Filière équine
Le comtois en quête de rebond

Une succession d'années difficiles a entraîné l'érosion du nombre d'élevages et des effectifs de la population de chevaux comtois. La remontée structurelle des cours de la viande de chevaux de trait, tirée par l'export, pourrait bien modifier la donne.
Le comtois en quête de rebond

Après l'embellie des années 2 000, au cours desquelles le nombre d'élevages détenant une ou plusieurs femelles de race comtoise avait progressé, parallèlement à l'effectif, la tendance inverse s'est déployée au cours de la décennie suivante. Que ce soit au niveau régional ou au niveau national, que l'on regarde le nombre de juments détenues dans les élevages, le nombre de femelles mises à la reproduction,le nombre de naissances, ou encore le nombre d'abattages contrôlés, toutes les données convergent dans le même sens. « On a grosso modo 10 % de mise à la reproduction en moins chaque année, et mathématiquement 10 % de naissances en moins... et ça dure depuis plusieurs années. Si on compare le nombre de naissances entre 2017 et 2007, on est à un tiers de moins ! », détaille Mathilde Aili, chargée de mission sur le dossier de la filière équine à la chambre régionale d'agriculture. « La race comtoise compte encore quelques milliers d'animaux, mais pour d'autres races à plus petits effectifs, comme l'Auxois en Bourgogne, c'est encore plus dramatique. »


Des conditions économiques difficiles


Plusieurs facteurs conjugués expliquent cette tendance lourde : la fin de la mission de service public d'étalonnage assurée par l'IFCE (ex haras nationaux) en 2013, la fin de l'aide à l'engraissement depuis 2014, un manque de visibilité sur les conditions de versement des primes à la jument allaitante... mais principalement un manque de débouchés pour la viande chevaline, associé à une faiblesse des cours. La production de chevaux de trait, par tradition ou pour le loisir, coûte cher et n'arrive pas à trouver de rentabilité économique si la valorisation bouchère est insuffisante. « En conséquence, il y a eu une décapitalisation et moins de mises à la reproduction. »
L'année 2017 marque néanmoins un retournement de tendance, avec la montée en puissance d'un nouveau débouché à l'export pour des poulains lourds : le Japon, où la mode des sushis à la viande de cheval fait fureur. Les chevaux de trait français, bénéficiant d'un contexte réglementaire et sanitaire contraignants mais sécurisant pour les acheteurs, sont prisés. « L'ouverture du marché japonais a eu un double effet : il a accéléré la décapitalisation et fait remonter fortement les cours. » Cette nouvelle donne incite à l'optimisme Emmanuel Perrin, le président de l'Association nationale du cheval de trait comtois (ANCTC) : « Nous sommes au creux de la vague, mais la remontée des cours depuis 18 mois est de nature à relancer la dynamique de l'élevage du cheval comtois, même s'il y a toujours un temps d'inertie. Je vois aussi un regain d'intérêt pour le cheval comtois parmi de jeunes éleveurs motivés, ce qui est un signe favorable pour l'avenir de notre filière. Nous avons plusieurs projets pour accompagner ce rebond, comme le développement d'un atelier de découpe pour valoriser les bas morceaux.»


AC