National de Maîche
De Maîche avec le cheval comtois

Les 8 et 9 septembre, sur le site des Tuileries à Maîche, c’est sous un soleil de plomb que 300 pouliches et 200 étalons comtois avaient rendez-vous avec le concours national de la race. La compétition sacre les plus beaux spécimens et délivre le précieux sésame pour le salon de l’agriculture. Le concours sert aussi
à parler des réussites est des interrogations de la filière.

De Maîche avec le cheval comtois
Jériko des fruitières à Jean-Michel Garressus des Fontenelles a remporté le prix de championnat mâles.

Emmanuel Perrin est satisfait. Président de l’association nationale du cheval de trait comtois (ANCTC), il n’hésite pas à parler d’année de tous les records. « Le national à Maîche est le plus gros rassemblement de chevaux de trait. 2023 est un record de participation, la présence de 300 pouliches et juments et 200 étalons est remarquable. Cette année marquera aussi un record de température. Il fait chaud, très chaud mais cela n’empêche pas nos précieux bénévoles d’être au travail. Depuis de nombreuses semaines, la section locale est investie pour tout se passe bien. 

Durant deux jours, ce sont 70 bénévoles qui sont à la tâche pour les deux journées » souligne le président. A l’aise au milieu des stalles comme au micro, Emmaunel Perrin ne pratique pas la langue de bois. S’il reconnaît le succès de la manifestation, il souligne aussi quelques soucis et demande aux élus, largement présents lors de l’inauguration du concours de continuer à soutenir la filière.

Difficultés administratives

« En proie à des accusations comptables, la Sfet (Société française des équidés de travail) qui nous verse des subventions n’a pas perçu les aides prévues par l’état. (voir notre encadré). Le ministère a reçu une délégation pour démêler les affaires mais une réponse tarde à arriver. 

C’est un peu comme les ombrières qui devaient couvrir les barrières dès cette année. Je veux croire qu’il s’agit là-aussi d’un simple souci administratif qui sera prochainement surmonté » annonce celui qui est aussi éleveur de comtois à Vercel.

Et pour montrer que le trait comtois sait prendre son destin en main, l’invité d’honneur était l’association nationale de gestion des étalons comtois (Angec) qui a suppléé le désengagement des haras nationaux dans leur mission d’étalonnage avec à sa tête le populaire Charles Boillin dit Mimi, visage bien connu des passionnés de la race.

S. V.

Une main de fer dans un gant de velours pour maîtriser la puissance de l'animal.

Ombre au tableau

La société française des équidés de travail (Sfet) reçoit des financements de l’État pour l’organisation de concours et de formations. Ceux-ci participent aux rayonnements des différentes races de trait en mettant en avant le travail des éleveurs et l’intérêt d’utiliser les équidés de travail. En 2023, la Sfet n’a pas reçu de subvention. Mis à l’index pour « dysfonctionnements comptables », les responsables de la Sfet ont été reçus au ministère de l’Agriculture le 5 septembre dernier. Le directeur du cabinet du ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire a manifesté « sa désapprobation outrée face aux rumeurs à l’encontre de la Sfet ». Qu’en est-il de la pérennité de cette structure et par la-même de l’organisation des différents concours ? La filière est en attente d’une réponse.

Domitille Le Menn de l'IFCE passe les chevaux au lecteur de puce : « Je vérifie que c'est le bon animal et qu'il remplit les conditions sanitaires en vigueur. »

L’Angec, invitée d’honneur

L’emblématique président de l’association nationale de gestion des étalons comtois (Angec) n’a pas boudé son plaisir tout au long du concours. Durant deux jours, Charles Boillin, plus connu sous le pseudonyme de Mimi, a expliqué comment l’association, grâce à la mise à disposition d’étalons achetés par de généreux acquisiteurs, perpétuait la race au-delà des frontières franc-comtoises. 

«Suite à l’abandon de l’étalonnage par les Haras nationaux, il a fallu tirer des plans. En 2013, en CA de France haras, rue de la Grande Armée à Paris, un compromis est trouvé pour que chaque association de trait fasse l’acquisition des étalons de la race qu’elle défend » commmence Charles Boillin. Pour le comtois, c’est l’ANCTC (association nationale du cheval de trait comtois) qui pousse la porte de la banque au début de l’année 2014 et emprunte 100 000 € pour acheter 78 étalons. Avec la mise en place de l’Angec présidée depuis le début par Charles Boillin, une gestion dédiée à l’activité d’étalonnage est créée. Sur demande du président de l’époque, Jean-Louis Cannelle, Mimi et son complice de toujours, Etienne Garret, partent aux quatre coins de France faire un peu de ménage.

