Métier - Elevage
La météo complique l’exploitation de l’herbe

La succession d’épisodes pluvieux rend difficile aussi bien le pâturage que les opérations de récolte du fourrage… tandis que les stades végétatifs avancent, à la faveur de températures clémentes.

 La météo complique l’exploitation de l’herbe
Ce printemps 2024 est très pluvieux, ce qui complique la mise à l’herbe et les récoltes de fourrage.

Les hauteurs atteintes par l’herbe sont localement impressionnantes, du moins en plaine. « Dans certaines de mes parcelles de suivi de la pousse de l’herbe, le stade floraison est déjà atteint pour les graminées, confirme Margaux Party, conseillère prairies, fourrages & élevages ruminants à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône : c’est logique puisque les 600°C jours sont désormais largement dépassés. » Seul hic à ce printemps favorable à la pousse de l’herbe, la difficulté d’exploiter cet or vert, à cause de la portance insuffisante des sols : même les côteaux qui ressuient habituellement bien et les terrains séchants sont saturés en eau, faute de répit météorologique suffisant entre deux perturbations. Ça et là, des premières coupes destinées à l’ensilage ont été réalisées, probablement au détriment de la structure des sols. « Le problème c’est qu’une fois que le stade optimal de récolte est dépassé – grosso modo le stade épiaison - la valeur nutritive de l’herbe diminue régulièrement… la proportion de feuilles décroît au détriment de celle de tiges ligneuses, beaucoup moins digestes. »

Un important stock sur pied

En attendant de pouvoir entrer dans les parcelles, le stock sur pied augmente. « Les systèmes foin sont davantage pénalisés, relève la conseillère, car l’enrubannage et l’ensilage donnent davantage de souplesse d’exploitation, et permettent de valoriser de courtes fenêtres d’intervention. »

Le pâturage n’est pas non plus facile à organiser ce printemps. Comme depuis le début de la saison, il faut être opportuniste et adapter la conduite du pâturage à la météo du jour : les parcelles les plus portantes seront pâturées les journées sans pluie. Les couverts avant maïs encore en place peuvent servir de repli les journées plus humides afin de préserver les prairies des vaches. La durée de pâturage, les quantités de maïs distribuées et de correcteur azoté sont ajustées aux conditions du jour. Tant que le maïs est majoritairement présent dans la ration, les vaches supportent assez bien d’alterner des journées avec des quantités d’herbe variables. « Certains éleveurs ont opté pour une dilution du chargement, pas à cause de la ressource herbagère, qui est bien suffisante, mais pour tenter de préserver la structure des sols et d’éviter de pénaliser la repousse… » En conditions humides, on peut limiter les dégâts sur le sol en réduisant le temps de présence, en mettant un fil pour pâturer déjà la fond du paddock sans souiller le reste, en prévoyant une entrée et une sortie différentes pour chaque parcelle.

AC

Ruminants

Un hiver propice au parasitisme

Les conditions hivernales douces et humides favorisent la pression parasitaire à laquelle chaque éleveur est confronté à la mise à l’herbe des animaux. Outre la présence habituelle de parasites internes tels que les strongles, la douve ou le paramphistome, nos départements du grand-Est subissent depuis plusieurs années la prolifération des tiques, ces petits acariens hématophages vecteurs de maladies graves et économiquement préjudiciables : la piroplasmose par exemple. Avec des enjeux sanitaires, écologiques et économiques déterminants pour l’exploitation, le déparasitage demeure une action cruciale pour l’éleveur et son troupeau.