Billet
Les conséquences du laisser-faire ...

Le 7 mai dernier, un agriculteur qui travaillait dans ses champs, à 22 heures, a été pris pour cible par un habitant, sur la commune de Bois de Gand. Cet habitant visiblement dérangé par le bruit du tracteur a tiré deux cartouches de fusil de chasse sur la cabine. Mis en garde à vue et jugé en comparution immédiate, l'auteur des coups de feu a été condamné à 6 mois de prison ferme, 18 mois avec sursis et une peine d'amende.
Les conséquences du laisser-faire ...

Cette peine peut paraître bien clémente au regard de la gravité des faits que nous condamnons avec la plus grande fermeté. Cette agression constitue une nouvelle étape dans l'escalade de la violence qui épargnait jusqu'à présent les campagnes de notre département.

Certains considèreront peut être cet évènement comme un vulgaire fait divers. Il nous semble au contraire que cet évènement est l'illustration d'une dérive que nous déplorons et dénonçons depuis plusieurs années.
Effectivement notre activité est à ciel ouvert et chacun peut voir ce que nous faisons. Nous travaillons avec la météo et les saisons et lorsque la période est aux semis, nous travaillons parfois tard le soir ou tôt le matin. Certains d'entre nous ont des animaux qui peuvent générer des nuisances sonores et olfactives et c'est d'ailleurs pour cela que nous cherchons à sortir nos bâtiments du cœur des villages.
Pour autant, est ce que ces différentes raisons donnent droit à n'importe qui de porter des jugements sans fondements sur nos pratiques en allant, et nous le regrettons, jusqu'au passage à l'acte ? Ce qui s'est passé le 7 mai dernier est le résultat dramatique d'une forme de laisser faire. Ce n'est pas arrivé du jour au lendemain mais au fil du temps. Nos contraintes professionnelles, nos pratiques sont devenues la cible de certains de nos concitoyens. Ce qui était accepté de tous fait maintenant l'objet de plaintes voire d'agressions.
Face à cette situation, nous avons aujourd'hui besoin d'un soutien beaucoup plus affirmé des pouvoirs publics. On ne peut pas légaliser les actes délictueux de certains, en les transformant en lanceurs d'alerte et s'étonner que d'autres y voient un message d'impunité.
On ne peut pas fermer les yeux quand des associations publient un guide de la dénonciation sur les pratiques des agriculteurs. On ne peut pas non plus fermer les yeux quand un député de la nation pénètre illégalement en pleine nuit dans un élevage sans être inquiété, ou quand des militants bien connus pénètrent avec effraction dans un abattoir et repartent sans la moindre convocation. Que dire de ces élus qui pratiquent une soit disant forme de désobéissance civile en prenant des arrêtés d'interdiction alors qu'ils n'en ont même pas la compétence ?
Cette situation est révélatrice d'une forme de fracture au sein de notre société, alors que pendant 8 semaines le monde agricole a su répondre présent pour assurer le ravitaillement de la France confinée.
Le challenge de la relocalisation de notre alimentation ne se fera pas sans les paysans !

 

Christophe Buchet, président de la FDSEA du Jura