« Il y avait des étalons en fin de carrière, d’autres qui ne représentaient guère notre belle race. Nous avons travaillé avec diplomatie auprès des éleveurs » se souvient le passionné d’Avoudrey. Au fur et à mesure du temps et grâce à l’engagement des collectivités départementales, du Doubs à deux reprises, du Jura et de la Haute-Saône, du Conseil régional de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du club-affaires de Morteau, l’achat de nouveaux étalons a été permis. Les chevaux sont mis à la disposition des éleveurs de comtois de toutes les régions françaises en dehors de la Franche-Comté. « Lorsqu’on se déplace, on parle de comtois mais aussi de montbéliardes, de notre beau Pays horloger et de toutes les richesses de nos contrées » poursuit Charles Boillin.

Entrée du Territoire de Belfort 

Pour fêter le 10e anniversaire de l’Angec, quatre nouveaux étalons viendront grossir les effectifs du cheptel. Parmi eux, Klister. L’animal engagé par Jean-Michel Garessus est né au Gaec Monney. Le bel étalon du Doubs est désormais la propriété du département du Territoire de Belfort. « Les élus agricoles, les acteurs de la filière du cheval comtois ont su trouver les arguments pour que nous rejoignons l’engagement des autres départements francs-comtois et ainsi contribuer au rayonnement de cette magnifique race » a souligné Florian Bouquet, président du département et désormais nouveau propriétaire du puissant cheval à la crinière blonde. L’association des étalonniers a souhaité financer le second équidé tandis que deux derniers sont la propriété de l’ANCTC et de l’Angec. « En tant qu’invité d’honneur, il fallait marquer le coup » a expliqué Mimi avant de se voir remettre une magnifique plaque en métal en remerciement de son dévouement à la race comtoise.

S. V.

Charles Boillin, dit Mimi, président de l'Angec, s'est vu remettre une plaque en remerciement de son engagement pour la filière.

Résultats

Pouliches de 2 ans :
1. Lacune de Marnay de l’EARL de Robert Denis & Mickael.
2. Lorette des Champs d’Aurélien François.
3. Luna du Bourg de Sylvain Jacques.
4. Lilas du The d’Olivier Mazerolles.
5. Lambadade Rosay de Didier Rougemont.
6. Liverpool de Bief de Joël Parent.
7. Louna des Oiches de Laurent Bucher.
8. Lutine du Carloz de Philippe Lassalle.
9. Lily du Champ Duc de l’EARL Vantard Philippe et Florence.
10. Love Me Des Fruitière de Pamela Garressus.
11. Légende de Mercuret d’Anthony Issartel.
12. Lune d’Or d’Etalans de Pascal Boncompain.
13. Lune des Alloz de la SCEA Pretet.
14. Latika de Salans du Gaec André de Salans.
15. Luteah des Fietres de Pierre Dupont.
16. Lalie de La Pillarde de Jacques Guinet.
17. Lilly Pop du Revillon du Gaec Laprevote.
18. Laika de La Palud de Sylvain Jacques.
19. Lolita du Gardot du Gaec Monney.
20. Lavande des Montants du Gaec des Montants.
21. Laska de Chaunans de Marine Regnier.
22. Lily de La Taillaz de Gilles Henriet.

Mâles de 2 ans :
+1. Lucifer du Château de Jean-Michel Garressus.
2. Lugano de Bief de François Perrin.
3. Looping des Cites de Jean-Michel Garressus.
4. Looping du Puits du Gaec du Puits.
5. Luky du Bois de Santé de l’EARL Robert Denis & Mickaël.
6. Lavandou du Gaec Bart.
7. Leon du Bourg d’Angélique Perret.
8. Lewis du Tilleul de Jean-Michel Garressus.
9. Lancelot du Chene de Jean-Michel Garressus.
10. Lasko du Moulin de l’EARL Henriet du Moulin.
11. Loustic de devez du Gaec Bart.
12. Latino de Bief de Jean-Michel Garressus.
13. Loki de La Palud du Gaec Bart.
14. Lartiste de Lery du Gaec Bart.
15. Loustic de Mercuret du Gaec du Puits.
16. Leduc du Carloz de Philippe Lassalle.
17. Lancelot de Mercuret du Gaec du Puits.
18. Lithium de Bonant de Jean-Michel Garressus.
19. Lucky de Mercuret de Jean-Michel Garressus.
20. Lord du Val d’Amour de Christophe Dugois.
21. Loulou 25 de François Perrin.
22. Lilou D’Urberua del’EARL de Robert Denis & Mickaël.
23. Looping de La Mare de Jean-Michel Garressus.
24. Loustic du Petit Bois de François Perrin.
25. Ludo des Chintres de Christophe Dugois.
26. Loustic du Chene de Michel Baudot.

