Assemblée générale JA
« Nous attendons des actes ! »

Les Jeunes agriculteurs du Jura ont tenu leur assemblée générale. Parmi les sujets évoqués, l’actualité chaude du moment, après les manifestations des agriculteurs. Philippe Cornu, qui terminait son mandat comme président JA, a toujours voulu rester « constructif ».

« Nous attendons des actes ! »

« Je voudrais saluer l'ampleur de la mobilisation qui a eu lieu ces derniers mois ».

Devant l’assemblée des jeunes agriculteurs réunis à Lemuy, ce 29 février, le président de JA39, Philippe Cornu, a rappelé l’enchaînement des événements qui ont mené à embraser les campagnes.

En premier lieu, une pression normative environnementale qui fait dire à bon nombre d’agriculteurs que « la coupe est pleine ». Mécontentement exprimé symboliquement avec l’opération « On marche sur la tête » en novembre dernier où les Jeunes agriculteurs de France ont retourné les panneaux à l’entrée de nombreuses communes. La rencontre dans le même temps du président de la République et du ministre de l’Agriculture lors de son passage à Orgelet pour présenter des revendications spécifiques au Jura. Et le constat, toujours, de ne pas être pris au sérieux par le gouvernement, pas entendu.

En janvier, le ton se durcit avec une mobilisation sans précédent au niveau national.

Dans le Jura, JA et FDSEA ont mené deux actions : la première avec plus de 250 tracteurs qui ont convergé vers la ville préfecture, la seconde en bloquant l’accès des centrales d’achat de GMS à Tavaux et Rochefort-sur-Nenon.

Face à la provocation

« Certains diront que nous n’avons pas frappé assez fort… Nous avons toujours voulu garder un esprit de responsabilité. Malgré la colère, nous devons continuer à porter nos positions avec détermination et dignité. Mais pour avancer dans un esprit constructif, il faut pouvoir travailler en confiance ! ». Pour le président de JA, la confiance est rompue quand l’Élysée annonce convier au débat le groupe écologiste Les soulèvements de la terre. « C’est de la provocation, nous ne pouvons le tolérer », s’insurge Philippe Cornu.

Au niveau des deux structures syndicales FNSEA/JA, le mot d'ordre est clair. « Après toutes ces prises de paroles et les annonces faites, ce que la profession attend aujourd'hui ce sont des actes, un véritable changement de logiciel pour notre agriculture ! Ces nouvelles perspectives devront se traduire par un PLOA fort et ambitieux qui permettra de sauver l'agriculture française. Cela passera aussi par la mise en place tant attendue de clauses miroirs pour obtenir des produits importés le respect de nos standards de production ».

Philippe Cornu a annoncé ne pas se représenter pour un second mandat de président des JA 39.

Inquiétude sur les dossiers installation

Philippe Cornu a insisté sur les difficultés avec la région concernant le retard de paiement des aides à l’installation, tout comme le retard de traitement des dossiers pour les fonds européens Feader (modernisation des bâtiments, …).

« Seul point positif, nous avons obtenu un rehaussement du montant moyen de DJA à hauteur de 40 000 € pour la nouvelle programmation qui, on l'espère, débutera en juillet. De plus, il semblerait que le conseil régional nous ait enfin entendus et soit enclin à mettre en place des commissions professionnelles lors de l'instruction des dossiers. »

 

L’addition est salée

À cela s’ajoutent d’autres difficultés dans les filières.

Le président des JA rappelle qu’en 2023 l’élevage bovin n’a pas seulement subi les assauts des associations antispécistes ou encore de la Cour des comptes qui préconise de diminuer le cheptel français mais aussi celui du loup, « qui accentue le découragement et le désespoir des éleveurs » avec des attaques « toujours trop nombreuses » sur des ovins en Petite Montagne et sur des génisses dans le canton de Mouthe.

« Qu'en est-il de nos revendications sur la simplfication des tirs de défense, la création du statut de chien de protection, la non-protégeabilité ? Le nouveau Plan national d'action qui est censé entrer en vigueur en 2024 n'est toujours pas validé », alerte Philippe Cornu.

Du côté des productions végétales, l'addition est également salée entre le conseil stratégique phytosanitaire qui devait entrer en vigueur, de nouvelles taxes sur les produits phytosanitaires et les surtranspositions franco-françaises de la réglementation Européenne. Sans compter la carte des zones humides qui doit paraître en 2024, et qui couvre presque 30 % du territoire national. 
« Fort heureusement, la mobilisation du réseau JA/FDSEA 39 à permis de faire entendre la voix du monde agricole et à faire avorter le projet de parc naturel régional qui était en projet sur la Bresse. » 

Mise en valeur de l’agriculture

« Vous l’aurez compris l’actualité syndicale a été très dense ces derniers temps mais elle ne doit pas totalement occulter l'énergie déployée par nos JA pour mettre en valeur l agriculture jurassienne ». Le président des JA dans son rapport moral rappelle les différents événements qui y ont contribué : le tour de France et l’investissement des jeunes agriculteurs, notamment du canton de Salins, la deuxième place au concours "Les agris aiment le tour" organisé par la FNSEA, les portes ouvertes dans les exploitations, les concours cantonaux de labour et de pointage, la fête de l'agriculture dont l'édition 2023 était organisée par le canton de Conliège/Clairvaux, et enfin la finale départementale des jeunes pointeurs qui s’est tenue en décembre à Molpré

Fin de mandat

Cette assemblée générale marquait aussi la fin de mandat de président pour Philippe Cornu, après deux années à la tête des Jeunes agriculteurs du Jura et 10 années d’engagements au JA. « Je vous remercie pour votre confiance, pour ces années enrichissantes, et pour votre présence nombreuse aujourd’hui. » Le président sortant invite les jeunes à s’investir toujours davantage dans les structures départementales. Il pense notamment aux groupes de travail qui vont être mis en place sur la simplification administrative en partenariat avec la DDT.

Serge Castel, préfet du Jura, a d’ailleurs évoqué devant les JA le sujet de la simplification administrative et assuré la profession de l’écoute de ses services.

« Le changement passe aussi par l’engagement de chacun. Il est important d’être présent pour que les choses évoluent. », conclut Philippe Cornu.

IR