AG de la Fédération des chasseurs du Jura
« La chasse n’est pas le problème, mais nous pouvons être la solution ! »

Plusieurs centaines de chasseurs jurassiens étaient réunis samedi 6 avril dans la salle de l’Oppidum à Champagnole pour l’assemblée générale de leur fédération. Dans un rapport moral au vitriol, le président Christian Lagalice a épinglé avec fermeté et humour les nombreux opposants à la chasse. Un discours accueilli par des salves d’applaudissements régulières.

« La chasse n’est pas le problème, mais nous pouvons être la solution ! »
Christian Lagalice : Christian Lagalice a défendu l’identité culturelle des chasseurs contre la cynégétophobie

« Je rejoins totalement les agriculteurs quand ils dénoncent ce constat si évident de notre époque où on marche sur la tête ». Dans un discours sans langue de bois, dont certains passages ont provoqué des applaudissements nourris, le président de la Fédération des Chasseurs du Jura Christian Lagalice a dénoncé entre autres « les têtes pensantes bien calées dans leur confort urbain qui érigent leurs dogmes en vérité », « les ONG et associations qui sous couvert de sauver le monde, fabriquent des activistes délinquants et violents », « les théoriciens de la nature qui considèrent la chasse comme l’une des principales menaces pour la biodiversité » ou encore « l’écologie punitive grande donneuse de leçons »…

Il a tenu à rappeler que les chasseurs n’avaient rien à cacher et sont à l’origine de nombreuses études sur toutes les espèces. « Nous sommes d’accord sur la nécessité de disposer de données scientifiques concernant certaines pratiques de chasse » a-t-il déclaré, regrettant que la LPO refuse un protocole d’expérimentation sur la chasse à la glu pratiquée dans certains départements. « Pour beaucoup d’experts autoproclamés, la science, c’est quand ça les arrange, si cela ne vient pas gêner leur fonds de commerce. Refuser la science, c'est se complaire dans l'obscurantisme qui a toujours été la marque des totalitarismes. C'est une dérive inquiétante. » 

« Un chiot n’est pas un bébé chien »

Le président Lagalice est revenu sur l’affaire des renards retrouvés morts à Fort du Plasne, affaire pour laquelle les chasseurs ont été un temps soupçonnés par les médias. « Je crains les effets collatéraux de cette lamentable affaire de tirs de nuit et de stockage de cadavres au bord d'une des plus belles rivières jurassiennes, la veille de l'ouverture de la pêche. Si on voulait donner une définition au mot connerie, on a ici le plus bel exemple. Cette affaire est révélatrice de notre époque. » selon lui les journalistes voulaient absolument en faire une histoire de chasse. Lorsque le communiqué de la préfecture indiquant avoir retrouvé le coupable est paru, des médias nationaux ont annulé les rendez-vous prévus. « Les journalistes qui étaient en route ont fait demi-tour : manifestement le sujet ne les intéressait plus puisque la chasse était dédouanée ».

Pour lui, tout cela est le résultat d'une doctrine animaliste prônant l'égalité homme-animal. « A force d'humaniser les dessins animés, on finit par avoir une vision idyllique et erronée du monde animal : non, un lionceau n'est pas un bébé lion et un chiot n'est pas un bébé chien, » poursuit-il. « Un bébé, c'est un être humain dans les premiers mois de sa vie. Attention au vocabulaire utilisé. J'exagère, je voudrais le penser, mais quand l'association Péta demande la suppression des chevaux en bois au prétexte que ça développe un sentiment de supériorité de l'homme sur l'animal, tout est possible ! »

Christian Lagalice récuse le terme de bien-être animal pour lui préférer celui de bien-traitance et craint qu’à l’avenir, des contraintes insurmontables mettent un terme à l’élevage des animaux de compagnie.

« Un dinosaure écrasé sur les routes »

Le dossier des grands prédateurs a ensuite été évoqué. Les chasseurs déplorent que l’augmentation du nombre de loups et ses conséquences sur la faune sauvage soient ignorée par le nouveau plan national d’action. « Combien de loups dans le massif du Jura ? » questionne le président des chasseurs jurassiens en réclamant une étude pour évaluer les conséquences de cette présence. « On nous accuse de vouloir conserver nos populations de cerfs et de chevreuils mais quand ils auront été consommés où ira le report de prédation ? Alors qu’on nous rebat les oreilles avec le principe de souveraineté alimentaire, on préfère sacrifier des brebis et des bovins plutôt que des loups, pour la plus grande joie des éleveurs néo-zélandais. Sans parler du désespoir des éleveurs et de leur sentiment d’impuissance ».

Quant au lynx, Christian Lagalice constate que le nombre d’individus pris en photos dans le Jura ou retrouvé écrasé au bord des routes est en nette augmentation alors que les chiffres officiels n’ont pas évolué depuis 15 ans. « Plus un animal est présent, plus il a de chance de se faire écraser. Quand on retrouvera un dinosaure écrasé sur les routes, c’est qu’ils seront revenus. » 

Pour la FdC, la protection de la nature ne peut se faire sans la compréhension et l’acceptation de l’action des hommes qui vivent dans ces territoires. « Sans l’adhésion des ruraux ou des chasseurs, chaque grande idée pour sauver la planète sera vouée à l’échec », prédit le président. « La chasse n’est pas le problème, mais nous pouvons être la solution ! »

S.C.

 

Retrouvez la semaine prochaine un second article sur l’assemblée générale de la Fédération des Chasseurs du Jura.