Christophe Petit à Vincelles
Une contrainte transformée en atout !

Sur son exploitation typiquement bressane, Christophe Petit a choisi de s'engager dans un plan de gestion bocager. De contraignantes à entretenir, ses haies haUne contrainte transformée en atout !utes sont devenues à la fois une source de bois énergie, un atout environnemental et un plus paysager.
Une contrainte transformée en atout !

Christophe Petit exploite 135 hectares à Vincelles, en bordure de Seille, tout près de Louhans. La structure comporte une centaine d'hectares de cultures céréalières ; le reste étant consacré à des prairies nourrissant chaque année une soixantaine de génisses charolaises à l'engraissement. Les prairies inondables sont conduites selon le cahier des charges d'une mesure agro-environnementale impliquant fauches tardives (20 juin, 4 juillet, 15 juillet) et aucun engrais ni produit phytosanitaire.

Sur cette exploitation typique du bocage bressan, la question des haies s'est posée il y a deux ans. « On avait l'habitude de couper le bois de nos haies puis on brûlait les branches et parfois même on les arrachait. Il me restait pas mal de haies hautes sur ma ferme avec la contrainte de devoir les entretenir. La question était : qu'est-ce qu'on en fait ? Faut-il continuer à les arracher ? », se souvient Christophe Petit. à l'initiative du président du syndicat local et alors que la démarche Agrifaune était lancée avec la fédération départementale des chasseurs, la FDSEA, la chambre d'agriculture et l'ONCFS, un groupe de travail s'est constitué localement. Plusieurs agriculteurs –dont Christophe– se sont immédiatement montrés intéressés par l'idée de préserver et valoriser ces haies. « Nos haies avaient un potentiel de bois et nous étions au tout début du bois plaquettes et de l'exploitation au lamier », confie l'intéressé qui précise que s'il était prêt à conserver ses haies, il fallait que « ce qu'elles lui coûtent en entretien soit couvert par leur valorisation ».

 

13 kilomètres de haies hautes

 

La première étape a été un état des lieux des haies de l'exploitation réalisé par Thierry Peyrton de la Fédération départementale des chasseurs. Treize kilomètres de haies et bosquets ont été inventoriés sur l'exploitation de Christophe Petit. à la question « que voulait-il faire de ce bocage ? », l'agriculteur a répondu qu'il préférait conserver cet atout paysager « qui redore l'image de l'agriculture vis-à-vis de la société ». Avec l'expertise de Thierry Peyrton, Christophe s'est doté d'un plan de gestion sur 25 ans. Le bois est exploité pour la production de plaquettes collectées par la coopérative Bourgogne du sud (lire encadré). Grâce à ce débouché mis en place avec d'autres agriculteurs et encadré par la fédération des chasseurs et la coopérative, Christophe apprécie d'avoir beaucoup moins de travail à accomplir qu'en récoltant tout en bois bûche. « Tout est mécanisé », résume-t-il.
Sa tâche se limite à abattre les arbres entiers à la tronçonneuse et à les andainer à l'aide de son chargeur. Le broyage est assuré par un prestataire. Avec deux autres agriculteurs également impliqués dans un plan de gestion bocager, Christophe assure le transport des plaquettes jusqu'à un site de collecte tout proche (à Branges).

 

Charges d'entretien largement couvertes

 

L'an dernier, l'agriculteur avait réalisé 150 € de bénéfice pour 35 tonnes de plaquettes produites à partir de branches élaguées par un prestataire à l'aide d'un lamier. Le coût d'élagage s'élevait à 600 € et Christophe avait livré pour 750 € de plaquettes à sa coopérative. Les frais de déchiquetage sont pris en charge par la coopérative qui les retire de la rémunération des plaquettes. « 150 € couvrent mes charges d'entretien », assure l'agriculteur. Utilisé pour effectuer des « rattrapages » sur des haies vieillissantes, le lamier offre un travail « très propre », fait valoir Christophe.
La coupe des bois est réalisée dans l'hiver, en décembre-janvier. Le broyage est effectué au mois d'avril, lorsque la portance des parcelles le permet et juste avant les semis de printemps, indique l'agriculteur. « Détenue par un prestataire local, la machine mue par un tracteur de 300 CV, transforme entre 30 et 40 mètres cubes de plaquettes par heure avec des troncs jusqu'à 40 cm de diamètre. Pour la bonne granulométrie des plaquettes, des arbres entiers sont préférables pour garantir un juste équilibre entre les grumes et les branches », informe Thierry Peyrton.

 

Plus un seul cm de haie de perdu

 

« Depuis que mon plan de gestion bocager est en place, plus un seul centimètre de haie n'a été perdu sur mon exploitation ! », se félicite Christophe Petit. Grâce à la préservation de ses haies, mais aussi aux fauches tardives dans le cadre des MAE ainsi que ses couverts d'intercultures "X", l'agriculteur observe un retour des lièvres, des faisans et même de quelques perdrix sur son exploitation. Un effet cynégétique qui s'ajoute aux bénéfices agronomiques des intercultures : moins de liseron et de chiendent malgré l'abandon du glyphosate compensé par davantage de travail du sol, explique Christophe. L'agriculteur signale aussi que la production de ses haies lui fournit du bois bûche pour le chauffage ainsi que des piquets en robinier faux acacias. Quelques grumes de chêne ont même pu être valorisées auprès de scieries, fait valoir Christophe Petit.

 

Marc Labille