Percée du vin jaune 2016
Last but not least...

A Lons-le-Saunier, la 20ème édition de la « Percée du vin jaune » a battu un nouveau record de fréquentation le week-end dernier, succès qui n'éclipse pas la question du renouvellement de cette fête populaire, ni celle de la mobilisation en baisse des vignerons, après plusieurs maigres récoltes.
 Last but not least...

La météorologie particulièrement arrosée du 7 février n'a pas découragé les amateurs de vin jaune, venus nombreux dans les rues de Lons-le-Saunier, où se tenait la vingtième édition de la Percée pendant deux jours. 20 après la première, c'était le tour du millésime 2009 d'être à l'honneur, 6 ans et 3 mois après sa mise en barriques. Ce week-end, un record a donc été battu environ 60 000 participants dans les rues du centre ville., selon les organisateurs. Contrairement à l'habitude, c'est surtout le samedi après-midi, bien ensoleillé, que les visiteurs se sont pressés dans les caveaux ouverts pour l'occasion. Jusqu'à saturation d'ailleurs ! Il fallait en effet parfois patienter plus de trois quart d'heure dans la file d'attente avant de pouvoir accéder au précieux breuvage... «Samedi c'était la folie, trop de monde par rapport au nombre de caveaux ouverts (60 pour 40 000 visiteurs), reconnaît Jean-Yves Noir, du Domaine de la Petite Marne à Poligny : moins de viticulteurs, plus de monde, ça bloque. Il y a eu un peu d'énervement en fin de journée, on peut comprendre les gens qui ont payé pour déguster et n'arrivent pas à accéder aux caveaux...»  Pour autant, le producteur ne jette pas la pierre à ses collègues absents. «Après trois petites années, les stocks sont bas et nous avons déjà du mal à satisfaire nos clients habituels, alors que participer à la percée nécessite aussi un certain volume : pour nous, depuis qu'on la fait, c'est environ 200 bouteilles de vin jaune qui passent en dégustation à chaque fois.»


Années difficiles


Même son de cloche pour Christian Pêcheur, «l'un des rares à avoir été présent à chaque édition», qui reconnaît qu'une limite a été atteinte dans le rapport entre le nombre de visiteurs et le nombre de caveaux ouverts au public «l'aspect météo restera aléatoire, c'est quelque chose qu'on ne pourra jamais maîtriser... d'ailleurs on est tous pareils, il manque 30 000 hectos depuis quatre ans sur le vignoble jurassien.» Et ce n'est pas l'intérêt de l'événement qui est en cause. «La Percée fait connaître le vignoble, les vins du Jura, c'est quelque chose qu'on a vraiment constaté au fil des années, dans les salons auxquels on participe. Notre vignoble, le plus petit en taille au niveau national, est désormais bien connu, partout ! Les retombées dépassent d'ailleurs largement le vin, 50 km à la ronde il n'y a plus un logement disponible ! C'est aussi les secteurs de l'hôtellerie, de la restauration et du commerce qui en profitent largement.»

 


Xavier Reverchon, encore à la joie du double clavelinage qui récompense ses vins jaunes de 2005 et 2008 ajoute : «La Percée est un événement qui crée des liens entre des personnes d'horizons très variés, c'est une des grandes forces de cette manifestation. C'est une superbe vitrine pour nos produits, c'est sûr, mais c'est avant tout une fête et ça doit le rester ! Le vin jaune est un produit d'exception, pas donné, qui se mérite... la percée permet à un grand nombre d'y accéder, alors nos difficultés d'intendance, de logistique, ça passe après !»
La percée du vin jaune marquera donc une pause en 2017. Les organisateurs ont décidé de réfléchir et de repenser la manifestation. Mais ce changement de rythme n'est il pas de nature à «casser» la dynamique de la Percée, et en particulier la forte mobilisation bénévole sur laquelle repose en grande partie cet événement ?


Enthousiasme bénévole


«On espère tous que ça ne va pas démobiliser les bénévoles, sans lesquels la Percée ne pourrait pas avoir lieu. Il faut savoir que ça démarre dès septembre pour certains, afin que tout soit prêt le jour J. Dans notre cave, j'ai eu une équipe qui est venue pendant trois jours, avec tout le matériel nécessaire, pour préparer les menuiseries qu'on utilise aujourd'hui (comptoir, présentoirs, décoration...) ils sont heureux, enthousiastes, et ça fait chaud au coeur.», détaille Christian Pêcheur.

 


Pour Jean-Yves Noir, qui a aussi connu la Percée à son origine «en tant que responsable des caveaux», la pause de 2017 va permettre de faire un bilan, et de tout mettre à plat. «Ca passe par une discussion entre tous les producteurs, pour trouver un fonctionnement susceptible de fédérer plus largement, d'assurer la relève et d'accueillir le public dans de bonnes conditions.»


Alexandre Coronel


Clavelinage : 13 producteurs distingués


L'opération de «clavelinage» est ouverte aux récoltants, coopératives et négociants produisant ou commercialisant du Vin Jaune des quatre appellations : Château-Chalon, Arbois, L'Etoile, Côtes du Jura, âgés de dix ans et trois mois au maximum. Le nombre d'échantillons par participant est limité à deux par millésime et par appellation. Un jury, rassemblant professionnels et amateurs avertis, distingue les meilleurs vins jaunes représentatifs de leur AOC et de leur millésime. A l'issue d'une dégustation à l'aveugle, très rigoureuse, un tiers des vins jaunes présenté est "claveliné. Cette année, le clavelinage avait lieu à la Maison des agriculteurs.
 

 

 

Vente aux enchères

 

L'habituelle vente aux enchères publiques de la Percée s'est tenue le samedi après-midi dans la grande salle de l'ancien Hôtel de Ville de Lons-Le-Saunier. Parmi les 280 lots de vins et alcools du Jura proposés à cette vente se trouvaient cinq bouteilles anciennes : trois Château-Chalon et un vin de paille du XIX° siècle et un macvin du premier quart du XX° siècle: Seules deux d'entre-elles ont finalement trouvé preneur : le macvin 1924 de Paul Pernet à Pannessières, dans une bouteille en verre moulé, de type "Bourgogne", d'une contenance de 50 cl, pour une valeur de 600 €, et le Château Chalon 1870 présenté dans une bouteille en verre soufflé, de type "Jura", d'une contenance d'environ 50 cl, pour 1 900 €.