Rencontre
« A aucun prix on ne doit fragiliser la PAC »

Le député européen François-Xavier Bellamy (groupe PPE) était de passage dans le Jura le 7 septembre dernier. Il a souhaité rencontrer, en compagnie de la députée de la 3ème circonscription Justine Gruet, des agriculteurs et représentants de la profession en petit comité sur une exploitation à Parcey pour échanger avec eux sur les problématiques européennes.

« A aucun prix on ne doit fragiliser la PAC »
Lors de son passage dans le Jura, François-Xavier Bellamy a dénoncé l’accord de libres échanges entre l’UE et les pays du Mercosur

S’il s’en défend dans ses propos introductifs, la campagne pour les européennes de 2024 semble déjà avoir débuté pour la tête de liste des républicains de 2019. Après 4 ans d’exercice, François-Xavier Bellamy, qui travaille en collaboration avec Anne Sander sur les dossiers agricoles, a expliqué que pour lui, la PAC n’était pas un cadeau fait aux agriculteurs mais que c’était un devoir pour l’Europe de soutenir son agriculture, comme toutes les grandes puissances dans le monde le fond. Il va même plus loin en affirmant qu’à aucun prix, la PAC ne doit être fragilisé. Sur la PAC, Cédric Bongain, vice-Président de la FDSEA du Jura, n’a pas hésité à interpeller le député sur la présence obligatoire de jachères impactant l’acte de production et notre souveraineté alimentaire au profit d’importations sans clauses miroirs. Sur cette question, le député explique qu’au sein du parlement européen, il exerce un vrai combat pour lutter contre la décroissance avec énergie, en ayant bon espoir de voir se poursuivre les dérogations Ukraine encore cette campagne. Plus globalement, il qualifie de délirant le projet de 10% de friches en première lecture du projet de loi sur la renaturation, loi validée cet été mais quelque peu dénuée des mesures les plus coercitives comme celle précédent citée.

Souveraineté alimentaire, cause absolue

Philippe Favre Félix, éleveur allaitant et polyculteur à Falletans, a à son tour interpellé le député sur l’incohérence entre les discours politiques sur la souveraineté alimentaire et la réalité des choses, avec des décisions qui continuent d’impacter durablement la production de viande. Rappelant que le cheptel allaitant continue de décroire en France alors que l’on importe 30% de la viande que l’on consomme. Des propos abondés par Benoît Viellard, le local du jour, qui rappelle qu’il y a quelques années des betteraves sucrières étaient produites dans le secteur et que la production s’est délocalisée en Europe de l’Est notamment. En réponse, le professeur de philosophie de métier affirme être contre l’accord de libres échanges entre l’UE et les pays du Mercosur, puis développe que la souveraineté alimentaire devrait être une cause absolue car quand un pays n’est plus capable de se nourrir, la démocratie est en danger, d’autant plus dans un contexte géopolitique instable. Il appelle également de ses vœux des évolutions législatives pour éviter de tromper les consommateurs avec des produits intitulés steaks 100% végétaux.

L’Europe doit être facilitatrice

Garder la confiance du consommateur est justement l’objectif numéro un de la filière comté comme le rappelle son Président Alain Mathieu. Afin de poursuivre la fidélisation des consommateurs envers la première appellation fromagère de France, le Président du CIGC a expliqué au député que l’ensemble des acteurs de la filière avaient travaillé sur un nouveau cahier des charges innovateur. Mais il déplore que certaines mesures aux côtés précurseurs aient pour l’instant du mal à être validées. « Nous avons besoin que l’Europe nous permette de traduire les nouveaux critères de durabilité de notre cahier des charges » appelle t’il de ses vœux. Pour François-Xavier Bellamy, il estime justement que l’Europe ne doit pas contraindre depuis le haut mais au contraire accompagner les initiatives locales adaptées aux spécificités du terrain, saluant au passage la qualité de nos appellations régionales. Rebondissant sur une intervention sur les énergies renouvelables et la méthanisation, le Président de la Chambre d’Agriculture, François Lavrut, a insisté sur la hausse des charges dans les exploitations et les outils de production associés, assurant que les agriculteurs jurassiens étaient prêts à participer à notre souveraineté alimentaire et énergétique, mais pas à n’importe quel prix.

PE Brunet