RAHON
Les producteurs renouent le dialogue avec les distributeurs

A l'invitation de la FDSEA et de Jeunes Agriculteurs du Jura, des représentants de la grande distribution étaient invités à venir dialoguer avec les agriculteurs au siège du GAEC du Joncheret, à Rahon.
Les producteurs renouent le dialogue avec les distributeurs

Si les enseignes Intermarché, Netto, Système U, Cora et Leclerc ont joué le jeu de l'échange direct, force est de constater que d'autres, notamment les enseignes hards discount n'ont pas su ou voulu saisir la main tendue par les paysans du Jura. C'est d'un ton ferme et sans détours que le secrétaire général de la FDSEA, Christophe Buchet, a planté le décor. "Nous voulons savoir, nous voulons comprendre où sont passés les euros que nous avons perdus alors que les prix au consommateur n'ont pas baissé." Des propos repris dans l'assistance et c'est, chiffres à l'appui, que les trois associés du Gaec (Cédric et Françoise Bongain et Anthony Ecoiffier) ont présenté l'incidence économique de la crise sur leur exploitation. « En cinq ans, l'efficience économique de l'exploitation a été divisée par deux déplore Anthony. Si j'avais su cela au moment de mon installation, je ne sais pas si j'aurais fait le pas tout de suite ».

Face aux arguments avancés par les agriculteurs, les représentants des GMS ont tout d'abord exposé les différents modes d'organisation de leurs magasins respectifs, indépendants ou membres d'un groupe, avant d'expliquer leur mode d'approvisionnement. Pour la plupart des enseignes présentes, la viande vendue est très majoritairement française mais rarement issue d'un approvisionnement local. L'approvisionnement local ne voulant pas dire contractualisation directe entre le producteur et le distributeur mais plutôt par l'intermédiaire d'outils coopératifs ou de groupements de producteurs.

Autre élément avancé par les représentants de la distribution : le droit de la concurrence, le risque de se voir condamner pour entente illicite et donc l'impossibilité de définir des prix plancher qui permettraient au moins de conserver un lien avec la réalité des coûts de production.
C'est ainsi qu'en période de promotion, notamment sur le porc, on peut constater des prix inférieurs à 1€80 et une concurrence effrénée entre les enseignes, « à qui fera le prix le plus bas ». La quarantaine de producteurs présents n'a pas ménagé les représentants des enseignes lorsque ces questions ont été abordées. A cela les représentants des GMS ont avancé les difficultés de certains magasins à atteindre leur seuil de rentabilité notamment lorsque les prix sont déflationnistes. A croire, que leurs intérêts et ceux des agriculteurs vont dans le même sens !

 


Mais les représentants de la FDSEA et JA restent sceptiques sur les explications données concernant la juste répartition des marges. A la fin de cette rencontre, FDSEA et JA ont convenu avec les représentants de GMS de poursuivre le dialogue en organisant des rencontres régulières pour constater l'évolution des prix et la répartition des marges entre les maillons de la filière et avancer sur la contractualisation des produits locaux.
A défaut d'avancées sur ces sujets, les organisations syndicales sauront se rappeler au bon souvenir des distributeurs.