Elevage
Remettre les prairies en état

La période de repos végétatif touche à sa fin : c'est le moment d'entreprendre certaines actions d'entretien (hersage, amendements) qui favoriseront la reprise de la pousse de l'herbe. Tout en veillant à intervenir dans de bonnes conditions, sous peine d’obtenir le résultat inverse…

Remettre les prairies en état
En saison, la prairie subit de nombreux stress et contraintes : certaines opérations mécaniques peuvent en corriger les effets, à condition d’être effectuées dans de bonnes conditions.

La fin de l'hiver est un moment opportun pour faire le point sur l'état des prairies et évaluer le couvert végétal : espèces présentes, lacunes dans le peuplement végétal (entrées de parcelles, abords des râteliers et des abreuvoirs…), éventuelles mousses ou matière organique résiduelle en surface... Des interventions mécaniques permettront alors de remettre en état les prairies qui le nécessitent. L'époque d’intervention du matériel type d’entretien des prairies se situe en effet à la sortie de l’hiver, sur des prairies rases et suffisamment ressuyées pour ne pas marquer le sol par le passage du tracteur.

Intervenir en conditions ressuyées

Plutôt que de favoriser le redémarrage printanier, ces opérations s’inscrivent dans une gestion plus large de l’alimentation du troupeau. Ainsi l'étaupinage permet de préserver les couteaux de la faucheuse et de réduire les risques de contamination du fourrage par des projections de terre lors du fanage. L’ébousage, qui consiste à disperser les bouses, améliorer la productivité de la prairie, en homogénéisant la pousse de l’herbe, et en répartissant les éléments fertilisants contenus dans les déjections.

Le passage d'outils à dent permet en théorie de briser la croûte de surface. Il facilite l’aération du sol et permet de mélanger la matière organique à la terre. Idéalement on facilite le redémarrage de la vie microbienne et on accélère la décomposition de la matière organique et sa minéralisation. Si certaines pratiques peuvent permettre de prévenir la dégradation du couvert, voire d’y remédier, il faut néanmoins être prudent sur leur mise en œuvre : leur efficacité n’est pas systématique, et appliquées dans de mauvaises conditions ou avec un matériel inadapté, elles peuvent faire plus de mal que de bien, comme l’ont démontré des études pluriannuelles conduites par Arvalis-Institut du végétal dans plusieurs régions française, études portant notamment sur l’intérêt du hersage. « L’association ébousage-hersage peut entraîner un griffage agressif nuisible aux espèces fourragères sensibles telles que le ray grass », alertent par exemple les techniciens responsables d’une étude normande. Plus proche de chez nous, en Lorraine, les essais menés par ARVALIS sur sa station expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre pointent l’absence d’effets positifs du passage d’outils destinés à aérer les prairies. Ils peuvent même, pour les plus agressifs, générer des chutes de production allant jusqu’à 30 % du témoin. « L’impact sur la flore est généralement défavorable avec un développement de plantes diverses (chardons, mousses…) », mettait alors en garde Didier Deleau.

Faciliter la circulation de l’air et de l’eau

La plupart des constructeurs proposent des matériels qui combinent les différentes actions mécaniques sous la forme d’ébouseuse-étaupineuse-émousseuse. Cet engin tiré va exercer plusieurs actions complémentaires qui favoriseront la productivité de la prairie. L’émoussage qui consiste à griffer la surface du sol est réalisé par une rangée de dents ou de peignes situés à l’arrière du matériel. L’élimination mécanique des mousses se conjugue avec la prévention de leur réapparition en améliorant la circulation de l’eau. Cette scarification de la surface favorise également le tallage des graminées et aère le sol. Enfin, on éclate les derniers blocs de fumier ou de compost. Les opérations d’entretien de prairies ont aussi des conséquences sur la composition de la flore : positivement avec l’élimination d’adventices telles que l’agrostis ou le pâturin au profit des plantes nutritives, ou encore en favorisant le développement du trèfle en lui procurant davantage de lumière. Mais hélas aussi parfois négativement en favorisant la levée de plantes de piètre intérêt fourrager…

Sur l’ébouseuse classique, certains constructeurs ont réalisé des ajouts et des adaptations, de manière à répondre à certains besoins spécifiques. Citons par exemple les lames capables de pénétrer jusqu’à 8-10 cm de profondeur, et de décompacter ainsi les prairies tassées par les ruminants. D’autres ont opté pour des couteaux mobiles, entraînés par la prise de force. Enfin, citons les matériels de type herse-étrille, qui sont de plus en plus prisés par les éleveurs pour régénérer les prairies, en raison de leur polyvalence, de leur coût modique et de leur vitesse d’avancement importante.

Entretien des parcs

La fin de l'hiver est aussi propice à l’entretien des parcs. C'est le moment de vérifier les clôtures, d'élaguer les haies (avant la période de nidation des oiseaux), d'éventuellement revoir le découpage des parcelles pour améliorer la gestion du pâturage. On en profitera aussi pour réaliser l'aménagement de points d’eau, ainsi que les travaux d'adduction d’eau, et éventuellement la stabilisation de chemins empruntés par les animaux.

AC

L’arasement des taupinières en fin d’hiver évite de récolter de la terre avec les fourrages : la terre contient en effet de nombreux germes telluriques pathogènes pour l’homme et le bétail.