Biodiversité
Mieux connaître les champignons de Bourgogne Franche-Comté

Etonnamment, les connaissances sur les champignons régionaux sont lacunaires. Pour y remédier, le conservatoire national botanique de Franche-Comté a recruté Andgelo Montbert, un jeune mycologue chargé pendant 3 ans de répertorier la fonge de la grande région. Il est allé à la rencontre de la société mycologique d’Arbois le 19 octobre, lors d’une sortie ouverte au grand public.

Mieux connaître les champignons de Bourgogne Franche-Comté

« Nous sommes loin de connaître tous les champignons de BFC car la mycologie est une science jeune, de nouvelles espèces sont fréquemment découvertes, y compris dans notre région », explique Andgelo Mombert. « Sur les 30 000 espèces de champignons connues en France, 6 500 ont déjà été recensées en Franche-Comté d’après les données que nous possédons actuellement. Côté Bourgogne, nous n’avons pas encore de quoi donner un chiffre précis car il existe moins de sociétés mycologiques ».

Le jeune mycologue a été recruté par le Conservatoire botanique national de Franche-Comté - Observatoire régional des Invertébrés (CBN Franche-Comté - ORI) pour recenser et cataloguer la fonge présente dans la grande région dans le cadre du programme « les méconnus de Bourgogne-Franche-Comté » soutenu par le Fonds européen de développement régional (FEDER).

Pour y parvenir, Andgelo Mombert va créer un réseau de mycologues et de passionnés et s’appuyer sur les clubs locaux. « J’ai commencé à tous les contacter. Chaque personne qui détermine des champignons, amateur ou professionnel, pourra enrichir cet inventaire, » précise-t-il. Dans cette optique, un programme d’animations (sorties, expositions, ateliers d’initiation) a été mis en place dès cet automne dans la région à destination de toute personne intéressée par les champignons. Quant à Andgelo, il couvrira en priorité les forêts humides et les secteurs sans volontaire.

« Une incroyable diversité »

Andgelo Montbert est passionné par les champignons depuis toujours et avoue reconnaître plus de 1500 espèces : « Je suis captivé par l’incroyable diversité de leurs formes et couleurs. Je vais aux champignons toute l’année. Il suffit parfois de retourner des morceaux de bois pour en trouver. Je m’intéresse à tous les groupes, toutes les espèces même si je me spécialise dans les ascomycètes (1) minuscules, mesurant moins d’un millimètre, qui poussent sur les bois morts ».

Inscrit dans des associations mycologiques depuis son plus jeune âge, il a gagné un concours d’identification pour les moins de 25 ans dont le premier prix était un microscope. « Ça m’a permis de faire un grand pas en avant dans ma connaissance et de progresser car beaucoup de champignons se ressemblent tellement qu’ils ne se différencient qu’avec un microscope. D’autres ne se déterminent qu’à l’odeur. Les mycologues travaillent aussi beaucoup avec leur nez ».  Autodidacte, il commence alors à publier des articles scientifiques sur les champignons et à se faire un nom dans le milieu, ce qui amènera le conservatoire national botanique à le remarquer et à l’embaucher pour cette mission.

S.C.

 

1 : Les ascomycètes forment une sous-classe, de près de 15 000 espèces dont les spores sont contenues dans des asques. Ils regroupent des champignons très divers comme les truffes, les morilles, les levures, les moisissures (penicillium) mais aussi des agents de maladies des plantes (cloque, ergot du seigle, oïdium, chanvre, tavelure, moniliose, etc.)

Surtout pas les applis !

Si Andgelo Montbert a un message à faire passer aux ramasseurs de champignons amateurs, c’est de ne surtout pas faire confiance aux différentes applications de reconnaissance. Ces outils numériques ne sont pas fiables et les risques d’empoisonnement sont réels. « Dans notre région, on estime que seulement 2% des champignons présents sur notre territoire sont comestibles », explique-t-il. « Le reste étant toxique ou sans intérêt gustatif ! Il faut donc rester très prudent... »

En cas de doute, la meilleure solution est de s’adresser à un club de mycologie car aujourd’hui, de moins en moins de pharmaciens sont formés à reconnaître les champignons, cette science étant devenue optionnelle durant leur cursus.