Elevage caprin
Le GPS pour plus d'efficacité

Le témoignage de Rachel Deveze, éleveuse de chèvres alpines chamoisées dans les Hautes-Corbières, est un exemple d'application des nouvelles technologies pour réduire l'astreinte dans la conduite de troupeaux de petits ruminants
 Le GPS pour plus d'efficacité

C'est par un témoignage vidéo qu'a commencé la conférence consacrée à « l'élevage de précision pour les petits ruminants », organisée dans le cadre du Sommet de l'élevage. Rachel Deveze, éleveuse de chèvres laitières dans l'Aude, est confrontée depuis son installation à la tâche difficile de retrouver quotidiennement ses animaux afin de les conduire en salle de traite. « Nos chèvres pâturent quasiment toute l'année sur une zone qui représente une centaine d'hectares, dans le massif de Hautes-Corbières. Le relief est accidenté, en grande partie boisée... ce qui fait que nous consacrions avec mon mari parfois plusieurs heures à localiser le troupeau ! L'un de nous partait en 4 X 4 sur la route des crêtes et essayait de les apercevoir en contre-bas. Les chèvres sont des animaux difficiles à prévoir, d'autant plus que les nôtres sont issues d'un troupeau semi-sauvage des Pyrénées : en fonction de la météo, de leur humeur, de la végétation... elle vont privilégier tel ou tel secteur de la montagne. »


Le tracking des chèvres chamoisées


Mais depuis bientôt un an, les choses ont bien changé. « Il nous suffit d'aller jeter un œil sur l'ordinateur pour savoir où les chèvres sont allées. On peut alors les rejoindre directement. » Rachel Deveze a équipé son troupeau de plusieurs colliers munis chacun d'une petite balise GPS. Celle-ci émet régulièrement un signal radio et communique ainsi sa position géographique à un serveur distant. « Jusqu'à un passé très récent, la géolocalisation des troupeaux était réservée aux grands herbivores (vaches, chevaux), détaille Pierre-Guillaume Grisot, de l'Institut de l'élevage. Il y avait plusieurs obstacles à l'utilisation de cette technologie sur les petits ruminants. D'abord un problème de taille et de poids, qui a été résolu par la miniaturisation des systèmes. Ensuite, une question de nature économique : est-ce que la valeur unitaire d'un animal, ou la marge par animal permet d'investir dans un tel système ? » Le modèle de balise de tracking dans lequel Rachel Deveze a investit est intégré dans un petit boîtier robuste à toute épreuve (climat, chocs, morsures, frottements) solidement fixé à l'animal par un collier. Il dispose d'une large autonomie énergétique. « Le retour quotidien des animaux en salle de traite me permet de recharger les batteries des colliers. J'en profite aussi pour les passer d'une chèvre à une autre. »


Suivi du pâturage


Outre le repérage du troupeau, la géolocalisation des petits ruminants ouvre un large éventail de perspectives de valorisation des données collectées. « En regardant par où sont passées mes chèvres sur l'écran, je peux connaître leur emploi du temps, savoir par où elles sont passées, quelles plantes elles ont consommé... », explique l'éleveuse. « On peut envisager d'autres développements ultérieurs avec cette technologie, poursuit Pierre-Guillaume Grisot : un système d'alerte par exemple si les animaux sortent d'une zone définie à l'avance par l'éleveur, une barrière virtuelle en sorte, mais aussi la surveillance de la consommation de la ressource herbagère ou encore d'autres points du comportement (périodes de repos, mouvements de fuite vis à vis d'un danger...) »

 

AC