Comté
Trois questions à Alain Mathieu, président du CIGC

Le CIGC a tenu son assemblée générale vendredi 2 juin. Pour l’occasion, le président Alain revient sur la légère baisse actuelle des ventes due à la conjoncture et évoque les futures règles de régulation de l’offre qui s’appliqueront l’an prochain.

Trois questions à Alain Mathieu, président du CIGC
Pour Alain Mathieu, président du CIGC le Comté est « à la fin d’un cycle de croissance en volume ».

1.       Jura agricole et rural : Alors que l’inflation touche le pouvoir d’achat des consommateurs, comment se porte le comté dans la conjoncture actuelle ?

La conjoncture actuelle, ce n’est un secret pour personne, est particulièrement morose. Guerre en Ukraine, mouvement sociaux, inflation sur tous les produits sont autant d’éléments qui pèsent sur le moral des ménages. Ceux-ci font des arbitrages notamment sur les produits alimentaires. Ainsi, le rayon fromage est particulièrement impacté avec par exemple, un recul de – 4,3 % des ventes au rayon libre-service des GMS d’emmental sur 12 mois à fin mars 2023 par rapport à la même période avant covid. Les ventes de produits biologiques s’effondrent également ces derniers mois. Le Comté n’échappe pas à cette conjoncture, et avec un recul de – 1,1 % sur les 12 derniers mois, résiste plutôt bien. Cependant, le niveau de production et de stock reste élevé à l’approche de l’été. C’est ce qui a conduit l’interprofession à fixer le cliquet de début de campagne à – 2%. Parallèlement, pour augmenter les ventes, le CIGC a décidé de réaliser en ce moment une campagne de publicité à la radio. Nous resterons très attentifs à l’évolution de la conjoncture dans les prochaines semaines, notamment dans la perspective de la modulation de septembre. Il nous faudra alors soit confirmer cette modulation, soit aller encore plus loin dans la régulation, à moins que la conjoncture s’inverse de manière significative d’ici là. C’est bien ce que nous espérons tous. Il faut malgré tout rester lucide.

2.       JAR : Le CIGC travaille actuellement à l’élaboration du futur règlement de régulation de l’offre des plaques vertes de comté pour les trois prochaines campagnes à compter du 1er avril 2024. Quelles tendances actuelles se dégagent ? Faut-il s’inquiéter pour le développement de la filière à l’avenir ?

Les discussions qui s’engagent doivent prendre en compte plusieurs paramètres. En premier lieu, il y a l’adéquation entre l’offre et la demande. C’est bien là, le rôle premier des règles de régulation de l’offre. En la matière, la prudence est de mise car nul ne peut prédire l’avenir et encore moins aujourd’hui compte tenu de la conjoncture. Il nous faut aussi prendre en compte les équilibres entre les filières AOP du Massif. En effet, compte tenu de la ressource laitière limitée, nous sommes arrivés à un stade ou le développement d’une production peut avoir des répercussions sur les autres productions. C’est une donnée qu’il faut avoir en tête. Il ne faut pas oublier que conforter les ateliers les plus fragiles ou accueillir de nouveaux entrants ont toujours fait parti de la politique de la filière Comté. 

Enfin, il faut aussi tenir compte du niveau actuel de production, des stocks et du niveau des références Comté accordées au cours de ces dernières campagnes. 

Une chose est certaine. Nous sommes à la fin d’un cycle de croissance en volume. Il nous faut raisonner différemment et sans doute changer notre approche. Une constante demeure si nous voulons que les consommateurs nous soient toujours fidèles : travailler toujours et encore la qualité de nos Comté.

3.       JAR : Le Tour de France cycliste arrivera à Poligny, capitale du comté, le 21 juillet après une étape 100% jurassienne. En quoi ce type d’évènement est une opportunité de communiquer pour la filière ?

Pour un département, accueillir le tour de France est toujours un évènement. Et ce, encore plus lorsque l’étape s’y déroule intégralement. Nous nous réjouissons donc de ce « 100% made in Jura » ! Cela sera une bonne opportunité de mettre en avant l’agriculture et la viticulture jurassienne avec ses nombreuses productions et mettre à l’honneur nos beaux paysages. Le Comté sera aussi présent avec des animations tout au long du parcours, notamment dans les fruitières et en particulier à Ivory avec nos collègues des autres AOP et les organisations agricoles autour de la grande fresque. L’arrivée étant à Poligny, nous serons aussi présents dans le village des partenaires à proximité de la ligne d’arrivée.

Claude Vermot Desroches – ancien président du CIGC – fait commandeur dans l’ordre du Mérite Agricole.

C’est à l’issue de l’Assemblée générale du CIGC le 2 juin dernier que Claude Vermot Desroches, ancien président du CIGC s’est vu remettre les insignes de commandeur dans l’ordre du Mérite Agricole des mains d’André Valadier, ancien président de l’AOP Laguiole, ancien président de l’INAO, mais surtout ardent défenseurs des AOP et du monde rural, sans qui, le plateau de l’Aubrac aurait un tout autre visage. Cette distinction vient saluer près de 50 ans d’engagement sans faille de Claude Vermot Desroches au service du collectif et des fromages sous signe de qualité, tant au CIGC, qu’à Paris au sein du Comité National des Appellation d’Origine Laitière (CNAOL) ou à l’INAO, ou encore à Bruxelles ou Genève dans le cadre du réseau oriGin qu’il a présidé. « C’est grâce à des hommes comme vous, Claude, monsieur Valadier, mais aussi à vos compagnons de route, vous qui avez su animer des structures collectives dans l’intérêt général, que nos AOP sont ce qu’elles sont aujourd’hui et que leurs membres en sont fiers » déclaré Alain Mathieu en préambule de la cérémonie devant Claude Vermot Desroches, Véronique son épouse et les membres de sa famille particulièrement émus.

Claude Vermot Desroches et son épouse, aux côtés d’Alain Mathieu et d’André Valadier