Développement
Optimiser l’agriculture et les territoires

Le 20 octobre la chambre d'agriculture du Jura a présenté la restitution du projet OPTIMISER à la salle des fêtes de Bletterans.

Optimiser l’agriculture et les territoires
Avant de devenir des friches, la vallée de la Vallière était cultivée comme le montrent ces vues aériennes de Conliège des années 1950 et de 2020 (Photo IGN 2021)

Financé par le programme leader (fonds européens qui accompagnent les territoires ruraux à réaliser des projets de développement innovants et partenariaux) et le conseil départemental, le but premier du projet OPTIMISER, initié en 2020, est de dynamiser le tissu agricole local « en optimisant les ressources et potentiels du territoire pour développer la production alimentaire locale et les services rendus par l'agriculture sur le pays lédonien ».

Le but était de renforcer le dialogue entre agriculteurs, collectivités locales, EPCI et habitants pour réaliser des tests et élaborer des méthodes reproductives sur d’autres secteurs. Des représentants de différents territoires étaient à ce titre conviés à cette journée de restitution. Afin d’avoir une vision la plus globale possible, des universitaires ont apporté leur regard extérieur sur ces projets et une compagnie de théâtre est intervenue pour faire réagir les habitants.

Partenariats gagnant/gagnant

Pour maximiser le potentiel du pays lédonien en mettant en valeur l'agriculture, à travers l'alimentation locale et l'offre culturelle, trois axes ont été travaillés sur trois espaces tests : la revalorisation des friches sur les versants de la vallée de la Vallière, le renouvellement des générations avec la communauté de communes Bresse Haute-Seille et le développement de l’agritourisme avec Terre d’Emeraude communauté de communes. Pour aider les producteurs à commercialiser leurs produits lors des confinements dus à la crise sanitaire, une quatrième action a été mise en place.

De ces travaux, trois conditions fondamentales ont été identifiées pour la réussite de tels projets : l’amélioration de l’interconnaissance entre les acteurs par un dialogue territorial animé, la mise en réseau avec des partenariats gagnant/gagnant et la co-construction de solutions innovantes en s’appuyant sur des collectifs.

S.C.

Jérome Lamonica, chef de projet et une partie des 9 conseillers de la chambre mobilisés sur le projet

L'agritourisme

Terre d’Emeraude communauté couvre un territoire reconnu pour sa spécificité rural et ses atouts touristiques grâce à sa nature préservée et sa diversité de paysage. Cette attractivité se concentre dans la zone des lacs, délaissant les secteurs plus ruraux. La communauté de communes et la chambre d'agriculture ont souhaité définir le potentiel touristique de l’ensemble du territoire et son lien avec l'agriculture présente afin de favoriser la mise en relation entre ces deux secteurs d’activité en vue de développer des projets agritouristiques.

Acteurs agricoles et touristiques ont participé à un atelier de travail avec l’objectif d’initier une démarche collective et d’inciter leur mise en réseau. Un outil méthodologique a été créé afin d'évaluer le potentiel agritouristique des exploitations. Cette grille d'évaluation, appelée « Note d’opportunité » permet de guider la réflexion des agriculteurs et de les orienter vers un éventuel projet prenant en compte leurs envies et les atouts de leurs exploitations. Elle a été complétée par des fiches de présentation de l'offre touristique existante. Les acteurs et initiatives existants ont été recensés pour étayer ce rapport d’exemples et de propositions. Pour finir, sept étudiants stagiaires de l'université Lumière de Lyon 2 ont réalisé un film sur le territoire.

Il existe un réel intérêt pour les petites unités agricoles de développer des activités agritouristiques : cette association garantit une activité économique viable et pérenne, ne serait-ce que pour la vente de leur production. S'engager dans cette voie sous-entend un investissement personnel important et nécessité des qualités et des compétences d'accueil et de gestion non-négligeables. Des investissements financiers et techniques sont également requis.

Selon les sept étudiants lyonnais ayant participé à ce projet, Terre d’Emeraude Communauté a un fort potentiel pour développer l’agritourisme

Le renouvellement des générations

Le territoire de Bresse Haute-Seille doit relever le même défi que l'ensemble de l'agriculture française : le renouvellement des générations. 40% des agriculteurs qui ont plus de 55 ans partiront à la retraite d'ici 2030. La chambre d'agriculture du Jura s'est donc rapprochée de la communauté de communes afin de travailler conjointement sur une stratégie territoriale autour de la transmission agricole. L’objectif est d'assurer la reprise en trouvant un équilibre entre maintien des filières fortes et développement de production diversifié tout en prenant en compte les enjeux sociétaux et environnementaux et en préservant les paysages. Cette démarche s'inscrit en complémentarité du PAT et du plan paysager initiés sur le territoire.

