AROMAS
Quand les agriculteurs parlent d'environnement...

Les producteurs de la coopérative des Eritrônes sont passés au révélateur de la méthode Biotex. Il en ressort que, même si certains points restent à améliorer, leurs pratiques sont plutôt favorables à la préservation de la biodiversité de leur territoire et répondent aux attentes de la société. A eux désormais d'en parler !
 Quand les agriculteurs parlent d'environnement...

Malgré les attaques qu'ils subissent régulièrement, les agriculteurs sont sensibles aux questions environnementales. Et c'est tout naturellement qu'ils adaptent leurs pratiques à un territoire qu'ils entretiennent et valorisent. Les résultats de l'étude Biotex qui a été menée en Petite-Montagne, sur le secteur de la coopérative des Erythrônes à Aromas, le confirment. « Le travail qui est mené n'est pas si mauvais que ça, même s'il nous faut travailler encore sur certains points à améliorer... » Le message est signé Benjamin Delesalle, le président de la coopérative qui, sur l'exploitation d'Alexis Delorme, ouvrait la présentation du rendu de cette étude menée à la demande de l'Urfac sur plusieurs territoires de Franche-Comté, dont celui de la coopérative d'Aromas.

La biodiversité n'est pas une donnée facile à mesurer. De l'échelle du territoire de la coopérative à celle de la parcelle, il s'agit d'apprécier l'organisation spatiale du paysage : par exemple pour les haies, de regarder si elles sont connectées, d'étudier la diversité des essences, la hauteur, le type de taille. Il y a en effet un lien très fort entre les paysages, l'usage agricole et la biodiversité. »
Marie Leroy, élève ingénieure à l'Agrocampus Ouest Rennes, a réalisé son stage de fin d'étude au sein de l'Urfac (Union régionale des fromages d'appellation comtois). Elle y a déployé la méthode Biotex auprès des producteurs des 20 exploitations de la fruitière de Vernierfontaine. « J'ai enquêté les éleveurs des 21 exploitations du secteur sur leurs pratiques, en particulier la gestion des prairies permanentes : fertilisation, chargement, période de fauche, date d'entrée des animaux dans les parcelles... En découpant le territoire de la coopérative avec un quadrillage constitué de mailles de 6 ha (250 mètres de largeur correspond à l'aire de rayonnement des petits pollinisateurs), on s'aperçoit que 80% des mailles comportent soit une haie, soit un bosquet, soit une lisière... »
Il ressort de cette analyse des pratiques que 40% des prairies permanentes du territoire de la fruitière sont exploitées de manière très favorable à la biodiversité. Conduites de manière extensive, elles sont peu fertilisées et fauchées tardivement, ce qui permet à un maximum d'espèces végétales de s'y maintenir. Pour Marie Leroy comme pour Denise Renard, la secrétaire générale de l'Urfac, « la préservation de la biodiversité est incluse dans les pratiques des agriculteurs du secteur, déjà sensibilisés aux questions environnementales de par leur classement en zone Natura 2000. Elle n'est pas une fin en soi !... Les agriculteurs composent avec la nature, sans faire d'effort particulier au niveau de leurs pratiques. En entretenant les paysages, en préservant la biodiversité et les cours d'eau, ils contribuent à la qualité de vie sur un territoire. En terme de production, mais aussi d'emploi, de tourisme... »

« Répondre aux attentes sociétales »

 

Alain Mathieu, le président de la fédération des coopératives laitières du Jura, ajoute : « C'est une démarche qui nous permet de regarder la photographie de la biodiversité et de nos pratiques. Puis d'en parler nous-mêmes, avec nos mots. Nous avons besoin de ce genre d'étude pour trouver les mots justes et mieux répondre aux attentes sociétales... »
L'avenir permettra peut-être d'étendre cet inventaire des pratiques à d'autres secteurs de la zone de production des fromages AOP, c'est du moins le souhait qu'avait formulé Claude Philippe, le président de l'Urfac. « Cette étude scientifique nationale, pour laquelle l'Urfac a trouvé des producteurs motivés et volontaire, permettra de voir plus loin, et d'envisager de déployer Biotex dans d'autres fruitières du massif ! On ne va pas faire toute la filière mais l'idée c'est d'avoir des points de repères, des outils d'évaluation.»
Biotex est une méthode qui parle aux agriculteurs et elle est assez facile d'utilisation sur le terrain. La coopérative de Plasne et une coopérative du Doubs sont d'ores et déjà candidates pour la tester.