Prix spéciaux
◗ Prix de famille avec la Jument Razzia (18 ans), à l’EARL Robert Mickaël et Denis, et ses sept produits sélectionnés au concours national 2023 : Nirvana, Macumba, Larazzia, Jaliska, Gentleman des Vignes, Ferrari et Duc de la Barreche.  
◗ Prix de championnat jeune : Joueuse 2 à la Ferme Pretet à Pouilley-les-Vignes (25)
◗ Prix de championnat adulte : Idole du Ronzy à Frédéric de Taillon de Diou
◗ Prix de championnat mâles : Jériko des fruitières à Jean-Michel Garressus des Fontenelles.

Sélection Salon international de l’Agriculture 2024
Mâles : 1) Lucifer Du Château de Jean-Michel Garressus. 2) Lugano De Bief de François Perrin. 3) Looping Des Cites de Jean-Michel Garressus. 4) Looping Du Puits du Gaec Du Puits. 5) Luky Du Bois De Santé de l’ EARL de Robert Denis & Mickaël. 6) Lavandou du Gaec Bart. 7) Léon Du Bourg d’Angélique Perret. 8) Lewis Du Tilleul de Jean-Michel Garressus. 9) Lancelot Du Chene de Jean-Michel Garressus. 10) Lasko Du Moulin de l’EARL Henriet du Moulin.
Femelles  : 1) Lacune De Marnay de l’EARL de Robert Denis & Mickaël. 2) Lorette Des Champs d’Aurelien François. 3) Luna Du Bourg de Sylvain Jacques. 4) Lilas Du The d’Olivier Mazerolles. 5) Lambada De Rosay de Didier Rougemont. 6) Liverpool De Bief de Joël Parent. 7) Louna Des Oiches de Laurent Bucher. 8) Lutine Du Carloz de Philippe Lassalle. 9) Lily Du Champ Duc de l’EARL Vantard Philippe et Florence.

Prix de famille pour l’EARL Robert Mickaël et Denis.

Ils ont dit

Emmanuel Perrin, président de l’ANCTC : « Maîche c’est le plus gros rassemblement de chevaux de trait en France. C’est aussi une économie pour le plateau. Les gîtes, restaurants, hôtels affichent complets. Tout cela est permis grâce à la passion des éleveurs et à des bénévoles sur qui nous pouvons compter. »

Charles Boillin, président de l’Angec : « Lorsque nous avons rencontré le président du département du Territoire de Belfort, ça n’a pas pinaillé. Les arguments des élus de la Chambre d’agriculture et du cheval comtois ont fait mouche. Le département du Territoire, comme ses homologues de la région, possède lui-aussi un cheval dont on prendra grand soin à l’Angec. »

Christine Bouquin, présidente du département du Doubs : « On ne serait pas là si vous n’étiez pas là. Le Conseil départemental reste à vos côtés car le comtois
moi j’y crois et j’en mange. »

Florian Bouquet, président du département du Territoire de Belfort : « Qu’on soit Belfortain ou Doubiste, on partage un certain nombre de choses. Avec l’acquisition
d’un étalon comtois, nous participons au rayonnement de la race, de notre agriculture et du savoir-faire. Le comtois, moi aussi j’y crois et j’en mange. »

Georges Flotat, vice-président de la chambre interdépartementale 25-90 : « Notre projet agricole et alimentaire interdépartemental est un travail collectif, fruit de la collaboration entre filières, collectivités territoriales et État pour révéler tous les atouts de l’agriculture et le cheval comtois en est un maillon. »

Nicolas Pacquot, député de la 3e circonscription du Doubs : « Face aux enjeux qui nous attendent, je défends le “ pas d’interdiction sans solution”. »

Annie Genevard, députée de la 5e circonscription du Doubs : « L’ANCTC est en attente des subventions qui doivent être versées via la société française des équidés de travail (Sfet), elle-même en attente des versements de l’État. Dans ce contexte, j’ai demandé au ministre de l’Agriculture de verser directement les aides prévues aux différents bénéficiaires. »

Jean-François Colombet, préfet du Doubs : « Ce que vous faites pour préserver cette race comtoise, ce n’est pas seulement assurer la pérennité d’un animal magnifique, vous défendez des valeurs, une histoire. Vous assurez la sécurité culturelle, la sécurité de notre histoire. »