Apiculture
2018, année record

Jusqu'à 150 kg de miel par ruche ! 2018 est une année record pour la production de miel. Les conditions météo exceptionnelles en sont la raison majeure. Attention, la situation pourrait être bien différente et dramatique l'an prochain. En cause, la baisse brutale annoncée des surfaces de colza.
2018, année record

La production de miel nécessite la combinaison de nombreux facteurs : des colonies dynamiques et des abeilles en grand nombre, des fleurs en quantité dans l'environnement et un excellent processus de nectarification. Sur ce dernier point, la chaleur, l'amplitude des températures, l'hygrométrie et l'humidité des sols sont indispensables. En Champagne, toutes les conditions étaient remplies cette année pour répondre aux besoins des abeilles, de la météo à la ressource alimentaire disponible. Cette heureuse combinaison a permis en outre d'empêcher l'arrivée de maladies, dont la maladie noire qui avait provoqué de lourdes pertes au cours des années précédentes. L'enjeu sanitaire est crucial puisque la présence de pathologies et de virus réduit fortement la production de miel.

 

Anticiper pour mieux gérer

 

La production apicole est dépendante du climat, de la ressource et du savoir-faire des apiculteurs, qui doivent de plus en plus anticiper des éléments qu'ils ne peuvent maîtriser que partiellement. La filière apicole doit prendre conscience que rien n'est jamais acquis. Les fluctuations de production sont une réalité et le seront sans doute encore davantage à l'avenir. Les années de forte production doivent alimenter les stocks pour compléter les années de pénurie. Au-delà des apiculteurs, des conditionneurs et de distributeurs, les pouvoirs publics doivent aux aussi intégrer ces nouvelles données pour concevoir une politique apicole durable en France, permettant le maintien du service de la pollinisation gracieusement assuré par les butineuses.

 

Vers une année noire en 2019 ?

 

En apiculture, les années se suivent et ne se ressemblent pas. Après 2018, année exceptionnelle, les inquiétudes sont d'ores et déjà vives pour 2019. Là encore, c'est le climat qui joue un rôle majeur. La sécheresse de la fin de l'été a empêché l'émergence d'une ressource alimentaire dans le milieu naturel. La réduction des apports de pollen a eu pour conséquence un arrêt prématuré du cycle de ponte des abeilles. Les colonies risquent ainsi d'être moins dynamiques en sortie d'hiver.

La sécheresse a également eu pour conséquence de rendre très difficile la levée du colza semé il y a quelques semaines. Les surfaces de colza pourraient diminuer d'au moins 30% sur l'ensemble du territoire. Si cela se confirme, c'est l'une des principales ressources pour les abeilles qui fera défaut. Les conséquences seront dramatiques, aussi bien au niveau du développement et de la santé des colonies qu'à celui de la production de miel.

 

Lutte collective contre le varroa

 

Pour faire face à cette inconnue qu'est le climat et anticiper au mieux les phénomènes chroniques de fluctuation d'une année sur l'autre, les apiculteurs doivent apporter un soin parfait à leurs colonies. Cela passe par les enjeux sanitaires. La mise en place d'une lutte collective contre le varroa facilite la maîtrise de ce parasite qui depuis son arrivée en France en 1982 est devenu au fil des années l'ennemi numéro 1 des abeilles. Les apiculteurs doivent également apporter une attention particulière à l'environnement de leurs ruchers et s'assurer que leurs abeilles pourront butiner une ressource suffisante. Un bol alimentaire satisfaisant nécessite tout au long de l'année des apports de pollen et de nectar diversifiés, de qualité et en abondance.

« Le changement climatique impacte fortement la filière apicole. Les variations de production d'une année sur l'autre sont importantes et le phénomène va s'amplifier dans les années à venir. Si 2018 restera une année exceptionnelle, les motifs d'inquiétude pour 2019 sont sérieux. La diminution sensible des surfaces de colza serait une véritable catastrophe pour l'apiculture française. Loin des polémiques sur les pesticides, les apiculteurs doivent renforcer la vigilance sanitaire portée aux colonies et avancer main dans la main avec les agriculteurs pour s'assurer de la disponibilité d'une ressource pour les butineuses » selon Philippe Lecompte, apiculteur professionnel bio et président du Réseau Biodiversité pour les Abeilles.