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Choisir le meilleur moment pour traiter

Faut-il traiter le matin, le soir ou la nuit ? Trois paramètres permettent de répondre à cette question : le mode d'action du produit appliqué, la période de l'année et l'absence de vent.
Choisir le meilleur moment pour traiter

En matière de pulvérisation, tout est surtout une question d'hygrométrie. Exprimé en pourcentage, ce paramètre météorologique mesure le degré d'humidité relative de l'air, c'est-à-dire sa teneur en eau par rapport à sa saturation. Quels que soient le produit et le volume de bouillie appliqués, il faut viser l'hygrométrie maximale pour limiter les pertes de produit par volatilisation. Et les bonnes conditions d'hygrométrie commencent à partir de 60 %, ce qui est souvent le cas le matin et le soir.


Les produits racinaires ou de contact, plutôt le matin


Dans le cas des produits racinaires (qui pénètrent par les racines) et des produits de contact (qui agissent là où ils tombent), l'hygrométrie de l'air n'agit pas directement sur leur efficacité. Ils peuvent donc être appliqués aussi bien le matin ou le soir. Mais comme tout traitement doit être par ailleurs réalisé en l'absence de vent, il sera préférable de traiter le matin, période où le vent est généralement moins présent qu'en soirée. Signalons aussi que les amplitudes thermiques peuvent nuire à l'efficacité mais aussi à la sélectivité des molécules. Les herbicides racinaires, comme l'isoproturon, sont aussi absorbés par les racines qui se détoxifient les jours suivants. Lorsque le différentiel de température entre le jour et la nuit dépasse 15°C, cette détoxification n'a pas lieu, causant une phytotoxicité qui s'accompagne d'une décoloration et d'un tassement de la végétation. Ce même phénomène de tassement apparaît en cas de gel dans les cinq jours qui suivent une application de sulfonylurées antigraminées.
Pour les produits systémiques, le raisonnement est un peu différent car l'hygrométrie est un facteur important de leur efficacité : ils doivent pénétrer dans la plante pour agir. Pour cela, ils doivent traverser la cuticule des feuilles. Cette membrane cireuse est une barrière naturelle qui permet aux plantes de conserver leur humidité. En temps normal, elle est très comprimée et donc imperméable. Le seul moment où le produit peut la traverser, c'est lorsqu'elle est dilatée. Cet état intervient lorsque la plante bénéficie de conditions « poussantes », c'est-à-dire lorsque l'hygrométrie est élevée (> 70 %) et les températures douces (> 7°C).


Hygrométrie élevée indispensable en systémique


En sortie d'hiver, ces conditions peuvent être remplies durant toute la journée. Peu importe alors que le traitement soit effectué le matin, en pleine journée ou le soir, pourvu qu'il n'y ait pas de vent. C'est notamment le cas pour les sulfonylurées appliquées dès février.
Durant les mois de mai et juin, les conditions d'hygrométrie sont généralement réunies le matin et le soir. Mais en soirée, la plante est encore sous l'effet du stress thermique de la journée. Elle n'est donc pas réceptive aux produits. Il est donc recommandé d'appliquer les produits systémiques en fin de nuit ou en matinée à cette période de l'année.
Enfin, certains adjuvants ont des effets humectants ou hygroscopiques, c'est-à-dire qu'ils limitent la dessication des gouttes. C'est le cas des adjuvants à base de sulfate d'ammonium. Ils peuvent être utiles les années sèches pour renforcer l'efficacité d'un produit. Mais en aucun cas ils ne permettent de s'affranchir des bonnes conditions d'hygrométrie.


Benjamin Perriot (Arvalis - Institut du végétal)