Chambre d’agriculture du Jura
De nouvelles règles de pilotage pour le budget

Une session de chambre d’agriculture consacrée au budget avec des changements de méthodes comptables et une réorientation des priorités, pour un pilotage « plus fin et plus réactif ». Cette assemblée plénière a été écourtée à cause de la venue du président de la République dans le Jura le jour même.

De nouvelles règles de pilotage pour le budget
Estelle Wurpillot, directrice CA39, Franck David, vice-président du conseil départemental, François Lavrut, président CA39, Jean-Christophe Cholley, directeur adjoint de la DDT, et Christophe Buchet, vice-président CA39

La session de chambre d’agriculture de fin d’année est traditionnellement consacrée au vote du budget rectificatif de l’année écoulée et prépare le budget initial de l’année suivante. Les règles du jeu devraient changer à l’avenir. En effet, une motion a été adoptée en session pour permettre au bureau de la chambre d’agriculture de voter le budget rectificatif dès le mois de septembre, soit deux mois plus tôt qu’en novembre, pour être en capacité d’ajuster. Deuxième grande modification : le budget passe d’une présentation comptable à une vision analytique (dépenses et recettes affectées à chaque action), grâce à un changement de logiciel et l’arrivée de nouvelles compétences en la personne d’Hélène Chassain, nouvelle responsable budgétaire. « Nous pouvons ainsi avoir un suivi renforcé par actions et piloter plus finement notre activité. C’est l’outil de pilotage qui nous manquait. L’élan est donné depuis cet été, je suis optimiste pour l’avenir », signale Estelle Wurpillot, directrice de la chambre d’agriculture du Jura. La directrice remercie les équipes « qui se sont prêtées à l’exercice ».

« L’objectif est d’aller vers plus de prestations, plus de rentabilité et toiletter les conventions. Nous avons mis en place des leviers d’aide à la décision, permettant aux élus de faire des choix et de définir des priorités », souligne François Lavrut, président de la chambre d’agriculture.

80 dossiers installation

Le budget rectificatif 2023 présente un déficit de - 157 644 euros, déficit contenu au regard des - 368 000 euros de déficit prévus au budget initial 2023. La masse salariale a diminué pour atteindre 45,59 ETP du fait de postes vacants : un conseiller bio, deux conseillers filière, un conseiller boues et un conseiller aménagement. Ces postes ne sont pas tous pourvus à ce jour. Les charges de fonctionnement ont diminué d’environ 150 000 euros (-6 %). Côté recettes, la TFNB a augmenté de 3 % mais le poste conventions diminue, certaines actions n’étant plus financées par la région et le département. Les prestations sont en progression grâce à de nouvelles actions développées : les diagnostics Bas carbone et le Conseil stratégique phytosanitaire (CSP). Mais aussi une hausse des prestations comme la déclaration PAC (50 % des agriculteurs), une légère hausse des prestations Mes P@rcelles (80 000 euros de recette), une reprise des plans d’épandage suspendus par la Covid, et enfin un fort dynamisme des installations, avec 80 dossiers suivis en 2023 et autant attendus en 2024. Le président de JA, Philippe Cornu, salue le travail réalisé par la chambre d’agriculture sur les dossiers installations mais ne cache pas son inquiétude pour la prochaine programmation

Rénovation du bâtiment forêt

Pour 2024, le budget initial voté en session à l’unanimité moins 2 abstentions, prévoit un résultat de - 341 148 euros, toujours en déséquilibre même s’il est moindre qu’au budget initial 2023, et avec une marge possible, notamment la TFNB qui pourrait augmenter en cours d’année. Les grandes orientations de ce budget 2024 : un poste de dépenses contraint au niveau salarial, privilégier les prestations et rester prudent sur les conventions, « avec un suivi renforcé et un prévisionnel au plus près de la réalité », indique Estelle Wurpillot. À noter, parmi les prestations qui se développent : le diagnostic Bas carbone aidés par le conseil régional avec un reste à charge d’environ 500 euros pour l’exploitant, le développement des études sédiments pour Voies navigables de France, les PLUI, le PAT Dolois… Grâce au recrutement par la chambre d’agriculture de nouveaux agents pour les actions forêt, de nouvelles conventions Adevbois pourront être développées. Même si une défiance est affichée par la FRSEA sur les CSP, « avec encore un coût supplémentaire pour les agriculteurs », pointe Frédéric Perrot, « la chambre d’agriculture, en tant que service public, se doit d’être opérationnelle quand les agriculteurs se présenteront », indique François Lavrut. Dans ce cas, un renfort salarié sera envisagé.

