Journée Herbe
« Cultivons l'herbe : le sol, la prairie, et la vache »

Pour bien démarrer la saison herbagère, à la veille de la mise au vert des troupeaux, le groupe herbe de Franche-Comté donne rendez-vous à tous les éleveurs le mardi 11 avril prochain à Tarcenay pour une journée technique sur l'herbe, avec visite d'exploitation à l'appui.
« Cultivons l'herbe : le sol, la prairie, et la vache »

Pas de vache bien nourrie et productrice de bon lait sans prairies de qualité ! Pas de prairie de qualité sans une flore équilibrée, pas de flore de valeur sans sol fertile et en bon état de fonctionnement. Ainsi, la boucle pourrait être bouclée !, mais c'est sans compter sur le savoir-faire de l'éleveur, qui au gré de ses pratiques va pouvoir bonifier la synergie de ces postulats de cohérence entre le végétal et l'animal pour en tirer un maximum d'efficacité.

L'herbe pâturée reste le fourrage le plus économique, qui de par ses qualités et ses équilibres participe à la maîtrise des coûts alimentaires.
Quelle que soit la part d'herbe dans le système d'élevage, l'essentiel est d'être dans une logique d'approche globale qui prend en compte le levier agronomique au service du sol, support de la prairie, qu'elle soit naturelle ou temporaire et les leviers d'action techniques relatifs à la conduite des surfaces fourragères et du troupeau ; tout cela dans un contexte agro-climatique et environnemental donné, mais aussi quelques fois chahuté !

 

Le sol : un support fragile


Les sols de prairies peuvent être sensibles au compactage en période humide, comme ce fut le cas au printemps dernier. Toute erreur de comportement en période très pluvieuse peut handicaper durablement le fonctionnement racinaire. Sur sol gorgé d'eau, le piétinement des animaux s'avère même deux à trois fois plus préjudiciable qu'une roue de tracteur.
Une zone compacte souvent observée en prairie entre 8 et 12 cm de profondeur entrave le développement des racines et accentue l'effet « paillasson » révélé dès la montée des températures estivales.
Au-delà de l'effet « réparateur » du gel sur la structure compacte du sol, on peut aussi utiliser des matériels de type « aérateurs » pour décompacter le sol tout en respectant la prairie. Mais, mieux vaut prévenir que guérir. Pour optimiser le potentiel de production d'herbe, les interventions qui respectent le milieu naturel sont à privilégier à l'arrivée d'une période de printemps. Un atelier spécifique à ce sujet sera proposé aux participants.

 

Pas une, mais des prairies...


La « culture » d'herbe au sens large s'adresse à tous les types de prairies, souvent naturelles dans nos contrées herbagères parce qu'elles y ont toute leur place, mais aussi temporaires, pour l'essentiel constituées de mélanges multi-espèces.
Alors souvent beaucoup d'interrogations : ma prairie est-t-elle suffisamment productive, ma flore est-t-elle de qualité, comment préserver les légumineuses, quelle type de fertilisation apporter... ?
Ces questions seront traitées au cours de la matinée au travers des méthodes de diagnostic des praires, du raisonnement de la fertilisation organique et minérale, sans oublier l'entretien des prairies. Les thèmes du choix des espèces et des variétés, de l'implantation jusqu'à l'exploitation seront évoqués pour les prairies multi-espèces, avec explications concrètes sur le terrain l'après-midi.

 

La vache comme révélateur !


La traduction de la qualité des prairies s'exprime au travers des résultats en production laitière tant en volume qu'en qualité, jusqu'aux vertus des omégas 3.
Exploiter l'herbe au bon stade et offrir des repousses feuillues à volonté, c'est potentiellement 22 à 25 litres de lait autonome avec une complémentation limitée. Les valeurs alimentaires de l'herbe et ses propriétés en font un fourrage équilibré d'excellente qualité. Reste à bien organiser les surfaces en herbe pour valoriser au mieux le pâturage avec toute la rigueur nécessaire au pilotage de cette ressource fourragère à maîtriser. L'observation de l'éleveur pourra être confortée par des outils, des indicateurs de gestion et de prévision qui viendront compléter l'organisation parcellaire et les aménagements qui s'y rapportent.
Lors de la visite d'exploitation, un atelier concret traitera de la conduite et de la valorisation du pâturage.

 

Une exploitation vous ouvre ses prairies !


Le Gaec familial des fils d'Arsène Cuinet, aujourd'hui géré par Philippe et Arsène accueillera les participants sur ses prairies à Tarcenay, où l'exploitation produit 430 000 litres de lait à comté sur 150 ha. La construction en 2016 à l'écart du village d'une stabulation libre permet d'offrir 50 ha accessibles au troupeau des 65 laitières à proximité du point de traite.

« Sortir tôt au printemps » (13 mars cette année), tel est l'objectif des associés pour valoriser l'herbe dès que le sol est porteur en assurant une transition alimentaire de 15 jours. « Nos sols superficiels sont plus productifs en début de saison, avec une fertilisation azotée apportée fin février, alors autant en profiter au maximum. Au-delà, une période de 15 jours sans précipitations avec des températures élevées freine la pousse de l'herbe... Pour autant, depuis mon installation en 2007, seule la fin de saison 2016 très séchante nous a conduit à pratiquer un affouragement de maïs vert en dépannage » précise Philippe.

« Favoriser les légumineuses » est aussi une priorité. « Nos terrains avec une exploitation précoce offrent une bonne place aux légumineuses, plus encore sur les prairies semées en mélange avec un ou deux trèfles, explique-t-il. Nous compostons la totalité du fumier de l'aire paillée épandu sur les prairies, ce qui permet d'assainir le tas vis-à-vis des mauvaises herbes et de favoriser les légumineuses »