Assemblée générale de la coopérative Inverval
Entre aléas climatiques et inflation

Interval a clôturé l’exercice 2022-2023 avec un résultat net d’1,17 millions d’euros. Une performance dans un contexte d’hypervolatilité des prix des intrants et des produits agricoles, sur fond d’inflation et de hausse du prix de l’énergie… sans parler des épisodes météo extrêmes.

Entre aléas climatiques et inflation
Didier Vagnaux, qui fête cette année ses 30 ans de coopération à Interval, a souligné la valeur de l’engagement humain dans les réussites de la coopérative, tant du côté des administrateurs que de celui des collaborateurs.

Plus de 300 personnes étaient à Arc-les-Gray, le 14 décembre dernier, pour l’assemblée générale d’Interval. Avec 120 sites, la coopérative est présente dans huit départements, mais surtout sur les départements ‘’historiques’’ de la Haute-Saône et du Jura. Elle compte 4 323 adhérents et 1 341 livreurs, et emploie 470 collaborateurs. Philippe Guichard, son directeur, a présenté les chiffres-clés de l’exercice 2022-2023, clôturé le 30 juin dernier. Difficile, alors que les négociations de la Cop28 font la Une de tous les médias, de passer sous silence l’épineuse question du… climat ! D’autant plus que les dernières campagnes ont presque toutes été caractérisées par des épisodes météorologiques ‘’extrêmes’’ : « Les records de précipitations de cet automne dans nos régions, avec plus de 250 mm en deux mois en Bourgogne Franche-Comté et plus de 500 mm en un mois dans certains secteurs du Jura nous font oublier la sécheresse de l’été 2022 et les discours alarmants sur le niveau des nappes phréatiques », relève le président Didier Vagnaux dans son rapport moral.

Une des pires collectes d’automne de la coopérative

La météorologie a des conséquences directes sur les productions végétales. « 2022 est l’année la plus chaude jamais enregistrée en France et la deuxième année la plus sèche : la collecte d’automne 2022 restera comme une des pires connues par la coopérative. », présente le directeur, pour expliquer le chiffre de 391 971 tonnes de collecte globale (en recul de 3%), recul néanmoins amorti par une collecte d’été moyenne (+3% en blé avec la qualité au rendez-vous, +9,1% en orge d’hiver).

En plus de la météo capricieuse, les dirigeants d’Interval ont dû composer avec une volatilité historique et extrême sur ses marchés. « Cette campagne 2022 se résume par un long déclin des prix, tous produits confondus », expose Philippe Guichard, revenant sur la sécurisation des échanges au départ des ports ukrainiens, le ralentissement économique en Chine, la dégradation de la parité euro/dollar, l’indexation des marchés oléagineux sur les cours du baril de pétrole… « Dans ce contexte, notre chiffre d’affaires progresse de 18,6% par rapport à l’exercice précédent pour s’établir à 136,75 millions d’euros ». Le président Didier Vagnaux a pour sa part souligné la difficulté de la prise de décision des responsables, dans ces conditions inédites et instables : « augmentation des coûts de crédits, d’assurance, d’entretien, d’investissement… on peut imaginer le casse-tête quotidien des personnes en charge de ces dossiers : faut-il vendre ou pas ? acheter ou non ? se positionner ou pas ? De leurs choix dépendent nos marges d’exploitation et le résultat de notre coopérative. » L’occasion de rendre hommage et de renouveler sa confiance et celle du conseil d’administration à tous les collaborateurs du groupe Interval.

Un automne clément pour les semis

Côté approvisionnements, la météo a aussi joué les trouble-fêtes, en compliquant l’application des produits de protection des plantes lors du printemps 2023, marqué par l’alternance de temps frais et d’averses… Les cours élevés des engrais azotés ont plombé leur utilisation. « L’augmentation du chiffre d’affaires en Nutrition des plantes de 19,3% est principalement du à la hausse des cours. ». Le volet protection des plantes augmente de 10,2%. « Le chiffre d’affaires herbicide progresse de 16% notamment grâce à une grosse croissance des désherbages d’automne sur les céréales. » Si les insecticides sur colza ont baissé, du fait d’une moindre pression de ces ravageurs, les molluscicides ont en revanche progressé de 12%.

Enfin, dans le domaine de la nutrition animale, l’impact de la sécheresse sur les rendements et la qualité des ensilages de maïs a marqué l’exercice. « Les éleveurs ont pu absorber la hausse de leurs coûts de production grâce à l’augmentation du prix du lait. » Sauf en bio… Dans ce contexte les rétrocessions d’aliments par la coopérative reculent de 7,6%, avec un tonnage facturé en baisse de 6,7% « qui s’explique par la diminution des exploitations et le mode survie des éleveurs provoqué par la hausse des prix. »

Bref, une année compliquée, notamment par les conséquences du conflit entre la Russie et l’Ukraine, avec des répercussions dans les domaines sensibles du prix de l’énergie, des engrais, des céréales et des oléagineux. « Ce conflit a coûté cher aux agriculteurs et à leur coopérative… », résume le président, justifiant la politique de ristourne adoptée par la coopérative « pour soutenir les finances de nos sociétaires ».

AC