Enfin le budget 2024 prévoit la rénovation du bâtiment de la forêt privée financé par un emprunt de 550 000 euros et dont les bureaux seront destinés à la location. D’autres travaux sont prévus. Ils concernent le hall d’accueil et la pose de panneaux photovoltaïque sur les bâtiments (45 000 euros) pour une production d’électricité autoconsommée.

Accompagner les agriculteurs

Le président de la chambre d’agriculture dans son discours a évoqué divers sujets d’actualité : l’inflation et son impact sur la hausse des charges et aussi sur l’agriculture biologique « boudée par les consommateurs », la nécessité d’accompagner l’agriculture biologique, la souveraineté alimentaire française « qui ne doit pas rester un vain mot », le plan loup « qui ne répond pas aux attentes des éleveurs », le rôle stratégique de la chambre d’agriculture pour accompagner la bonne dynamique d’installation », « l’enlisement des dossiers de modernisation » qui ne sont toujours pas instruits par la région, « le casse-tête des nouvelles aides PAC » et l’appui que la chambre d’agriculture a assuré auprès des agriculteurs pour « sécuriser leurs dossiers », l’appui en conseils stratégiques sur les exploitations (Agrilean, Bas carbone, …) pour lesquels la chambre d’agriculture a candidaté auprès de la région « et où nous sommes dans notre cœur de métier, avec une approche globale de l’exploitation, des compétences techniques et économiques », insiste François Lavrut.

Arrivé au terme de cette session écourtée, le président de la chambre d’agriculture a voulu dédier à l’ensemble des agriculteurs qui ont lutté contre les incendies cet été, la médaille que le président de la République lui remettrait quelques heures plus tard à Orgelet.

Prochains rendez-vous

L’intervention sur le thème de l’engagement des femmes en agriculture, qui devait être traité lors de cette session d’hiver, est reporté à la session de printemps, en mars.

Autre rendez-vous à noter sur les agendas : le forum des opportunités organisé par le PAT du Pays dolois en partenariat avec la chambre d’agriculture aura lieu le jeudi 4 avril 2024 après-midi au Manège de Brack à Dole.

IR

En bref

- Deux motions présentées par la Confédération paysanne, l’une soutenue par le GAB39 sur le refus des OGM/NGT et l’autre sur le mode de scrutin aux élections chambre d’agriculture ont été rejetées. Christophe Buchet pour la FDSEA a appelé à voter contre. « On ne peut pas refuser le progrès scientifique face aux enjeux de faim dans le monde, si l’on veut aller vers une diminution des produits phytosanitaires, avoir la possibilité de produire demain du colza et de la moutarde et enfin rechercher des plantes moins gourmandes en eau. Si des semences ont reçu une autorisation de mises en marchés, il faut que l’on puisse avoir accès à ces évolutions », conclut le président de la FDSEA.

 

- Tarifs : une évolution de + 5 % votés lors de la session de chambre d’agriculture, soit un tarif jour de 672 euros pour l’agriculteur et 740 euros pour les collectivités. Une hausse de + 4 % pour Mes P@rcelles et pas d’augmentation pour le Conseil stratégique phytosanitaire.

 

- Philippe Lacroix (CNPF) est le nouveau représentant de la forêt à la chambre d’agriculture en tant que membre invité et en remplacement de Patrick Bourgeois.