Session de chambre d'Agriculture : plusieurs projets reportés par la crise
Le résultat financier 2020, fortement impacté par la crise sanitaire, est légèrement négatif. Il démontre la capacité d’adaptation de la Chambre. Plusieurs sujets d’actualité comme le plan de relance, l’arrêté cadre sécheresse et la création d’une filière courte pour la viande ont été évoqués.
La session de la chambre d’Agriculture du Jura du mardi 9 mars s’est déroulée à minima, une nouvelle fois en visioconférence. Seuls les membres du bureau et quelques administrateurs étaient en présentiel.
L’année 2020 a été atypique pour la chambre d’Agriculture. Les priorités ont été modifiées en urgence pour faire face à la crise sanitaire. « Les visites sur le terrain ont été bousculées, » a rappelé le président François Lavrut. « De nombreuses médiations entre des collectivités et des agriculteurs se sont arrêtées soudainement. » Certaines actions, notamment autour des énergies renouvelables ont été reportées ainsi que des investissements comme la rénovation des locaux de Lons-le-Saunier. Les moyens matériels et logistiques nécessaires pour garantir la santé des salariés, des agriculteurs et de tous les partenaires ont été mis en place.
La campagne PAC a été compliquée à organiser au mois de mars lors du premier confinement car elle nécessitait jusque-là beaucoup de présentiel. Un logiciel de partage d’écran a été installé en urgence pour aider à distance les agriculteurs à monter leurs dossiers.
Un effort particulier a été fait pour aider les producteurs locaux fortement impactés. Le marché de Noël a été maintenu et le site internet « J’veux du local » a été lancé en partenariat avec le département. Il répertorie les points de ventes des produits paysans et rencontre un succès grandissant.
Baisse des charges et des recettes
Financièrement, la baisse des charges (–4,4%) dues au covid n’a pas compensé la baisse des recettes (-5,9%). Le résultat est négatif de 68 000 euros. La masse salariale, correspondant à quarante-huit équivalents temps pleins, a diminué de 6,1 %. Des embauches de personnels ont été reportées, remplacées cette année par des intérimaires, par exemple pour la campagne PAC. La perte de la compétence apprentissage en 2019 s’est répercutée sur le budget 2020.
Le nombre d’installations est aussi en baisse, passant de 70 en 2019, année exceptionnellement haute, à 40. « Les installations sont cycliques », a précisé François Lavrut. « Les années ne se ressemblent jamais, les chiffres sont lissés dans le temps. »
Jean-Luc Iemmolo, directeur de la DDT du Jura, est ensuite intervenu par visioconférence pour présenter l’état d’avancement du volet agriculture, alimentation et forêt dans le Jura (voir encadré). « Certaines mesures ont rencontré un réel succès. Il faut rouvrir le plan protéine, » a plaidé François Lavrut.
Irrigation : les données des Asa prises en compte
Le débat a ensuite porté sur l’arrêté cadre sécheresse. « Le système d’harmonisation régionale de l’irrigation est très pénalisant pour le Jura, » a rappelé le président de la chambre. David Philot, préfet du Jura a annoncé que désormais toutes les données issues des réseaux locaux, dont les relevés des piézomètres des Asa (associations syndicales autorisées), seront prises en compte par la Dreal. La gestion du déclenchement du seuil d’alerte restera départementale mais pas celle de l’alerte renforcée. « Malgré ces avancées, nous resterons très vigilants, » prévient Christophe Buchet, président de la FDSEA.
Sur le plan de relance, il regrette que le volet de professionnalisation des organisations de producteurs ne soit pas ouvert : « Cela nous donnerait plus de poids lors des négociations avec la grande et moyenne distribution dans le cadre de la loi Egalim. »
Filière courte pour la viande
La création d’une filière courte pour la viande a aussi été abordée. Clément Pernod, président du Conseil départemental, souhaite qu’un abattoir jurassien lui soit consacré, avec un magasin d’usine. La chambre d’Agriculture, par la voie de François Lavrut, s’est dite prête à s’investir dans le projet. David Philot, le préfet, a reconnu que le Jura avait du retard sur cette filière et que le local pouvait la dynamiser. Un projet, porté par le préfet de Région, est d’ailleurs à l’étude au niveau Bourgogne Franche-Comté.
Pour conclure la session, François Lavrut a évoqué l’agribashing et les moyens de lutter contre : « Je reste convaincu qu’on devra mieux et plus communiquer. Mais les agriculteurs ne représentent que 2 % de la population française. Nous devrons trouver des soutiens politiques et citoyens. »
SC
Plan de relance / Etat d’avancement du volet agriculture, alimentation et forêt dans le Jura
Mesures closes :
- Prime à la conversion des agroéquipements : 47 dossiers déposés pour un total de 584 000 euros.
- Plan protéine : 8 dossiers déposés pour un total 130 000 euros. Ce volet devrait être rouvert avec ciblage sur les cultures protéiques.
- Diagnostic carbone
- Soutien à la création de projets alimentaires territoriaux (PAT) : 1 projet déposé par la communauté de communes Arbois Poligny Salins
- Filière graines et plants pour la forêt : pas de dossier dans le Jura
Mesures en cours :
- Protection contre les aléas climatiques : 6 dossiers dans le Jura pour 75 000 euros.
- Crédit d’impôts HVE
- Accueil des animaux abandonnés : nombreux projets en Bourgogne Franche-Comté mais aucun dans le Jura
- Aide aux abattoirs : 1 dossier monté, 1 en cours. L’enveloppe régionale est bientôt consommée.
- Structuration des filières : 1 dossier à venir (filière miel)
- Plan protéine aval : 1 dossier
- Biodiversité
- Aquaculture et pêche : déjà 2 dossiers alors que le volet vient d’ouvrir.
- Projets Alimentaires Territoriaux : plusieurs dossiers en cours
- Alimentation locale et solidaire, cultures partagées : appel à projets possible jusqu’à fin avril
- Repeuplement forestier : dossiers instruits par la DDT. Plusieurs centaines d’hectares devraient faire l’objet d’aides.
- Filière bois aval : 1 dossier
Mesures non-ouvertes :
- plantation de haies
- Biosécurité et bien être animal
- Professionnalisation des organisations de producteurs
- Communication et formation aux métiers de l’agriculture
- 1000 restaurants durables