Un diagnostique agraire a été réalisé par une stagiaire ingénieur d’Agro Paris Tech à travers une cinquantaine d’entretiens dont 20 avec des retraités. Le système agraire observé est le fruit d'une différenciation des systèmes de production au cours de l'histoire, en fonction du milieu, du statut social de l'exploitant et de l'évolution des prix et des aides PAC La diversification. La diversification permet de répartir les risques et d'augmenter la valeur ajoutée et le nombre d'actifs agricoles par hectare.

L'expression des habitants a été favorisée grâce à une soirée théâtre forum ou des comédiens invitaient le public à monter sur scène pour faire évoluer le débat. Une démarche participative a été menée par 34 habitants du territoire, avec le concours de la com-com, de la chambre d’agriculture et des JA, afin d'imaginer l'agriculture de demain (dans 10 ans) et ses enjeux : changement climatique, alimentation locale, transition énergétique...

Après étude du potentiel du territoire, les exploitants de plus de 50 ans ont ensuite été enquêtés lors d’entretiens individuels pour identifier les exploitations à transmettre lors des prochaines années. Selon eux, la clef d’une transmission réussie réside en un outil de production en bon état, une structure petite ou moyenne au coût accessible et un chiffre d’affaires conforté par les circuits courts.

Lors du théâtre débat, les comédiens ont invité les spectateurs à monter sur scène pour qu’ils s’expriment sur le renouvellement des générations en agriculture

Le défrichement

La fermeture des paysages et l’enfrichement de la vallée de la Vallière sont flagrants lors de la comparaison de photos aériennes anciennes est actuelles : la forêt gagne du terrain sur des terres qui autrefois étaient des prés, des vignes ou des vergers. Au préalable du projet optimiser, l’association de défense de la vallée a réalisé quatre études portant sur l’aspect environnemental, les ressources forestières, la capacité agronomique du sol et le pastoralisme. Pour étudier la possibilité de remettre une activité durable sur ces terrains, une convention a ensuite était signée entre l’association, la chambre d’Agriculture et les communes de Perrigny, Conliège, Montaigu et Revigny. L’objectif était de rouvrir les paysages grâce à des projets agricoles viables, respectueux de l’environnement et résilients face au changement climatique.

Une étude documentaire a permis d’analyser plusieurs expériences similaires récentes dans différentes régions françaises.  Un atelier sur le foncier, réalisé en mai 2021, a permis de définir les différents outils mobilisables pour valoriser les friches. La seconde étape fut l’organisation d’une réunion collective avec les agriculteurs encore implantés sur le secteur. Les problèmes de dessertes des secteurs à rouvrir y ont été mis en exergue. La chambre d’agriculture a ensuite rencontré 13 porteurs de projets lors de réunions individuelles.

En croisant les différentes informations obtenues, une cartographie pour identifier les secteurs à défricher en priorité a été réalisée en prenant en compte leur accessibilité, leur topographie, leur valeur agronomique, l’accès à l’eau et la continuité avec des parcelles exploitées actuellement. Seules les parcelles dont l’enfrichement est inférieur à 30 ans ont été retenues car au-delà, elles sont officiellement classées en forêt et nécessitent des autorisations spécifiques pour être défrichées.

Une dernière série de rencontres, dans chaque commune concernée a réuni les élus municipaux, les agriculteurs et les habitants pour présenter un bilan des différentes études réalisées et cibler un ou plusieurs secteurs d’intérêts grâce aux cartes réalisées. A Revigny, sur les cinq secteurs prioritaires définis, deux ont été retenus. Cette étape est actuellement en cours et ne sera achevée qu’une fois des opportunités foncières concrètes auront été identifiées.

Les chiffres clefs du projet OPTIMISER

9 conseillers de la chambre d’Agriculture mobilisés

7 étudiants de l’Université Lyon 2

1 stagiaire AgroParisTech

4 comédiens de la compagnie Force Nez

13 comités de pilotage et 7 comités techniques

40 points techniques

142 entretiens individuels

126 participants aux animations collectives