Fertilisation des prairies
La végétation est en avance

En ce début d’année 2023, le seuil des 200 degrés jours qui sert de repère au premier apport d’azote sur les prairies est déjà atteint dans certains secteurs de plaine, avec une forte hétérogénéité liée aux conditions météorologiques particulières du mois de janvier.

La végétation est en avance
Au printemps, le premier apport d’azote soutient la croissance du couvert végétal.

Un apport d’azote minéral ou de lisier, dès les 200°C cumulés (en base 0°C) depuis le 1er janvier, permet de maximiser la production d’une prairie de graminées au premier cycle. En 2023, cette date d’atteinte du seuil des 200 degrés-jour est plutôt en avance par rapport aux moyennes décennales, d’une semaine à 15 jours selon les stations. Déjà là à Bucey-les-Gy (201°C jours le 5 février) par exemple, pour bientôt à Montmorrot (184°C) ou Besançon (177°C) mais encore loin d'être atteinte ailleurs (114°C du côté de St Bresson ou 126°C à Cessy). C’est une donnée à prendre en compte, ainsi que les prévisions de la décade à venir, pour programmer le premier apport d'azote.

Contrairement aux céréales à paille, il n’existe pas de stade physiologique « repère » permettant de positionner les apports d’azote sur prairies. Le démarrage de la croissance de l’herbe se raisonne en fonction d’une somme de températures en base 0°C depuis le 1er janvier de l’année. Des travaux conduits par ARVALIS sur la fertilisation des prairies à base de graminées ont établi qu’un premier apport d’azote (sous forme minérale ou lisier) réalisé à 200°C jours assure une production fourragère de qualité dès le premier cycle de la culture.

C’est le meilleur compromis pour éviter un apport trop tardif, synonyme de ralentissement de la croissance et de moindre production d’herbe au printemps. Il ne doit pas non plus être trop précoce au risque d'engendrer des pertes par volatilisation ou dénitrification.

Un repère thermo-temporel

Cette règle des 200°C cumulés s’applique dans toutes les régions. Elle est valable pour une dose appliquée inférieure à 100 kg N/ha et quel que soit le mode d’exploitation (pâturage, ensilage, enrubannage, foin). En prairies installées, les fournitures d’azote par le sol sont globalement faibles en sortie d’hiver. L’apport d’azote à 200°C permet ainsi de faire coïncider une disponibilité suffisante de l’élément pour les plantes dont les besoins sont importants et croissants.

Suivie de la nutrition azotée

Depuis 20 ans, les pratiques de fertilisation azotée sur céréales à paille ont beaucoup évolué : les apports initialement concentrés début montaison se sont progressivement étalés jusqu’à mi-montaison, voire fin montaison. Cette pratique se justifie par la recherche du meilleur compromis rendement en grains / teneur en protéines, qui n’est pas proportionnel à la biomasse produite en début de cycle. Sur prairies, le raisonnement est très différent : l’objectif de la fertilisation azotée est ici de maximiser la production de biomasse. La satisfaction précoce des besoins azotés permet ainsi la croissance maximale de chacune des talles émises.

Attention aux conditions de portance

Avant tout apport, il convient bien évidemment de vérifier la réglementation locale en vigueur (Directive Nitrate), en particulier dans les zones précoces. Il importe également d’être vigilant quant à la portance des sols. Avant tout apport, et notamment de produits organiques résiduaires à l’aide d’équipements lourds, il convient d’observer une période de ressuyage suffisante. En conditions ennoyées, l’azote n’étant pas le facteur limitant de la croissance des plantes, la priorité sera donnée au ressuyage.

Enfin, les prévisions météorologiques peuvent constituer une aide au positionnement des apports. En cas de fort gel annoncé, l’apport peut être décalé afin de coïncider davantage avec le redémarrage de la végétation. L’effet sur le rendement d’un décalage de l’apport à 300°C reste globalement faible.

Date N’Prairie permet de planifier le premier apport

En valorisant des données météos actualisées tous les jours, Date N’Prairie est un outil qui utilise la règle des 200°C pour apprécier la précocité ou la tardiveté de l’année dans sa région. Il s’agit d’un site web accessible librement et gratuitement depuis un smartphone, un ordinateur ou une tablette. Il suffit à l’utilisateur de renseigner son code postal pour obtenir sa date d’apport. Les calculs sont réalisés à partir des données de la station météo la plus proche fournies par Météo France. L’outil est accessible sur mobile, tablette et ordinateur.

Evidemment, le premier apport d’azote sur une prairie devra être réalisé si les conditions de portance le permettent et dans le respect des règles fixées par la Directive Nitrates.

Anthony Uijttewaal (Arvalis-Institut du Végétal)

Grandes cultures

Fertilisation en zone vulnérable aux nitrates

En zone vulnérable aux nitrates, quelles sont les règles liées à la fertilisation ? Au 1er février, les effluents type fumiers et composts, avec un rapport C/N > 8, peuvent être épandus. Les effluents à C/N < 8, de type lisier ou digestat doivent être épandus après le 15 février sur les futures parcelles de maïs.

Résumé des règles d’épandage d’engrais azotés :

-       Reliquat de sortie d’hiver (RSH) = réaliser un deuxième reliquat si vous exploitez plus de 100 ha de céréales à paille en zone vulnérable

-       Dates et doses des premiers apports :

   o   Les apports d’engrais minéraux peuvent débuter à partir du 1er février sur colza et céréales.
   o   Il est nécessaire de fractionner l’apport d’azote en au moins deux apports dès que la dose totale dépasse les 60 u N/ha
   o   Le second apport d’azote doit être réalisé au moins 15 jours après le premier
   o   Voir les dates d’apports et les doses à ne pas dépasser ci-dessous :

Spécial colza

Fertilisation azotée

Les colzas sont encore bien verts. La minéralisation automnale a été exceptionnellement élevée grâce aux conditions météo chaudes et humides. Les premiers apports pourront avoir lieu aux alentours du 15 février. Sur colzas carencés en azote situés dans les secteurs à risque grosse altise, qui n’ont reçu ni effluents, ni azote minéral à l’automne, un premier apport pourra être réalisé peu après la date réglementaire du 1er février.

Rappel de quelques règles :

-       La dose épandue au premier apport ne doit pas dépasser les 80 Unités.
-       2e apport N réalisé au moins 15 j après le premier
-       Pour le colza, le 2e apport ne doit pas être réalisé avant le stade C2 (début montaison, entre-nœuds visibles)

Conseil soufre

Le soufre est à apporter quand vous le souhaiterez. Apporter environ 60 unités. Si apport régulier d’effluents, apporter 40 unités (20 m3 de lisier amènent 45 unités de soufre, 20 tonnes de fumier amènent 40 unités de soufre, 20 m3 de digestat amènent 20 unités de soufre).

D’après une synthèse récente de Terres Inovia, les apports de 70 unités de soufre ne sont rentabilisés que dans les situations de sols filtrants (sableux) ou très superficiels (peu de terre). Il convient donc de rester raisonnable sur la consommation d’azote soufrée (trop cher !) et préférer du soufre type kieserite ou polysulfate.

Le cours des engrais reste toujours élevé et incite plus que jamais à raisonner les apports d’azote sur colza : la pesée de sortie d’hiver permet d’ajuster plus précisément le raisonne-ment.