Patrimoine
La ferme du Sougey : pôle culturel de la Bresse et ferme vivante

Découverte de la ferme du Sougey, l’une des plus anciennes et plus belles demeures de Bresse, dont le site de 35 ha a une vocation agricole, culturelle et touristique. Visite guidée.

La ferme du Sougey : pôle culturel de la Bresse et ferme vivante
Une ferme historique qui se veut aujourd’hui une ferme « vivante ». Un site à vocation agricole, culturelle et touristique.

Maria Favier est une figure légendaire de la Bresse. Plus connue sous le nom de « la Conteuse du Sougey », elle naît en 1911 à Saint-Jean-sur-Reyssouze. A la mort de ses parents, elle hérite alors avec son frère de la ferme du Sougey et ses 35 hectares ; demeure d’exception, qu’elle habitera jusqu’à sa mort. « C’est l’une des plus anciennes demeures de Bresse… Une expertise de datation par dendrochronologie a permis de situer tous les bois du corps de logis aux environs de l’an 1460, c’est-à-dire un peu après la fin de la guerre de cent ans, à une époque où la Bresse n’était pas encore française, mais propriété du Saint Empire romain germanique. C’est aussi l’une des plus belles. La cheminée a été classée monument historique en 1925 et l’ensemble du bâti en 1945 », explique Marcelle Pochon, présidente de l’association Les amis du Sougey et de la Bresse (association créée en 2003, aussitôt après l’acquisition des bâtiments de la ferme par le Département et des terres agricoles par la Communauté de communes, prairies et bâtiments d’élevage étant aujourd’hui propriétés de Grand Bourg Agglomération).

La pièce principale, sombre mais réchauffée par le vaste foyer de la cheminée sarrasine, chauffage dit « foyer chauffant au large ».

L’association, composé d’un conseil d’administration de 21 personnes passionnées par la sauvegarde de ce patrimoine exceptionnel, regroupe aujourd’hui une cinquantaine de bénévoles qui ont travaillé au débroussaillage, nettoyage et entretien de la ferme pour la présenter au public. Son objectif : en faire une ferme « vivante » ouverte au public, en proposant des promenades sur le domaine, repas, veillées de contes, soirées musicales et/ou théâtrales, expositions, débats, conférences…

Des chantiers de rénovation de grande ampleur

« Nous avons ici trois bâtiments. La maison, qui date de 1460, avec sa cheminée sarrasine, trois chambres, dont celle de Maria Favier qu’elle habitera jusqu’en l’an 2000 année de son décès, et la cuisine ; la grange, qui a été restaurée en 2021, destinées à accueillir des expositions, conférences et rencontres ; et le four », explique Marcelle Pochon. Et de préciser : « Nous sommes devenus une association de sauvegarde du patrimoine par la force des choses. D’où l’idée d’organiser des spectacles de son et lumière. Nous avons été reconnus comme le plus grand son et lumière de la région Rhône-Alpes en 2013, avec comme metteur en scène Xavier Arlot ».

Marcelle Pochon, présidente de l’association Les amis du Sougey et de la Bresse, dans la grange, restaurée en 2021, destinée à accueillir expositions, conférences et rencontres.

Les rénovations se sont multipliées au fil des décennies grâce aux recettes de ces spectacles qui attirent en moyenne 10 000 visiteurs. En 2005 : le four ; en 2008 : rénovation de la toiture de la maison ; 2010 : réfection du toit de la grange ; 2013 : portes, fenêtres et planchers ; 2016 : murs de la grange (en clayonnage) ; 2020/2021 : intérieur de la grange, façades de la maison d’habitation, chemins d’accès avec parking et accès aux personnes à mobilité réduite. En 2020, l’association obtiendra une subvention du loto du patrimoine (mission confiée à Stéphane Bern) de 115 000 €, ainsi qu’une subvention de la Région (Direction régionale des affaires culturelles) et du Département.  

Des Jardins bio pour une sortie positive vers l’emploi

La ferme du Sougey, abrite également les Jardins Bio des Pays de l’Ain (deux jardins, avec celui de Villars-les-Dombes, chantiers de réinsertion gérés par l’association Tremplin). Au Sougey, les Jardins bio appartiennent à Grand Bourg Agglomération. Soit 2,5 ha de cultures et 2 000 m² de serres. Au total, près d’une trentaine de variétés de légumes, cultivés par une douzaine de personnes, accompagnés par des conseillés en insertion professionnelle, pour « une sortie positive vers l’emploi ». La production est vendue sous forme de paniers, sur le site, ainsi que sur le marché de Tremplin, qui se tient tous les jeudis au siège social de Bourg-en-Bresse, ou encore dans des magasins bio (Montrevel, Mâcon), à des collèges, etc. Les légumes partent également à la cuisine centrale de Tremplin qui confectionne des repas et des bocaux (avec un projet de transformation de légumes pour les collectivités du territoire, dans une démarche éthique de circuit court).

Patricia Flochon

L’élevage de volaille de Bresse relancé au Sougey

Propriétaire des prairies et bâtiments d’élevage au Sougey, Grand Bourg Agglomération a une double ambition : donner une vocation agricole au lieu avec un élevage de volailles de Bresse, et en faire une vitrine de la filière AOP, avec ouverture au public (animations et visites). Associée au CIVB (Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse) ainsi qu’au centre de sélection de Béchanne, l’Agglomération a lancé un appel à candidature afin de trouver un nouvel exploitant. C’est finalement une éleveuse qui a été retenue. Gaëlle Dimberton, originaire d’Etrez, qui travaillait jusqu’alors en tant qu’éducatrice spécialisée ainsi qu’à mi-temps sur l’exploitation de son mari, lui-même éleveur de volailles de Bresse à Montrevel-en-Bresse. Au Sougey, sur l’exploitation de 23 ha d’un seul tenant, parcellaire idéal pour l’élevage, elle a commencé en juillet, avec la mise en place de 2 800 poulets. Son objectif : produire entre 10 000 et 12 000 volailles de Bresse l’an prochain. Très motivée, l’éleveuse communique sa passion et son envie : « J’avais envie de changement et l’idée me trottait dans la tête de faire de l’accueil à la ferme. L’idée étant de travailler en synergie avec les Jardins biologiques et la belle dynamique sur le site historique. Que les gens sachent ce qu’ils mangent, qu’ils découvrent l’alimentation des volailles. 

P.F.