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Un parc de batteries en photovoltaïque ?

À l’heure de la crise énergétique, le photovoltaïque a plus que jamais le vent en poupe. Avant de se lancer, il faut prendre en compte les besoins propres à chaque atelier, la courbe de consommation de votre exploitation ou encore l’ensoleillement du site, mais aussi et surtout envisager l’installation d’un parc de batteries pour stocker l’électricité non consommée.

Un parc de batteries en photovoltaïque ?

L’intérêt d’un parc de batteries est de gagner en autonomie. Le nombre de batteries solaires à installer, leur puissance ainsi que leur technologie (plomb, lithium…) dépend de la durée d’autonomie souhaitée et de votre courbe de consommation. Le dimensionnement et le nombre précis d’appareils nécessaires doivent être calculés au plus juste des besoins. Une telle installation est rentable lorsque le besoin d’électricité ne correspond pas à la période de production, le soir, pendant la nuit ou le matin très tôt. Vous pouvez également installer un système de back-up pour utiliser votre parc en cas de coupures de courant, un dispositif essentiel pour les exploitations qui font de la transformation et/ou de la surcongélation, mais aussi pour les serres chauffées.

Pour choisir ses batteries, il est important de comparer la capacité de stockage et de décharge maximum (DoD), le rendement et le nombre de cycles estimés. ‍La capacité de stockage se mesure en kilowatt par heure (kWh), sachant que la plupart des batteries peuvent être couplées afin d’augmenter la capacité de stockage totale du système, d’où le terme de ʺparcʺ. La puissance de sortie permet, elle, de mesurer la capacité de l’appareil à délivrer de l’énergie en instantané. La profondeur de décharge des batteries solaires indique la décharge maximale à ne pas dépasser pour ne pas endommager le système. Par exemple, pour une batterie de 10 kWh dotée d’une profondeur de décharge de 90 %, ne dépassez pas 9 kWh de consommation avant de la recharger. Un seuil qui peut être programmé. Quant au rendement, il correspond à la quantité d’énergie que la batterie peut restituer par rapport à la quantité d’énergie nécessaire pour la recharger. Un rendement de 80 % correspond à 5 kW envoyés dans le système pour 4 kW restitués. Dernier critère, la durée de vie de vos batteries. Elle se calcule en nombre de cycles, sachant qu’un cycle équivaut à un déchargement total et que l’on en compte 250 à 350 par an. Les appareils en lithium sont, sans surprise, les plus pérennes avec une longévité qui peut atteindre les 8.000 cycles, soit 20 ans maximum. Chaque système a une durée de vie différente en fonction de sa technologie. Certains types de batteries nécessitent en outre la pose d’un régulateur de charge pour prolonger leur durée de vie, le niveau de charge ne devant pas passer sous les 50 % pour un entretien optimal de l’appareil. Pour optimiser le fonctionnement et réduire l’usure de votre équipement, il est essentiel d’éviter les charges trop rapides, les charges partielles, les surcharges, les décharges trop profondes ou encore les températures extrêmes.

Les différents types de batterie

Polluants, les différents types de batteries au plomb ont une durée de vie limitée qui n’est pas appropriée à une exploitation agricole. Quant à la batterie au lithium, relativement chère, préférez-lui une batterie au Lithium Ion, bien plus rentable sur le long terme. Son prix à l’achat est, certes, plus élevé mais elle ne nécessite aucun entretien et sa durée de vie est sans commune mesure avec les premiers prix. Enfin, l’une des dernières arrivées dans l’industrie du stockage est la batterie au sodium qui utilise l’électrolyse de l’eau salée. Contrairement aux autres types de batteries pour panneaux solaires, elle ne contient aucun métal dangereux ou rare. Un choix écologique qui n’exige pas de processus de recyclage particulier. Le manque de recul sur ce type de produit ne permet pas, en revanche, de se prononcer sur leur fiabilité. Outre les batteries, il existe des solutions de stockage d’énergie de plus en plus innovantes, dont la batterie virtuelle. L’électricité produite que vous n’utilisez pas est censée être ʺstockéeʺ sur le réseau.

Batterie Lithium-Ion

Lorsque vous en avez besoin, mais que vous n’en produisez pas, vous pouvez alors consommer l’équivalent de la quantité d’énergie ʺstockéeʺ sur le réseau. Effectivement, vous ne repayez pas l’électricité que vous faites revenir chez vous, puisque vous l’avez donnée gratuitement au fournisseur. En revanche, vous payez taxes et frais de transports liés à ces allers-retours sur le réseau. Des taxes qui représentent 66 % du prix habituel de l’électricité, ce qui rend l’opération peu rentable en France. D’autant plus que si vous ne vendez plus votre surplus d’électricité, vous perdez certaines aides de l’État, dont la prime à l’autoconsommation.

De l’intérêt du photovoltaïque

Que l’on y ajoute, ou non, un parc de batteries, le photovoltaïque reste une solution pérenne pour maîtriser ses dépenses énergétiques, comme le rappelle David Du Clary, conseiller énergétique de la Chambre d’agriculture : « le photovoltaïque permet de calculer un prix moyen de l’électricité sur les trente années à venir ». Une ressource qui n’est pourtant pas gratuite « sur un générateur de 44 kilowatts crête (kWc, unité de mesure de la puissance d’un panneau solaire exposé à un rayonnement maximal, N.D.L.R.) on arrive à un coût de production moyen actualisé de l’ordre de quatre centimes du kWh ».

Dans le prix du générateur, il y a trois choses : le générateur, le raccordement et les éventuels travaux annexes de génie civil, de renforcement de la charpente ou encore de désamiantage. Le prix d’un générateur de 44 kWc est de 40 à 50.000 €, pose comprise. Le raccordement est de 49 €, si vous avez un compteur Linky, 1.500 € dans le cas contraire. Les travaux annexes, eux, dépendent de chaque exploitation et peuvent, parfois, menacer l’économie du projet. « J’ai eu le cas d’un éleveur dont la fromagerie était de l’autre côté de la route. Il y avait une tranchée de trente mètres à faire pour un générateur de 18 kW, soit 5.000 € de travaux annexes, ce qui représentait un quart de son investissement », raconte le conseiller. En moyenne, en milieu agricole, un générateur coûte entre 90 centimes et 1,10 € du watt. Une installation qui, lorsqu’elle est destinée à l’autoconsommation, est soumise à une obligation d’achat sur le surplus. EDF rachète le kWh 9 centimes pour moins de 10 kWh produit, 6 centimes si c’est plus, et cela durant 20 ans. Il existe en outre une prime à l’investissement qui varie en fonction de la puissance installée et représente entre 7 et 10 % du projet.

Autre aide, indirecte cette fois, l’exonération de la taxe CSPE. Taxe qui, actuellement, ne vaut presque rien en raison du bouclier tarifaire qui l’a réduit au minimum autorisé par l’UE, passant ainsi de 2,25 centimes le kWh à 0,1 centime en 2023. Mais, dès 2024, cette CSPE sera certainement à nouveau appliquée à un taux plein de 2,57 centimes. Il n’existe pas, en revanche, de prime à l’installation stricto sensu. Les derniers arrêtés tarifaires interdisent, notamment aux collectivités, d’ajouter des subventions en raison des risques de distorsions de concurrences, selon la réglementation européenne.

Ariane Tilve