«Vous avez une minute trente pour commenter le classement de ces six vaches, j'attends un commentaire propre et net, qui va à l'essentiel !» Ambiance studieuse et concentrée au Gaec Adam, en Haute-Saône, où pendant deux jours une vingtaine de juges agréés se sont exercés à classer et commenter les meilleurs animaux du troupeau : trois sections de génisses, deux de primipares, une section de deuxième veau, pour terminer par une section adulte. «Le classement d'une section dure 15 à 20 minutes, explique Thierry Ménard, responsable technique à prim'holstein France. Ensuite, chaque participant donne son commentaire à tour de rôle, toutes les prestations sont filmées. Le soir, le visionnage de ces séquences sert de support pour les échanges : repérage des petits défauts, amélioration de la forme...»
Des classements cohérents
L'enjeu de cette session d'harmonisation est double. D'une part il s'agit de bien assurer la cohérence des classements, quel que soit le juge qui officie sur le ring. «Actuellement, nous comptons 29 juges agréés en race holstein, pour une centaine de concours par an au niveau départemental et au-delà. Cet agrément est valable pour quatre ans, à l'issue desquels il faut le renouveler. Etre agréé nécessite d'être capable de classer correctement les animaux, de réaliser un commentaire précis, juste et respectueux et d'être capable de pointer les différents postes de morphologie. Chaque juge a bien sûr ses points forts ! Chacun a aussi sa manière de voir et des petites différences de classement sont toujours possibles. Notre rôle est par contre de veiller à ce qu'un défaut rédhibitoire ne soit pas ignoré, qu'une vache qui devrait se trouver en fin de classement ne soit pas parmi les premières, et vice et versa.»
D'autre part, c'est la qualité des commentaires qui est affinée. «Chacun a travaillé sur ses commentaires. Le commentaire doit en effet appuyer le classement en lui apportant une justification technique. Il a aussi un rôle pédagogique vis-à-vis des participants et des spectateurs. C'est donc un aspect important dans le rôle du juge.»
Des animaux bien préparés
Pour ce rendez-vous, les participants ont bénéficié de très bonnes conditions. «Certes, le fait de travailler sur les femelles d'un seul troupeau est une limite de l'exercice, reconnaît Thierry Ménard, car compte-tenu des objectifs de sélection des éleveurs, on ne pourra pas rencontrer tous les cas de figure d'un ''vrai'' concours... mais réunir des animaux de plusieurs exploitations sur un seul site est beaucoup plus lourd en termes de logistique et de contraintes sanitaires. Par ailleurs Etienne Adam connaît bien les objectifs d'une session d'harmonisation et il était très motivé pour nous accueillir ici.» C'est secondé par sa famille et de nombreux amis, comme lui passionnés de génétique et d'élevage, que le jeune homme avait préparé les femelles du troupeau : nettoyées, tondues, clippées, et entrainées à marcher. «Pour la plupart, c'était la première fois qu'on leur passait le licol», explique Jean-Pierre Adam.
«Je dresse un très bon bilan de cette session en Haute-Saône, conclut Thierry Ménard : nous avons pu vraiment approfondir la qualité des classements et chaque juge repart avec des éléments concrets pour affiner son jugement. La convivialité était aussi au rendez-vous et les échanges ont été très riches pour tous les participants, débordant le thème du jugement pour aller sur l'organisation des concours.»
