Maladie de Parkinson
« L'esprit veut mais le corps refuse ! »

A quelques jours de la journée mondiale de Parkinson qui a lieu le 11 avril, les cantons de Sellières, Bletterans et Chaumergy de la SDAE du Jura avaient invité Dominique Lefier, délégué départemental de l’association France Parkinson, pour évoquer cette pathologie neurodégénérative, reconnue maladie professionnelle dans le monde agricole.

« L'esprit veut mais le corps refuse ! »
Parmi les symptômes possibles, les tremblements touchent deux malades de parkinson sur trois (Photo Rawpixel)

Deuxième maladie dégénérative après Alzheimer, parkinson touche 200 000 personnes en France (750 dans le Jura). Elle est souvent diagnostiquée entre 55 et 65 ans mais peut survenir plus tôt. Les hommes sont 1,5 fois plus concernés que les femmes.

Souvent, le grand public imagine qu’elle se traduit principalement par des tremblements mais un tiers des malades n’ont pas ce symptôme. « Il existe autant de formes de parkinson qu'il y a de malades », explique Dominique Lefier. Elle s’attaque à une fraction du cerveau qui produit la dopamine, un neurotransmetteur qui permet la circulation des informations sous forme de courant électrique à travers les neurones. « Le cerveau fonctionne normalement mais les muscles sont en décalage, » poursuit le délégué jurassien de France Parkinson. « L'esprit veut, mais le corps refuse ! Les gestes, la parole, l'écriture, ne suivent plus. Il devient difficile ne serait-ce que de taper un numéro de téléphone ».

Nombreux symptômes 

Les mouvements automatiques, comme le balancement des bras lors de la marche, sont aussi impactés ainsi que le fonctionnement du tube digestif et du système respiratoire. Le malade souffre de rigidité, de crampes, d’engourdissement, d’hypersudation et de lenteur. Des symptômes non moteurs apparaissent : fatigue, trouble du sommeil, perte de l'odorat et du goût, troubles cognitifs… « Des douleurs peuvent survenir n’importe quand. Des impressions de décharges électriques, des sensations de brûlure, » poursuit Mr Lefier. « Elles arrivent et repartent aussi vite ». Ces symptômes contribuent à la désocialisation du malade.

L’origine de cette maladie chronique évolutive reste inconnue. L’hygiène de vie et une part héréditaire, à hauteur de 5%, sont soupçonnées.  Mais des causes environnementales due aux pesticides organochlorés sont aussi un facteur de déclenchement. Parkinson est à ce titre reconnue comme maladie professionnelle dans le monde agricole.

Lune de miel

Il est important que l'entourage soit au courant de la maladie. Les aidants jouent un rôle primordial pour encourager sans le presser le malade à avoir des activités physiques, le soutenir, aménager l'habitat… Mais ils ont souvent eux aussi besoin d'un soutien psychologique dans cette épreuve.

Dominique Lefier, délégué départemental de l’association France Parkinson

La maladie de Parkinson évolue en quatre phases. La première est l'apparition d’un ou plusieurs symptômes (tremblements, difficulté d'élocution ou d'écriture, lenteur des mouvements). Souvent, c'est l'entourage qui le remarque et incite le malade à consulter. Le diagnostic est difficile car aucun marqueur biologique ou analyse d'imagerie ne permettent de la déceler, seule l'efficacité des médicaments confirme cette pathologie. Les premiers troubles apparaissent lorsque la production de dopamine est réduite de 50%. Lorsqu'une personne est diagnostiquée, la maladie a commencé depuis 5, 10 ans, voire plus.

Quels traitements ?

Une fois le diagnostic posé, un traitement pour pallier le manque de dopamine est prescrit. Le patient entre alors en rémission thérapeutique, appelée ‘lune de miel’. « Cette phase peut durer 10 ans. Il est important que le patient s'investisse sur sa santé et pratique des activités physiques et intellectuelles car le sport stimule la production de dopamine ».

Cette lune de miel terminée, la production de dopamine recommence de baisser. Il faut alors ajuster régulièrement le dosage des traitements Jusqu'à ce que leurs effets secondaires deviennent plus importants que leurs effets bénéfiques. On parle alors de phase d'envahissement.

La rééducation, l'activité physique et le soutien psychologique sont primordiaux pour les soins. Selon l’âge du patient, plusieurs traitements peuvent être proposés. Médicamenteux, pour apporter de la dopamine à action plus ou moins rapide, ou plus intrusif comme l’implantation d’une pompe qui permet une diffusion en continu, à l’image de celles à insuline pour les diabétiques. La stimulation cérébrale profonde, avec la pose d’électrodes dans le cerveau, est pratiquée par quelques hôpitaux en France et permet de réduire les effets secondaire des médicaments.

Mais la recherche ne cesse d’évoluer, soutenue financièrement par France Parkinson. Actuellement, 147 essais sont en cours pour ralentir la progression de la maladie, réduire ses symptômes ou obtenir un diagnostic plus rapide. De quoi susciter des espoirs pour les nouveaux malades.

S.C.