Fourrages
Premières fauches de foin : un printemps compliqué !

Quelques beaux jours d’anticyclone ont permis de réaliser les premières fauches de foin en plaine et sur le Premier Plateau, venant souvent en concurrence avec les semis de maïs et soja.

Premières fauches de foin : un printemps compliqué !
En plaine, les éleveurs en lait à comté ont fait le choix de valoriser l’herbe en priorité.

Après quelques fauches en avril, les premières vraies récoltes de foin ont eu lieu le 9 mai en plaine et jusqu’au Premier Plateau vers Champagnole. L’absence de pluie et un pic de chaleur durant le week-end de l’Ascension ont permis de faucher quelques parcelles et sécher rapidement l’herbe, même pour les exploitations qui ne disposent pas de séchage en grange.

« À la suite des épisodes frais et pluvieux, la hausse des températures a contribué à l’accélération des croissances d’herbe. Les stades montaison et épiaison s’accélèrent avec le risque d’être débordé », annonçait Eva Jura dans son flash Météo de l’herbe du 7 mai.

Lucie Chevassus d’Eva Jura confirme que le stade épiaison était atteint en plaine lors des premières coupes, ce qui laisse présager des foins de moindre qualité. « On commence à avoir des valeurs qui se dégradent. » Sur le Premier Plateau, le stade était bon.

Foins ou semis : un choix à faire

Tous les éleveurs n’ont pas pu faire les foins. Beaucoup ont choisi de semer les maïs ou le soja.

Jérémy Lavrut, en Gaec à Foucherans en lait standard, a surtout profité de ce créneau de beau temps pour semer du maïs et l’ensemble des sojas. « Nous avons également pu faire nos enrubannés en ray-grass artificiels. Pour le reste, nous n’avons pas pu entrer dans toutes les parcelles : la météo était favorable, mais les sols trop humides. » Pour l’éleveur le pâturage est « compliqué cette année, soit avec des grandes herbes que les vaches ne mangeaient pas, soit avec des sols matraqués ». Dans les bâtiments, le paillage se fait comme en hiver. Pour la valeur de l’herbe, l’éleveur n’a pas fait d’analyses mais il pense qu’« elle manque de réponse sur la qualité ».

Toujours en plaine, Anthony Charpiot en Gaec lait à comté bio, a fait le choix de valoriser l’herbe en priorité, fauchant environ 25 ha de foin. « Nous avons visité toutes nos parcelles et nous avons visé les plus séchantes sur des monts. Certaines en limons et en contrebas étaient gorgées d’eau. Nous sommes en prairies naturelles, en bottes rondes sans séchage mais l’herbe fauchée a pu bien sécher. C’était quand même très tendu au niveau temps disponible. »,admet l’éleveur qui exploite sur Champvans. Habituellement, il gère ses parcelles en pâturage dynamique d’un hectare pour 55 vaches laitières et par jour. Impossible cette année dans des parcelles humides. « On s’adapte. On pâture dans des limons drainant et on fait le choix de laisser monter l’herbe et de faucher les refus. Ce n’est pas l’idéal. » Prochain objectif : semer soja et maïs dès qu’une fenêtre de beau temps se dessinera. « En bio nous avons besoin que le temps soit poussant pour éviter que l’herbe et les ravageurs prennent le dessus. »

Thierry Vallet à Chamole sur le Premier Plateau a pu faucher une dizaine d’hectares de foin ce week-end, soit 10 % de la surface. « Les stades sont bons, même les parcelles les plus précoces n’étaient pas épiées. L’année était pourtant en avance mais le froid d’avril a bien ralenti la progression. Avec le temps chaud qui revient et l’humidité, cela peut très vite tourner… », remarque l’éleveur qui est en lait à comté. Du côté des pâturages, ce début de saison a posé problème. « Nous avons quand même abîmé des prairies et les bêtes n’étaient pas bien. » La production laitière, elle, est « un peu meilleure que l’an dernier ».

Ration au jour le jour

« La croissance de l’herbe est en augmentation, de la zone de plaine jusqu’en montagne, mais le pâturage est compliqué à gérer quelle que soit l’altitude », note Lucie Chevassus.

En plaine, même si l’herbe a pu être valorisée en tout début de saison, la portance des sols a été un facteur limitant.

Sur le Premier Plateau et en montagne, le premier pic de croissance de l’herbe a eu lieu autour du 10 avril, suivi par une alternance de froid avec le retour de la neige et un deuxième pic de chaleur ce week-end, puis à nouveau des précipitations.

Conséquences : le printemps a nécessité une adaptation des rations dans toutes les zones du département. « Certains éleveurs sont revenus en ration d’hiver pendant les semaines de pluie. Ils ont dû modifier la complémentation demi-semaine par demi-semaine ! »

La valeur de l’herbe

Le taux d’urée est peu élevé ce printemps en production laitière à cause de la qualité de l’herbe moins riche en azote et des quantités d’herbe moindres dans les rations.

« Aujourd’hui, les vaches produisent 26 kg de lait et sont complémentées avec 3,5 kg de foin 800 g de tourteaux 38 et une VL 16 % de MAT. Avec tout cela, le taux d’urée reste aux alentours de 175 g/kg de lait », témoigne David Petitjean, éleveur à Vercel (25) dans le flash Météo de l’herbe régional.

« Le coup de gel survenu en avril a également impacté quelques fétuques et ray-grass jusqu’en plaine, ce qui a sans doute pénalisé la valeur alimentaire et l’ingestion au pâturage », signale Lucie Chevassus, s’appuyant sur les relevés de François Dubief d’Eva Jura.

La valeur de ces premières coupes sera connue dans environ un mois car il faut attendre que le foin se stabilise avant de procéder aux analyses.

Prochain créneau

Le prochain créneau de beau temps semble assez lointain, peut-être autour du 23 mai. En plaine, les éleveurs risquent d’être débordé par l’herbe. Ailleurs pas d’urgence. « Pour nous c’est une première de faire les foins le 8-10 mai. D’habitude nous ne fauchons rien avant le 15 mai », confirme Thierry Vallet de Chamole.

L’optimisme reste de mise. « L’année est compliquée mais pour l’instant on s’en sort », conclut Jérémy Lavrut.

IR