VILLENEUVE-SOUS-PYMONT
« De quoi ont-ils peur ? »

Les obligations sanitaires à l'export sont mal vécues par les éleveurs jurassiens. Tout comme le manque de soutien de l'Etat sur un plan de lutte contre la BVD où le Jura fait figure d'exemple. Ils l'ont dit lors de l'assemblée générale du GDS et l'ont montré en boycottant l'intervention du représentant de l'Etat.
« De quoi ont-ils peur ? »

Dans son rapport moral, Rémy Guillot, le président du Groupement de Défense Sanitaire du Jura avait donné le ton de l'assemblée générale du DGS du Jura qui s'est tenue ce mercredi, à la Maison du Temps Libre de Villeneuve-sous-Pymont...

Il avait débuté en parlant du travail accompli sur la BVD. Un travail qui porte ses fruits car obtenir 85% de bovins certifiés « Non Ipi » en seulement deux années d'engagement volontaire est remarquable. Ce taux, ces chiffres sont les résultats d'un travail collectif des éleveurs qui ont répondu favorablement aux mesures de dépistage des veaux à la naissance et d'élimination des bovins excréteurs...
Et le président de remercier dans la foulée tous les partenaires qui ont contribué à la réussite de ce plan (élus politiques et instances locales pour leurs aides et incitations financières, le laboratoire départemental d'analyses pour l'octroi et le gel des tarifs, les vétérinaires pour les recontrôles effectués, l'EDE de Franche-Comté, les organisations professionnelles agricoles, les syndicats, Eva Jura, les négociants de bestiaux... « Un ensemble d'acteurs qui souhaitent que ce plan fonctionne et aille à son terme... pour un retour sur investissement à court terme. »

 

Juste une bénédiction !


Mais un plan que les GDS ont présenté au conseil national du sanitaire en juillet dernier... Las, six mois plus tard, rien n'est encore totalement validé par l'administration ! « Une première en France, selon le président Guillot qui s'étonne que ce soit les professionnels qui demandent que ce soit les professionnels qui demandent à l'Etat de prendre des mesures concernant le sanitaire et non l'inverse.... « Mais de quoi ont-ils peur ? On se le demande, fustige-t-il. On demande peu : ni argent, ni aide technique – le plan a été déposé tout fait – ni communication... juste leur bénédiction et leur soutien dans l'application ! Et pendant ce temps, c'est tout un pan du commerce extérieur qui peut être impacté, au bénéfice d'autres pays plus en avance que nous sur ce dossier sanitaire. Une nouvelle fois, on regarde passer le train ! »

 

Quel avenir pour la loi de santé animale ?


Idem pour l'IBR dont le plan national n'est toujours pas reconnu au niveau européen. Rémy Guillot se dit même très inquiet sur son avenir et sur le devenir de la loi de santé animale : « A l'heure actuelle, notre méthode d'analyse n'est pas reconnue contrairement à celle des Allemands ou des Belges. Pire, notre travail déjà réalisé ne serait pas reconnu. Imaginons pour notre département, avec 97% de cheptels qualifiés indemnes, l'ampleur du coût que cela engendrerait s'il fallait tout recommencer !... En France, on manque cruellement de moyens humains en matière sanitaire à l'exportation. Et ce pour défendre notre façon de faire face à des pratiques beaucoup plus abstraites... En matière d'export, quand un produit ou un animal quitte la France, il doit répondre aux normes françaises, alors qu'à l'inverse, il doit répondre simplement aux normes européennes qui sont plus souples ! ».
Le ton était donné et, Nicolas Perrodin, le président d'Eva Jura, n'a pas manqué l'occasion d'enfoncer le clou ! En clouant le bec à Eric de Keyrouro, le représentant de la DDT. Et cela, en invitant les éleveurs présents à se lever et à quitter la salle pendant l'intervention du représentant de l'Etat....
L'épisode terminé, on pouvait passer à ce qui devait être le sujet d'actualité de la matinée : le lien sanitaire entre faune sauvage et animaux d'élevage, à la vue notamment de la recrudescence des dégâts de gibier. James Gey, administrateur de la fédération des chasseurs du Jura et ancien vétérinaire était là pour parler des dispositifs de surveillance existants et souvent méconnus de la profession agricole. Et pour tenter de répondre aux questions...

 

M.R.

 

 

L'activité du GDS, en chiffres...

 
Rhinotrachéite Infectieuse Bovine (IBR) :
• Cheptels positifs (prévalence) : 0,9%
• Nouveau cheptel positif : 0%
• 601 bovins connus positifs vaccinés : 0,52%
BVD
• Plus de 92% des veaux dépistés à la naissance et 96% d'éleveurs engagés
• Près de 6 000 boucles 2 en 1 commandées et financées par le GDS
• 0,6% de bovins détectés positifs à la naissance, chiffre stable
• 62 cheptels avec au moins un résultat d'analyses NON NEG sur la campagne
• 120 excréteurs réformés et financés par le GDS
• Plus d'une centaine de visites sur le terrain pour du conseil en élevage, en collaborations avec les vétérinaires.
• Près de 85% d'animaux certifiés Non Ipi
Salmonellose et listériose
• 811 analyses sur avortement, 115 résultats positifs en Salmonella Dublin (soit 14%), 36 résultats positifs sur Listéria (soit 4%).
OVS et missions déléguées
• Gestion des introductions : 2 937 dossiers traités dont 188 non conformes, 1 222 demandes de dérogations pour 6 661 bovins (925 pour des achats et 297 pour des mises en pension). 15 451 ASDAS vertes éditées à l'introduction et 12 802 jaunes en ateliers dérogataires.
• Autres services : gestion des comices et concours, gestion des estives, exports d'animaux vivants, convention « Plan d'urgence », formation...
Maladies réglementées
• Fièvre catarrhale ovine : depuis début 2018, l'ensemble de la France continentale est en zone réglementée pour les sérotypes 4 et 8. La vaccination est aujourd'hui réglementairement autorisée et facultative. Les exportations et échanges intracommunautaires de bovins depuis la France vers de nombreuses destinations nécessitent toutefois une vaccination contre ces deux sérotypes, réalisée par un vétérinaire.
• Tuberculose bovine : Cette année, trois foyers ont été déclarés en Côte d'Or où la situation s'améliore de façon continue depuis 5 ans.