Congrès FNSEA
« Qu'a fait la France pendant 20 ans ? »

Nous avons interrogé Isabelle Bailly, Christophe Buchet et Jean-Marie Hervé, présents parmi la délégation jurassienne, à la sortie du congrès FNSEA pour connaître ce qu'ils retiennent de ces trois jours à Angers.

« Qu'a fait la France pendant 20 ans ? »
La délégation jurassienne était composée de Gilles Duquet, d’Isabelle Bailly, de Christophe Buchet, de Jean-Marie Hervé et de Frederic Perrot

Le rapport d'orientation intitulé "entreprendre en agriculture, notre projet, notre futur" a été voté à l'unanimité puis soumis aux regards croisés de plusieurs intervenants extérieurs au monde agricole lors du dernier jour. Que retenez-vous de ces travaux ?

CB : Ce rapport d'orientation ainsi que notre rapport d'activité démontrent que la FNSEA a de l'ambition. En France, il faut qu'on apprenne à avoir confiance en ce que l'on fait. Malgré les critiques, les agriculteurs doivent être fiers de ce qu'ils sont et de ce qu'ils font pour nourrir les gens.

JMH : J'ai apprécié cette table de ronde et particulièrement l'intervenant qui parlait du sol. Il remarquait que l'on réussit à envoyer des fusées sur d'autres planètes alors que l'on ne sait même pas ce que l'on a sous nos pieds. Là-dessus, je pense que l'on a beaucoup de progrès à faire et pour cela il faut faire confiance à la recherche et à la science pour trouver de bonnes solutions pour le sol, pour l'eau, pour l'azote où l'on est très dépendant, pour notre avenir en agriculture. Dans un autre registre, la démographe qui intervenait nous a proposé de faire confiance à la jeunesse, en leur proposant d'être acteurs des transitions dans nos entreprises. Cela pourrait s'articuler avec un contrat pour les jeunes générations sur 7 ans où ils s'engageraient vraiment pour être acteur des changements, à partir d'une feuille de route claire mais où ils pourraient s'investir librement et ainsi avoir le sentiment d'être utiles pour faire avancer et évoluer nos entreprises y compris sur nos fermes. Ce sont les jeunes qui doivent faire évoluer le monde d'aujourd'hui. 

Le ministre de l’Agriculture était présent au congrès de la FNSEA malgré les annonces du Président de la République le même jour sur le plan eau, cela quelques jours après les manifestations anti-bassines à Sainte-Soline. Que retenir de son intervention ?

IB : Le ministre s'est voulu rassurant sur le plan eau puisque l'agriculture ne fera pas l'objet de baisse de prélèvements d'eau dans ce nouveau plan. Il semble plutôt lucide sur la nécessité de maintenir de la production car il a conclu son propos en disant "dans un monde de carnivore, croire que c'est les herbivores qui vont s'en tirer c'est une faute". 

JMH : Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture ET de la souveraineté alimentaire a bien précisé que c'est la République qui a été attaqué à Sainte-Soline et que ces projets de stockage d'eau étaient issus d'un processus démocratique où tous les recours judiciaires avaient été exploités et que les autorisations finales étaient données. Malgré tout, cela n'arrête pas ceux que je qualifie "d'escrolos" puisque désormais ils viennent attaquer la propriété privée et l'outil de travail des agriculteurs. Alors que le ministre nous parlait de Poutine qui avait travaillé depuis 20 ans sur sa souveraineté alimentaire, qu'avons-nous fait en pendant 20 ans ? Je constate que les autres pays bossent et avancent pendant que nous en France on se gratte la tête à savoir si c'est bien ou pas bien. Pendant ce temps perdu, les autres nous tiennent dans leurs mains en agriculture, en énergie, en tout...

CB : Par rapport à Sainte-Soline, à maintes reprises durant le congrès, y compris par le ministre, il y a eu une forte dénonciation des actes qui ont été commis, et des questions que cela soulève derrière, avec des organismes dont certains qui "représentent" des agriculteurs qui viennent détruire le travail d'autres agriculteurs. On ne peut que déplorer et condamner ces actes, et tout notre soutien a été amené durant ce congrès envers les forces de l'ordre qui étaient sur le site et aux agriculteurs qui ont des parts dans cette bassine. Nous renouvelons une nouvelle fois notre soutien au président de la FDSEA des Deux Sèvres car au-delà de tout cela, ces fanatiques s'en sont pris à sa personne de façon odieuse, et on condamne cet acte lamentable. 

Ce congrès était marqué par le départ de Christiane Lambert qui souhaite enfin profiter un peu des siens après une carrière au service de la profession. L'émotion était au rendez-vous ?

JMH : L'hommage à Christiane Lambert a été exceptionnel y compris par des personnalités extérieures à notre réseau syndical. Je crois que l’on n’a jamais autant applaudi à un congrès.

CB : Après 2 mandats à la tête de la FNSEA et plus de 40 ans de syndicalisme, l'hommage appuyé était pleinement mérité. Sa fougue et sa pugnacité devront être une source d'inspiration de chaque instant pour la nouvelle équipe qui arrive. Elle devra notamment s'approprier la communication car Christiane était très présente et performante dans les médias. C'est un sacré challenge à relever mais nous avons confiance en nos nouveaux leaders.

IB : Je retiendrais la conclusion de Christiane à la tribune, entourée par sa famille et l'équipe sortante : « Nous sommes fiers de ce que nous sommes, nous sommes fiers de ce que nous faisons, nous sommes fiers d'être la FNSEA ». 

Intervention Isabelle Bailly, Vice-Présidente de la FDSEA 39 au congrès FNSEA

Intervention Isabelle Bailly, Vice-Présidente de la FDSEA 39 au congrès FNSEA

"En 2022, les agriculteurs du massif jurassien ont pu se rendre compte de ce qu'étaient les réalités de la prédation du loup sur les bovins. Nous n'avions pas forcément conscience de ce que d'autres avaient pu vivre avant nous. Aujourd'hui, nous le subissons et le comprenons ! La mise à l'herbe approche et avec elle l'angoisse grandi pour bon nombre d'éleveurs et la situation nous inquiète.

Les premiers éléments du futur plan loup ne sont pas à la hauteur et notre région diot être associée aux discussions. Il va falloir nous faire entendre à Paris et Bruxelles."