sur la cave, où trônent de belles cuves inox, donne une vision de « durabilité » (isolation à base de paille). Pour le vigneron, cette « nouvelle esthétique d’un beau bâtiment lui permet d’encore mieux travailler tous les matins ». Innovation remarquable, les encadrements sont en pierre pour s’intégrer au patrimoine du village alors que la structure est en bois : issu de chênes de 200 ans du Morvan. « Il faut respecter ces matériaux extraordinaires » permettant de rénover en mêlant traditions, innovations et modernité.

Cédric Michelin