Chambre régionale d'agriculture
L'indispensable conseil aux agriculteurs

La montée en puissance du conseil auprès des agriculteurs, la mutualisation des compétences sur toute la Bourgogne Franche-Comté ont constitué le plat de résistance de la dernière session de la chambre régionale d'agriculture.
L'indispensable conseil aux agriculteurs

Christian Decerle présidait la session de printemps de la chambre régionale d'agriculture qui s'est tenue au lycée agricole de Montmorot (Jura). Une session appelée à plancher tant sur la forme que sur l'organisation du conseil aux agriculteurs, tel qu'il devra être proposé par les chambres d'agriculture.

Et Christian Decerle pose d'emblée le problème : « Quel devra être le positionnement des chambres d'agriculture, entre opportunités et menaces, Nous avons besoin d'une vision prospective car, avec toutes les évolutions technologiques, techniques et autres, le conseil d'ajourd'hui ne sera peut-être pas celui de demain. Nous devons avoir la perception de ce que veut l'agriculteur, dans sa globalité quotidienne et ne pas nous contenter d'une approche théorique. Il est impératif de faire ce travail si nous voulons arriver à mutualiser nos compétences... »
Première intervenante de la matinée, Marianne Cerf, directrice de recherches Inra Sciences pour l'Action et le Développement, précise le contexte : « Depuis toujours une diversité d'acteurs du conseil et un financement public. Néanmoins, aujourd'hui les acteurs publics se repositionnent, les collectifs dans les territoires se renouvellent et le numérique dope le marché du conseil... Les attentes des agriculteurs à l'égard du conseil ont toujours été diverses mais aujourd'hui d'exigences apparaissent. D'où cette interrogation : quel type de conseil aidera les agriculteurs à agir stratégiquement dans l'incertain ? »
Pour aider les agriculteurs à agir dans un monde complexe et incertain, Marianne Cerf propose « d'aller au delà de l'existant tout en le maintenant », d'apporter un conseil « descendant » et un autre sur l'accompagnement, un conseil proposant « la bonne manière de faire » et un autre offrant une approche systémique : du prêt à porter sur mesure...
Discours pour le moins technocratique et ambitieux qui a laissé de marbre quelques conseillers présents dans l'amphithéâtre !... Même sentiment suite à l'intervention de Marie-Sophie Petit, responsable du pôle agronomie et filières végétales à la chambre régionale qui a parlé du renforcement des compétences des conseillers via les dispositifs Changer et Pistes d'action. Des dispositifs d'échanges entre praticiens, sur leurs façons d'exercer leurs activités, à déployer dans la durée et en lien avec les missions au sein des organisations. Ils nécessitent une formation de leurs animateurs, appuyée dans la durée. Ce programme a été piloté par la chambre régionale de Normandie et, au bout de trois années, il semble que les conseillers aient évacué certaines tensions et se sentent « mieux dans leurs baskets ».
Didier Ramet de la chambre départementale de la Nièvre et Nadine Lods-Mercier de celle du Doubs – Territoire de Belfort ont été plus pragmatiques en présentant les moyens de faire bénéficier aux exploitants de Bourgogne Franche-Comté de l'ensemble des compétences à leur disposition dans la région. Des règles pour mutualiser les dites compétences on été proposées. Une approche globale concerne principalement les diagnostics réalisés dans les exploitations. La démarche diffère en fonction des départements. Pour certains le diagnostic est global quelle que soit la filière et pour d'autres l'approche globale est segmentée par filière. Les compétences détenues sont souvent réalisées en lien avec des partenaires.
Carte à l'appui, les deux intervenants ont présenté « ce qui pourrait être fait en Bourgogne Franche-Comté pour mettre en place une organisation plus efficiente... », pour « trouver les richesses humaines qui pourront résoudre les problèmes qui se présenteront dans n'importe quel département de notre région... ».
On a alors parlé de stratégie. Passer d'un conseil vertical à un conseil plus stratégique, être capable d'aller rapidement - plus vite que la concurrence - sur le conseil transversal et l'approche globale de l'exploitation.
Le débat engagé avec la salle s'est soldé par quelques interventions. Claude Vermot-Desroches, le président du CIGC, souhaite que « les conseillers des chambres gardent une indépendance, un recul, un partenariat permanent avec les filières ». Sophie Fonquernie, la vice-présidente du conseil régional, compte beaucoup sur les « audits stratégie » et souhaite qu' « on ne s'interdira aucune ouverture stratégique ».

 

Réorganiser le système d'information ?

 

Cette session de printemps prévoyait aussi le vote du budget de la chambre régionale. Et c'était la première année qu'on travaillait sur un vrai budget régional et non plus l'addition des deux budgets des anciennes chambres régionales. Une année également de « transition » avec la « bascule » d'agents des chambres départementales vers la chambre régionale. Christian Decerle était plutôt satisfait « On s'en tire pas trop mal, avec un déficit d'un peu plus de 100 000 euros sur un budget de plus de 11 millions d'euros. On aurait pu craindre quelque chose de plus négatif !... »
Mais c'est au moment du vote des délibérations que la session s'est quelque peu animée et en particulier sur celle concernant la création d'une Direction Nationale des Systèmes d'Information au sein de l'APCA. Le débat de la réorganisation du système d'information du réseau n'est pas nouveau. Et le vote de cette délibération concrétisant l'engagement de la chambre à le poursuivre n 'est qu'une nouvelle étape.
Une étape pourtant jugée « prématurée » par Frédéric Perrot, le président de la FRSEA qui a proposé « de reporter ce vote, le temps que le débat s'installe dans les départements... Je suis ennuyé par le côté très pyramidal de ce projet et je vous invite à être prudents. Je ne voudrais pas qu'il y ait de fracture par rapport aux capacités d'adaptation des ressortissants... ». Même son de cloche pour Michel Revenier « expectatif... » et pour Daniel Prieur « dans l'attente d'une session de l'APCA qui permette de rebattre les cartes... ».
Des arguments dont Christian Decerle n'a pas voulu tenir compte. Soutenu par la préfète de Région, il s'est montré résolument rassurant, arguant qu' « une centaine d'agents vont rester dans les départements... » et que « le vote de cette délibération n'était qu'une étape... ». Et de mettre au vote ! Moment animé et inhabituel où l'on a dénombré quelque 5 oppositions, 21 abstentions et 23 votes pour. Sous réserve !

 

Michel Ravet